Post Numéro: 4 de 2hcr 24 Jan 2015, 10:43
Avec le 70ième annivesaire de la Libération des camps et en même temps le 70 ième anniversaire du décès de mon grand-père maternel, je vais essayer de raconter sa longue route de prisonnier politique, qui était les résistants.
Le décret "Nacht und Nebel" (NN)
Une première partie du décret NN parait le 7 décembre 1941 et une deuxième partie paraitra cinq jours plus tard, le 12 décembre. Dans ces décrets, Hitler explique que la résistance constitue une menace pour l’armée allemande et est un ennemi du Reich. A partir de la parution de ces décrets, tous les résistants ou personne suspectée d’être en contact avec un résistant est arrêté par la police allemande. Un autre aspect de ces décrets est la volonté d’Hitler que les résistants arrêtés n’entretiennent plus aucun contact avec leurs proches. Ceux-ci ne savaient d’ailleurs souvent pas le sort réservés aux détenus de la police allemande. Le décret stipule ainsi que les prisonniers disparaitront sans laisser de trace et qu’aucune information ne sera donnée sur leur lieu de détention.
Avec l’application du décret NN, tous les résistants se trouvant dans l’un des pays occupés par l’Allemagne ont été poursuivis. Leurs fautes, selon les nazis, comprenaient l’espionnage, le sabotage ou des atteintes à un membre nazi. Cependant, tous ne subissaient pas la même sanction. Certains sont condamnés à mort, quelques uns étaient destinés à l’emprisonnement. Mais la condamnation n’était pas appliquée dans tous les cas : des détenus étaient envoyés dans des camps de travail. Cependant tous les détenus NN subissaient une forte répression ainsi que de nombreuses tortures aussi bien physiques que psychologiques. On distingue ainsi deux groupe de déportés:
- Les « NN Wehrmacht », des détenus envoyés en Allemagne pour y être jugés. Leur sentence pouvant être la peine de mort, des travaux forcés ou des peines de prison.
- Les « NN gestapo » sont les détenus arrêtés par la police allemande, directement envoyés dans des camps de concentration.
Les premiers déportés NN français sont ainsi arrivés dans les camps dès juin 1943 jusqu’en 1944. Les déportés NN de toutes nationalités, avec un NN rouge sur leurs uniformes, étaient majoritairement envoyés dans le camp de Natzweiler, un camp situé en Alsace, ouvert sur ordre d’Himmler en mars 1941. Ce camp était considéré comme l’un des pires camps nazis car la répression y était forte. En arrivant dans ces camps, les détenus NN étaient condamnés à mourir lentement à force d’épuisement au travail et de maltraitances. Pour la majorité, ils n’avaient aucun moyen de contact avec le monde extérieur, ni même leurs proches.
Nacht Und Nebel (« Nuit et brouillard ») a été et est encore aujourd’hui abrévié par NN. En latin, puis en allemand, NN signifiait quelqu’un qu’on ne veut pas nommer ou que l’on ignore. Par cette abréviation, on perçoit bien la volonté des nazis de faire disparaitre et de nier les sanctions faites aux détenus résistants. Il y a aussi l’interprétation de certains nazis : « nuit » représente l’oubli et le brouillard la fumée dans laquelle les détenus disparaitraient. Avec ce décret, s'installe partout en Europe occupée une véritable politique de terreur qui, loin de faire décliner les mouvements de résistance, vont les radicaliser en les entrainant vers des actions violentes. Ainsi, face à l’échec de ce décret, la procédure Nacht Und Nebel se terminera progressivement jusqu’au 30 juillet 1944 où il sera aboli. En tout, ce sont des milliers de détenus NN qui ont été envoyés dans des camps. Les chiffres de nombre de morts ne sont cependant pas connus.