Post Numéro: 7 de juin1944 16 Oct 2008, 19:14
voici une partie du témoignage que j'ai recueilli auprès d'Edouard Podyma, vétéran Polonais de la 1ère DB sur le passage des unités polonaises rapatriées en France en juin 1940 et de tous ces polonais vivant en France, mobilisés dans l'armée de leur pays
On m’avait affecté à la 3ème division d’infanterie polonaise, je ne me suis pas posé de questions, je suis parti avec ma valise à la main. A cette époque, vous savez, on vous inculquait très jeune le sens du devoir, mes parents n’auraient jamais admis que je refuse de partir, c’est ce que j’ai donc fait. J’ai réussi à rejoindre Caen en autostop, malgré le peu d’automobiles qui circulaient alors, puis j’ai pris le train pour Rennes. Il était bondé de gens qui fuyaient la guerre et il ne restait plus une seule place de libre, j’en ai finalement déniché une dans un wagon à bagages, sans le moindre siège et lui aussi surchargé. C’est ainsi que nous sommes arrivés jusqu’à Rennes, dernière étape avant le camp de Coetquidan où étaient rassemblés des soldats Polonais ; il y a eu d’autres endroits regroupant mes compatriotes comme les camps de Parthenay et Orange. Finalement, je ne suis resté que deux jours à Coëtquidan, les installations étaient trop petites ! la bas, on m’a habillé d’une drôle de manière : j’ai reçu un pantalon réglementaire et un chandail, au lieu de la capote Française ! tout le monde était habillé à l’identique, sauf moi. C’est d’ailleurs dans cette tenue que je devais arriver en Angleterre un peu plus tard !. Notre paquetage était le même que celui des soldats Français à l’exception du casque Adrian sur lequel était fixé notre aigle Polonais «
De Coetquidan, j’ai rejoint Guer avec ma colonne, puis Redon, Pontchateau, St Nazaire, tout cela à pied bien évidemment et généralement de nuit. Nous n’avions absolument plus rien à boire ni à manger. Il est difficile d’imaginer ce que cela veut dire lorsque de surcroît on vous demande de marcher par tranches de 40 kms d’une seule traite. En bordure de la route que nous suivions, je me souviens avoir aperçu une grande bassine d’eau, je suis me jeté dessus, avant d’être pris de hauts le cœur , c’était de l’eau de lessive ! Nous n’avions plus d’armes ni de bagages, l’armée allemande n’était plus très loin, nous les avions aux trousses. De ce fait, nous nous sommes allégés au maximum. J’étais mitrailleur, mais j’ai jeté mon arme dans un fossé, mon camarade en a fait de même avec ses boites de munitions. Comble du comble, les chaussures neuves qui m’avaient été remises à Coëtquidan ne m’allaient pas du tout, j’ai du les retirer et faire tout le trajet pieds nus, c’était vraiment la débâcle ! Entre Rennes et Redon, un officier nous avait d’ailleurs rassemblé en nous expliquant la situation, à savoir que tout était fichu et que nous pouvions décider nous même de notre destin, que nous étions libres de rentrer chez nous. Mais il n’était pas question pour moi de rentrer, si c’était pour finir dans un Stalag, alors nous avons continué en tentant de nous embarquer a St Nazaire ,sans succès ; il n’y avait plus un seul bateau pour nous accueillir. Finalement, c’est au Croizic que nous avons pu monter à bord d’un torpilleur Anglais. Nous étions le 20 juin 1940 et depuis le 18 les allemands étaient à Rennes. Nous avions eu chaud !. Le voyage vers l’Angleterre s’est déroulé sans encombre, malgré la présence permanente des U-Boot. Le lendemain, nous étions à Plymouth