I. L’objet de la conférence portait sur le génocide juif
François Delpla nie que le génocide juif ait été spécifiquement abordé à Wannsee. Ce faisant, il néglige le compte-rendu de la conférence (A). Et son hypothèse comporte ses propres limites (B).
A) Un compte-rendu limpide
La langue allemande devrait, pour suivre l’historien Gerhard Reitlinger, avoir
« soudainement perdu tout sens » si ce texte ne parle pas
de meurtre (8]. La lecture du procès-verbal dressé par Eichmann, remanié par Heydrich et Heinrich Müller (le chef
de la Gestapo), ôte en effet toute place au doute : il est bel et bien question
de génocide.
Le texte du compte-rendu évoque les déportations massives des Juifs d'Europe
« vers l'Est » (où, exactement ? Il ne le dit pas). Il différencie le sort des déportés selon qu'ils sont ou non aptes au travail forcé (1). Il témoigne d’une controverse révélatrice sur les
Mischlinge (2).
1) Evacuation = mise à mort
S'agissant des premiers, le Protokoll est sans équivoque :
Formés en colonnes de travail, les juifs valides, hommes d’un côté, femmes de l’autre, seront amenés dans ces territoires pour construire des routes ; il va sans dire qu’une grande partie d’entre eux s’éliminera tout naturellement par son état de déficience physique.
Autrement dit : la mort par le travail.
Himmler, le 26 janvier 1942, avait ainsi averti l’Inspecteur des Camps
de Concentration (département économique), Richard Glücks, qu’il ne fallait plus attendre
de prisonniers
de guerre soviétiques dans un futur proche. Aussi compenserait-on ce manque par l’utilisation
de déportés juifs.
Dans les quatre prochaines semaines, écrivait Himmler, préparez-vous à recevoir 100 000 juifs et plus de 50 000 juives dans les camps de concentration. Dans les prochaines semaines, les camps de concentration auront à faire face à des tâches économiques importantes.
(8]
D’autre part, en Galicie,
de Lvov à l’Ukraine occupée, des dizaines
de milliers
de juifs étaient chargés
de la construction
de la route
de transit IV, la
Durchgangstrasse IV. Ces travaux, qui coûtèrent la vie à des dizaines
de milliers d’esclaves, furent entamés dès l’automne 1941. Les juifs étaient soumis à des conditions
de vie effroyables dans des "camps provisoires" : il s’agissait bien évidemment
de faire mourir les
"juifs superflus", mais avec un rendement économique, à la différence des unités mobiles
de tuerie qui exterminaient à la même époque les juifs soviétiques.
Cette route était destinée à l’armée allemande. Le projet fut conçu par l’organisation Todt. Les SS se chargèrent du recrutement des "travailleurs" : traduisez, la déportation. L’opération se poursuivit jusqu’en 1944, jusqu’à l’arrivée des Soviétiques. (9)
Heydrich faisait explicitement référence au projet Durchgangstrasse IV lorsqu’il évoquait la
"sélection naturelle". Un moyen
de mise à mort parmi d’autres. Interrogé vingt ans plus tard à Jérusalem, Adolf Eichmann a apporté cette confirmation :
Less. - Imaginons, par exemple, un homme qui doit accomplir un dur travail physique et qui ne reçoit pas suffisamment de nourriture ; il devient de plus en plus faible, à tel point qu’il est victime d’une crise cardiaque.
Eichmann. - Un tel cas aurait certainement été signalé comme "élimination naturelle" par le service responsable à l’Est et bien évidemment, à l’Office central de Sûreté du Reich, il serait tombé dans la rubrique "élimination naturelle".
(10)
Rappelons qu’il s’agit là du sort qui attendait les juifs valides, tel qu’il l’est indiqué dans le compte-rendu, qui ajoute que
"le résidu qui subsisterait en fin de compte - et qu’il faut considérer comme la partie la plus résistante - devra être considéré et traité en conséquence. En effet, l’expérience de l’histoire a montré que, libérée, cette élite naturelle porte en germe les éléments d’une nouvelle renaissance juive." Il faut le comprendre ainsi : ce « résidu » (sic) sera éliminé, pour éviter justement toute vengeance des juifs. Extrait
de l’interrogatoire d’Eichmann :
Less. - Que signifient les mots : "devra... être traité et considéré comme résistant" ?
Eichmann. - Qu’il fallait les tuer, certainement.
(11)
Les Juifs
« aptes au travail » seraient donc terrassés par les conditions
de travail, et les survivants seraient achevés par le meurtre. Quid des autres, les
« inaptes au travail » ? Leur sort n’est pas évoqué par le compte-rendu. Un silence éloquent, et qui n’a guère troublé les nazis : exemple, à Riga, où le SD fusille ou gaze des déportés juifs allemands dès février 1942 car "inaptes au travail". Et ainsi
de suite... (12)
Il faut souligner ce passage hautement révélateur du procès-verbal
de la
conférence :
Le secrétaire d’Etat Dr. Bühler déclare que le Gouvernement général serait heureux de voir la solution finale de cette question entreprise au Gouvernement général, parce que le problème des transports n’y présente qu’un caractère secondaire et que les problèmes de main d’oeuvre ne s’opposeront pas à l’action. Les juifs devront être éloignés le plus possible du territoire du Gouvernement général parce que le juif y constitue, comme porteur de germes, un danger considérable et qu’il trouble constamment la structure économique du pays par le marché noir qu’il pratique sans cesse. Des deux millions et demi de juifs qui seraient touchés par ces mesures, la majorité, de toute façon, est inapte au travail.
Commentaire d’Eichmann, interrogé par l’Israélien Avner Less avant son procès :
Less. - Qu’est-ce que [Bühler] voulait dire par là ?
Eichmann. - Qu’ils devaient être tués.
(13)
Les
« inaptes au travail » devaient donc être exterminés. L’absence
de mention
de leur sort correspond vraisemblablement à une prudence rhétorique... Il est en effet facile
de déduire leur extermination à partir
de l’évocation des Juifs
« valides », décimés et destinés à être achevés pour prévenir l’idée d’une
« renaissance juive » : pourquoi parler
de "renaissance" s’il n’est pas prévu d’éradiquer les Juifs d’Europe ?
Rappelons d’ailleurs que Josef Bühler était l’adjoint
de Hans Frank, le gouverneur général
de l’ex-Pologne, ce qui n’avait pas été annexé par les Allemands en 1939 (ni par les Soviétiques). Le Gouvernement général avait été transformé en véritable mouroir, parsemé
de ghettos pour la population juive, qui se chiffrait en millions d’individus (
de 2 à 3 millions selon les statistiques nazies). Frank était à dire vrai impatient
de régler au plus vite le "problème" posé par la présence des juifs sur le territoire du Gouvernement général. Il n’avait jamais dissimulé son mécontentement face aux déportations
de juifs polonais vers les ghettos mis en place au sein
de ce qu’il considérait comme étant son royaume. D’où cette satisfaction à peine contenue lorsque les invitations adressées par Heydrich le 29 novembre 1941 arrivèrent au siège du gouvernement nazi, à Cracovie, rebaptisée Krakau.
"Dans le Gouvernement général, l’annonce de la conférence, même si tous n’en parlaient pas, occupait tous les esprits. Brûlant d’impatience, Frank expédia à Berlin le secrétaire d’Etat Bühler pour sonder Heydrich. Lors d’un entretien personnel qu’il eut avec le chef du RSHA, Bühler apprit tout ce qu’il y avait à savoir." (14)
Or il existe une preuve formelle que Heydrich avait évoqué l’extermination des juifs du Gouvernement général avec Bühler : la réaction
de Frank lui-même, en date du 16 décembre 1941. Ce jour là, Frank expose des considérations extrêmement claires au cours d’une session du Gouvernement... (15)
Certes, tout n’est pas encore dit. Frank ignore-t-il encore que le territoire du Gouvernement général sera choisi pour y installer des centres
de mise à mort ? En effet, l’extermination se produira donc, non pas « à l’Est », comme le suggère le Gouverneur, mais... en ex-Pologne. Cela dit, un camp d’extermination existe déjà, en ex-Pologne, dans le Warthegau. Un autre, Belzec, est en construction dans le district
de Lublin, qui, lui, est inclus dans le Gouvernement général.
2) Le cas des Mischlinge Que les participants aient été mis au courant
de la finalité exterminationniste du projet hitlérien est par ailleurs confirmé par toutes ces controverses ardues sur la question des Mischlinge, les « demi-juifs » ou « quart-
de-juifs ». Le sujet occupe la moitié du procès-verbal, preuve que la discussion a été serrée, en particulier
de la part d’un juriste aussi pointilleux et imbu
de lui-même que Wilhelm Stuckart, qui voyait ici avec déplaisir que son ordre législatif antisémite était simplifié à l’extrême par ces balourds
de SS (un point fort bien rappelé par le récent téléfilm consacré à la
conférence).
Dans certains cas, les Mischlinge seront « évacués ». Dans d'autres, ils seront stérilisés. Dans d'autres encore, plus proches des critères
de germanité, d’aryanité, ils seront envoyés au « ghetto des vieillards », Theresienstadt, où ils seront soumis à un traitement moins barbare qu'ailleurs.
Si les cas les moins dérangeants sont stérilisés, que dire des évacués. A plus forte raison, leur sort sera pire, ce que révèle le compte-rendu (mais François Delpla l’a-t-il bien lu ?) :
Le Gruppenführer SS Hoffman exprima l’avis qu’il fallait user largement de la stérilisation, d’autant plus que le Mischlinge, placé devant le choix entre évacuation et stérilisation, se soumettra plutôt à la stérilisation.
(p. 13)
Tiens donc ? Pourtant, être évacué n’est-il pas moins grave qu’être stérilisé ? A moins, bien sûr, que le terme « évacuation » ne signifie autre chose, dans le langage nazi… Les juges
de Nuremberg faisaient preuve
de logique et
de bon sens, eux :
Une chose est claire, personne ne suggérerait que la stérilisation est un moindre mal s’il n’était totalement convaincu que la déportation signifiait un sort encore pire, c'est-à-dire la mort.
(17)
On ne saurait mieux dire.
B) Les limites de l’hypothèse de François Delpla Selon lui, le génocide n’a pas été abordé à
Wannsee. Les SS savaient ce qu’il en était, pas les invités. Outre qu’une telle hypothèse repose sur un postulat
de départ erroné (2), elle est surtout aporique (1).
1) François Delpla se tire une balle dans le piedFrançois Delpla reconnaît que l'objet
de la
conférence portait sur le génocide. Il écrit la chose suivante, dans sa biographie hitlérienne : Garaudy
"se gardait, d’autre part, de remarquer un petit mot, des plus symptomatiques : à l’arrivée dans les camps, on devait mettre au travail « les valides ». Et les autres ? Là est, bien entendu, la place des chambres à gaz (et autres moyens d’extermination rapide) et on peut lire ici, indirectement mais en toute clarté, une confirmation des scènes cent fois décrites de brutal triage à la descente des trains, où les enfants étaient arrachés aux mères jugées bonnes pour le travail avec la fallacieuse promesse qu’elles les « retrouveraient au camp ». « En toute clarté », il est question
de génocide. François Delpla l'écrit. Et dans le même temps, il s'efforce
de nous faire croire que ce sujet n'a pas été explicitement abordé...
Rendons-nous compte ! Heydrich fait preuve d'un langage très clair, très... génocidaire, mais non, il ne cause pas d'extermination, et les invités restent dans l'ignorance ! La
conférence traite
de la déportation des Juifs, du sort des Juifs, le compte-rendu expose le sort funeste qui attend les esclaves juifs, ce qui permet automatiquement
de déduire la condamnation à mort des Juifs non-aptes au travail forcé, mais le chef du RSHA commet une rétention d'information,
de telle manière que les invités
« peuvent aussi se persuader que leur coopération ne fait pas d’eux, à coup sûr, des assassins » ! Soyons sérieux.
François Delpla, tout simplement, se contredit. Il est absurde d'écrire à propos du principe même du génocide que, d'un côté, Heydrich fait preuve
de clarté et,
de l'autre, qu'il dissimule. En admettant que le compte-rendu correponde totalement au déroulement
de la
conférence (en réalité, il a été aseptisé -
vide infra), comment est-il possible
de prétendre que les invités n'auraient pas été tenus informés du projet
de leur Führer ? Ils pouvaient tous déduire, et dans le contexte antisémite
de janvier 1942, ne pouvaient manquer
de le déduire, qu'il était question
de génocide.
Dès lors, il est faux d'écrire que les invités n'ont pas été informés par Heydrich du sort qui attendait les Juifs déportés. Ils l'ont été, au moins
de manière indirecte. L'information, sur ce point, n'était pas différenciée. Ils savaient.
2) SS et invités : une dichotomie pertinente ? Selon François Delpla, les SS savent, les invités non :
A coup sûr Heydrich sait de quoi il est question, puisque cette solution finale consistant à mettre les uns au travail, les autres dans des fosses communes et bientôt des crématoires, il la met en oeuvre depuis des semaines en Pologne. Probablement les autres cadres SS présents, associés de près à cette besogne, en savent autant. Mais ceux des ministères civils n’en ont nul besoin.
Or, une telle fracture n’a aucun fondement dans la réalité.
Il est faux
de prétendre que les SS constituent un groupe homogène. Si Heydrich, Eichmann, Müller, Lange, Schöngarth savent déjà
de quoi il retourne, la chose est plus douteuse s’agissant d’un autre SS, Otto Hofmann. Chef du Bureau central
de la race et
de la colonisation, il n’a pas été aussi impliqué que ses collègues dans l’extermination des Juifs à l’Est. En septembre 1942 pourtant, il déclarera que les générations futures
« ne connaîtront plus le danger juif. Dans vingt ans, les Juifs n’existeront peut-être plus. Il y a en Russie européenne au total 11 millions de Juifs. Il reste donc encore du travail à faire. Je ne pense pas que nous en ayons éliminé plus d’un million. Il est temps qu’on soit débarrassé en Europe de cette peste. » Comme le note Christian Gerlach,
« Hofmann se réfère apparemment à ses souvenirs un peu flous de la conférence de Wannsee. L’extermination s’est en réalité déroulée plus rapidement qu’il ne le pense ; on ne le tient pas informé, et il vient de rencontrer Himmler pour la première fois depuis février 1942. » (18]
Il est tout aussi faux
de prétendre que les « civils » ne savaient rien à leur arrivée à
Wannsee. Il a été rappelé plus haut que Josef Bühler, l’adjoint du Gouverneur général
de Pologne, savait probablement
de quoi il retournait.
De même, le représentant du Ministère
de l’Intérieur, Wilhelm Stuckart (que Eichmann nous décrit comme très impliqué dans la réunion), avait été informé le 21 décembre 1941 par son adjoint Bernhard Lösener des exécutions massives
de Juifs allemands près
de Riga survenues trois semaines auparavant. Stuckart avait répliqué à Lösener que ces exterminations avaient été accomplies
« conformément à des instructions reçues du plus haut niveau » (19).
Martin Luther, représentant du Ministère des Affaires Etrangères, devait également savoir. Réagissant à une demande
de déportation des Juifs
de Serbie, il écrivait à son supérieur, Ribbentrop, le 2 octobre 1941 :
Je pense, quant à moi, que l’élimination de ces 8000 Juifs incombe au commandement militaire. Dans d’autres territoires [l’Union soviétique], d’autres commandements militaires se sont chargés de quantités bien plus considérable de Juifs sans même le mentionner.
(20)
Christopher Browning a écrit que le zèle
de Luther allait lui valoir un siège à
Wannsee (21).
L’adjoint
de Martin Bormann à la Chancellerie du Parti, Klopfer, avait probablement accès à des informations relatives à l’activité des unités mobiles
de tuerie (22).
Au total, au moins quatre « civils » connaissaient, ou avaient les moyens
de connaître, la réalité que recouvrait le terme « Solution finale ».
Toujours est-il que le doute n’est, au terme
de la
conférence, plus permis. A tel point que l’un des pontes du Ministère des Territoires occupés
de l’Est, Otto Braütigam, qui a déjà déclaré que la guerre à l’Est ne pouvait plus être militairement gagnée par l’Allemagne et songe manifestement à son avenir personnel, déclare au cours d’une seconde
conférence dite
de la « Solution finale », le 29 janvier 1942, que
« dans la question juive, [il est] non importun de souligner la responsabilité de la SS et de la police » (23).
Ceux que la guerre n’a pas fauchés ont certes témoigné, au cours
de leurs procès, qu’ils ne savaient rien
de l’extermination des Juifs – splendide bobard destiné à sauver leur tête. Dès lors, ils allaient nier avoir pris connaissance du génocide en cours à
Wannsee. Ainsi en est-il
de Stuckart, mais Lösener a témoigné contre lui :
au plus tard à la fameuse conférence de Wannsee […] Stuckart a reçu des informations très précises.
(24)
Il faut également noter que Heydrich est sorti très satisfait
de la
conférence. Il s’attendait à des objections. Mais rien n’est venu, hormis sur le cas des Mischlinge. Tous ont approuvé. Trop heureux
de se débarrasser d’un fardeau trop lourd ? A l’heure
de la défaite
de Moscou et
de l’entrée en guerre des Etats-Unis, difficile
de l’exclure, au moins pour certains d’entre eux. Mais Eichmann a bien défini quelles étaient les intentions
de son blondinet
de patron :
Du point de vue de Heydrich, l’important était de piéger les Secrétaires d’Etat, de les impliquer de la façon la plus profonde, de les rendre prisonniers de leurs propres paroles.
(25)
A propos d’implication, François Delpla dresse une comparaison entre la
conférence de Wannsee et les séminaires
de Posen
de 1943-1944, au cours desquels Himmler a complaisamment diffusé l’information du génocide juif aux cadres du Parti,
de l’administration,
de l’armée. Pour François Delpla,
Wannsee n’a pu traiter
de génocide, sous peine
de faire
de Posen un événement redondant : pourquoi les SS cracheraient-ils le morceau en 1943 s’ils l’ont déjà fait en 1942 ?
Une telle allégation est sans pertinence. D’abord parce que
Wannsee constitue plus qu’une mission d’information : Heydrich cherche à obtenir l’appui bureaucratique des différentes administrations concernées. Le Ministère des Affaires Etrangères, par exemple, devra collaborer au travail
de persuasion des différents Etats alliés ou occupés par l’armée allemande, s’agissant
de la Judenfrage.
Wannsee remplit ici un intérêt pratique.
Ensuite parce que les séminaires
de Posen n’ont aucune implication
de ce genre. Ils ont pour objectif d’informer, et
de « mouiller », un nombre plus élargi
de personnes. A la différence
de Wannsee, tous les ministères, tous les Gauleiter, tout le Haut-Commandement sont concernés. Himmler se cantonne à une obligation
de renseignement plus élargie. Dix-huit mois plus tôt, Heydrich se contentait
de faire appel aux administrations indispensables, ce qui ne signifiait pas l’extension du secret à des institutions telles que l’armée ou la totalité du Parti.
Wannsee restait dans le secret mais y conviait des initiés, et Posen dissipe ce secret pour le plus grand nombre.
Il faut, à ce propos, noter que les trente exemplaires du compte-rendu
de la
conférence de Wannsee ont été détruits ou ont disparu, à l’exception d’un seul, retrouvé dans un dossier du Ministère des Affaires Etrangères en 1947.
François Delpla prétend avoir trouvé, sur ce point, la parade :
Voyons, Nicolas ! Des archives bien moins accablantes ont été brûlées, et tu vas en déduire quoi ? Dans le chaos d'avril-mai 45, bien malin aujourd'hui encore qui démêlera les raisons de la survie de tel texte plutôt que de tel autre.
A première lecture, une remarque s’impose. Des archives bien moins accablantes ont été brûlées ? Mais comment sait-il qu’elles étaient moins accablantes, puisque, précisément, elles ont été brûlées ? Passons sur ce bug logique.
Car ici, François Delpla ne fait qu’émettre une simple spéculation. C'est-à-dire qu’elle ne repose que sur son imagination. Rien d’autre.
Sa réfutation est, par conséquent, dépourvue
de pertinence.