Je ne surprendrais personne en écrivant que les ports revêtent, en temps de guerres, une grande importance tactique et stratégique : mouillage des navires militaires, embarquement des troupes, des denrées, de matériels, d’armes et munitions, réception des blessés...
L’augmentation de la demande en approvisionnement est telle que les navires militaires ne suffisent plus et les belligérants réquisitionnent des navires civils. C’est le cas, pour ne citer qu’un exemple connu, du paquebot français Normandie, rebaptisé Lafayette en 1941 et affecté au port de new York pour le transport de troupes.
Cet accroissement du trafic et la nature même de certaines cargaisons (explosifs, munitions, armes…) s’accompagnent d’un accroissement des risques d’incendie et d’explosions. En 1917, au plus fort de la Première guerre mondiale, un cargo français, bourré d’explosifs entre en collision avec un navire norvégien dans le port d’Halifax au Canada, Nouvelle Ecosse. Halifax était le point de ralliement Nord-américain des navires et de formation de convois escortés vers l’Europe (l’Angleterre en particulier).
S’ensuivit un incendie à bord du cargo français (le Mont-Blanc) puis se produisit la plus importante explosion non naturelle pré-nucléaire de l’Histoire. On déplora plus de 2 000 morts, des milliers de blessés sans parler des dégats matériels...
Ainsi pendant les deux conflits mondiaux, les ports maritimes et les ports intérieurs américains passent sous le contrôle des gardes côtes, commandés dans chaque port par un officier désigné COTP (commandant of the port). Il a en charge la sureté et la sécurité, dont la sécurité incendie, en coopération avec les pompiers civils et les autorités locales.
La tâche est immense. Des réservistes sont rappelés, formés pendant 6 semaines au Fort Mac Henry à Baltimore, Maryland.
Des navires civils sont réquisitionnés et convertis grâce à un équipement de lutte contre les incendies (voir mon post sur ce forum :Bateau-pompe américian
Un ambitieux (et urgent !) programme de construction de bateaux-pompes est lancé :
- 103 bateaux-pompes de 30 pieds,
- 29 de 40 pieds destinés à la Côte Est,
- 13 barges de 50 pieds destinés aux Grands Lacs (donc ports intérieurs),
- 4 barges de 60 pieds destinés à la Côte Ouest.
Ces navires et barges d’intervention sont donc d’une relative petite taille et pas très rapides (le plus rapide n’excède pas 10 nœuds) : Ils seront donc positionnés au plus près des zones à risques.
Tous équipés de canons à eau (les lances « Monitor ») et de pompes d’un débit de 500 gallons par minute.
Ils seront systématiquement présents lors des chargements de munitions (ou déchargements), répondront à tous les départs de feu détectés par les vedettes de patrouille (dont le nombre a été aussi considérablement augmenté)…
Ainsi en 1944 plus de 250 bateaux-pompes sont en service dans 132 ports américains. C’est alors la plus importante flotte de ce type au monde.
A suivre…
Olivier GABRIEL
[En cours de constitution : les crash tender de la RAF et RAAF, l'incendie du Normandie, la sécurité incendie sur les grands chantiers navals allemands, les bateaux-pompes français sous l'occupation, les bateaux-pompes et le Blitz....]