François Delpla a écrit:Je pense qu'il y a un malentendu, entretenu par la logorrhéique méthode. A force de lire que je nie le caractère génocidaire de la conférence
Vous niez pourtant que le génocide ait été spécifiquement abordé au cours de la conférence de Wannsee. Selon vous, il n'y a été question que d'arrestations et de déportations.
Je vous cite :
Mais il existe un moyen, et à ma connaissance un seul , de concilier les aveux et les pudeurs de ce texte : c’est de supposer que l’information des participants à la réunion est différenciée. A coup sûr Heydrich sait de quoi il est question, puisque cette solution finale consistant à mettre les uns au travail, les autres dans des fosses communes et bientôt des crématoires, il la met en oeuvre depuis des semaines en Pologne. Probablement les autres cadres SS présents, associés de près à cette besogne, en savent autant. Mais ceux des ministères civils n’en ont nul besoin. On leur demande simplement d’arrêter et de transporter. La phrase sur « les valides » leur permet d’en subodorer davantage, aux risques et périls de leur conscience. Mais ils peuvent aussi se persuader que leur coopération ne fait pas d’eux, à coup sûr, des assassins.
Prétendre que les participants se sont limités à des causeries sur les arrestations et les déportations, ce n'est pas nier le caractère génocidaire de la conférence, peut-être ?
ou l'information d'Eichmann, on perd tout simplement de vue ce que j'ai dit.
Je cite pourtant tous vos propos dans mes messages. Cessez de nier leur existence.
A propos d'Eichmann, vous aviez écrit :
Après tout, il est possible que même certains cadres SS, et même Eichmann (mais certes pas Heydrich) aient alors ignoré l’ampleur du projet meurtrier et le rythme effréné de sa mise en oeuvre.
Lorsque j'avais exposé certains faits relatifs à la
véritable information d'Eichmann, votre version a un peu évolué :
Eichmann connaît certes, le jour de Wannsee, beaucoup de choses mais il a peut-être encore une idée assez vague sur le caractère systématique du massacre projeté, et surtout sur son rythme qui, je le rappelle, va s'accélérer en juin-juillet 42. Il peut très bien penser que la mort lente par le travail va être très majoritaire et ne pas être conscient encore de la proportion de ceux qui vont être d'emblée déclarés "invalides".
A quoi j'ai répondu :
"peut-être", "peut très bien penser"... Ce ne sont là que des spéculations.
Qui ne résistent pas à l'analyse. Car il est connu qu'Eichmann était aux premières loges. Il a assisté à une exécution de masse à Minsk au début de l’automne 1941. Un mois auparavant, il a requis l’exécution des Juifs de Serbie. Il a assisté au développement du futur camp d’extermination de Belzec. Bien avant Wannsee, Eichmann fait immanquablement partie des initiés.
Mais non ! Eichmann a beau assister à de telles exécutions, il n'aurait qu'une "idée assez vague" de ce qui est projeté !
De surcroît, si le "rythme" génocidaire s'accélère à l'été 1942, il est déjà bien amorcé. Les SS exterminent les Juifs soviétiques depuis un an. Les déportations de Juifs allemands ont commencé à l'automne 1941, et ils seront exterminés dès la fin de l'hiver et au printemps. Les camions à gaz sont entrés en service en hiver. Les Juifs polonais font également l'objet de massacres généralisés dès le printemps. C'est d'ailleurs au printemps que sont construits les camps d'extermination de Belzec (1er gagage : mars), Sobibor (1er gazage : mai) et Treblinka (1er gazage : juillet). Il faudrait donc veiller à rester prudent dans vos affirmations.
Prétendre qu'Eichmann n'était pas très au fait du projet génocidaire nazi au 20 janvier 1942 constitue une inexactitude manifeste. Quant à écrire que la machinerie du meurtre de masse s'emballe à l'été 1942, c'est me semble-t-il faire fi de ce qui précède, et de toute une année d'extermination débutée par les
Einsatzgruppen, prolongée par les camions à gaz et accélérée par les camps d'extermination.
Je mets en doute la pleine clarté du discours de Heydrich, et le fait qu'Eichmann ait été mis au courant de tout d'un seul coup. Rien de plus et rien de moins.
Arrêtez de jouer sur les mots.