TRISTE NOUVELLE pour commencer
J’apprends aujourd’hui le décès de Jacques Delarue survenu le 14 septembre
dernier.
Ce policier de devoir qui avait comme tel commencé sa carrière au GMR
Limousin et avait été emprisonné comme résistant, avant de participer à des
missions aussi diverses que la recherche des criminels de guerre ou la
mission dirigée par Michel Hacq en Algérie contre l’OAS, aura été à la fois un
témoin, un acteur (L’OAS contre De Gaulle , Fayard, 1981) et, ce qui nous
importe avant tout, un historien dont l’honnêteté et la lucidité nous
manqueront.
Toujours pillés, rarement cités, ses deux ouvrages pionniers Histoire de la Gestapo
(Fayard, 1962, réédition en format de poche en 2011 par Nouveau Monde
éditions) et Trafics et crimes sous l’Occupation (Fayard, 1968) sans cesse
réédités, traduits dans de nombreuses langues, ont ouvert la voie et restent
des ouvrages de référence vers un travail plus que jamais nécessaire et un
chantier immense sur une période particulièrement trouble et propice à tous
les retournements, même les plus improbables (ce n’est pas pour rien que J.
Delarue avait été le conseiller de Louis Malle pour Lacombe Lucien).
Aujourd’hui, l’ouverture des archives (mais J . Delarue avait pu en consulter
beaucoup en sa qualité de policier) appelle de nouvelles études qui
permettront d’approfondir, nuancer un travail d’une très grande richesse. Le
meilleur moyen d’honorer la mémoire de Jacques Delarue.
Je garde pour ma part le souvenir de quelques visites dans son modeste appartement du Pecq, de sa fidélité tranquille aux époux Aubrac quand tant d'autres hurlaient avec les loups, de son aide pour un petit travail relatif à Paul Touvier http://delpla.org/article.php3?id_article=66 et de son guidage dans le maquis de l'OAS pour mon livre (coécrit avec Jacques Baumel) sur la guerre d'Algérie.