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Psy...

Nouveau messagePosté: 05 Déc 2009, 19:58
de Pierre.S
bonjour,

A la vue de cette image, je me demande dans quel état d'esprit étaient ces hommes qui ont "nettoyé" les camps. Comment ont-ils intégré cette horreur? Quel fut leur avenir?

Image

Merci de vos réponses.

Pierre

Re: Psy...

Nouveau messagePosté: 05 Déc 2009, 20:29
de Audie Murphy
Je pense que la phrase de Staline résume assez bien ce qui devait se passer dans la tête de ces gens: «Un mort est une tragédie; des millions de morts, une statistique.»

Re: Psy...

Nouveau messagePosté: 06 Déc 2009, 05:06
de Daniel Laurent
Bonjour,
Ceux qui ont eu le triste privilege de liberer 2 camps defouraillaient sur tout ce qui avait l'air d'etre feldgrau en arrivant au second...

Dachau :

Image

Un officier tire en l'air pour arreter ses hommes

Image

Re: Psy...

Nouveau messagePosté: 06 Déc 2009, 21:44
de Signal
Pour une réponse à ta question Pierre, je te conseille la lecture de l'excellent sans blessures apparentes, de Jean-Claude Mari (références ici : viewtopic.php?f=21&t=21825), pages 147 à 161 : l'histoire d'un adjudant-chef et d'un caporal-chef du Génie envoyés au Rwanda pour... creuser des centaines de mètres de fosses communes et enterrer à la chaîne des milliers de cadavres.

Sur place, les hommes craquent, certains cherchent à se suicider pour échapper à l'enfer qui n'en finit pas. la seule présence de leur sergent, qui leur sert de psy et de branche à laquelle se raccrocher, leur permet de tenir tant bien que mal.
Rentrés au pays, les hommes ne peuvent plus vivre une vie "normale" : le repli sur soi, le fait de devenir un étranger pour sa propre famille, l'odeur des corps en décomposition qui ne les quitte pas, malgré les douches à répétition et les détergents (eau de javel comprise), les vomissements, l'impression de ne plus être un humain, l'envie de retourner déterrer les corps.

Autrement dit : les hommes sont détruits intérieurement.

Je recommande à tous, toutes affaires cessantes, la lecture de cet excellent livre, qui ne vous fera plus jamais voir la guerre de la même manière... En fait la lecture de passages de ce livre devrait presque devenir obligatoire dans les collèges et lycées, pour que tout le monde comprenne ce que c'est vraiment que l'horreur de la guerre...

Un article de Jean-Claude Mari, qui résume le livre : http://www.grands-reporters.com/articles_en_pdf/Sans-blessures-apparentes.pdf
Pierre, les premières lignes de l'article répondent directement à ta question.

Bonne soirée,

Seb.

Re: Psy...

Nouveau messagePosté: 07 Déc 2009, 06:32
de Daniel Laurent
Bonjour,
Pour ceux qui ne cliquerons pas sur le lien de Seb :
Le cauchemar a une odeur. Et le caporal-chef Philippe Guillaumot la connaît. Une odeur collante, lourde et âpre, mélange écoeurant de maladie, de mort et de feu de bois humide. Pour s'en débarrasser, Philippe a tout essayé. Il a pris des milliers de douches, s'est savonné, frotté, raclé, rincé à l'eau de Javel, en vain. Il a mis le feu à ses tenues militaires et à son linge de corps, rien n'y a fait. « J'aurais aimé me brûler moi-même... » Douze ans après sa mission à la frontière du Rwanda, il lui suffit de fermer les yeux pour la respirer, collée à sa peau, sa gorge, son cerveau.
Bien ancrée à l'intérieur de lui, indélébile. Pendant des années, dès qu'il s'endormait, son gosse unique serré dans ses bras, il se retrouvait aussitôt au volant d'un engin militaire de chantier, dans cette bananeraie de Goma, le corps ballotté au rythme des coups de pelle de son tracto-chargeur, à pousser des montagnes de cadavres boursouflés vers la fosse commune. Dans ces moments-là, tout lui revient, la chaleur humide de l'Afrique, l'odeur infecte et la nausée qui le submerge. Alors, il se réveille en sueur avec la sensation d'être sale, affreusement sale, jusqu'au plus profond de son être. Et il vomit. Le 15 août 1994, de retour chez lui, à Sausset-les-Pins, des feux d'artifice éclatent dans le ciel de Provence. Quand son épouse entre dans la chambre, elle trouve Philippe, colosse de 97 kilos, aplati sous le lit, à moitié nu, tremblant, les yeux écarquillés, son casque militaire sur la tête. Il hurle : « Cache-toi, vite !
Tous à l'abri ! » Elle le secoue, le gifle. Il se remet, explique : « Sarajevo, Rwanda... Tout s'est mélangé. J'ai cru à un bombardement au mortier. » Il pleure : « Pardonne-moi ! » Elle travaille dans un hôpital et comprend : « Philippe, depuis ton retour, ça ne va plus. Tu dois voir un médecin. »
Cette douleur est une maladie, parfois incurable, et elle porte un nom, « névrose traumatique de guerre », un peu technique pour parler de l'effroi des hommes. C'est une blessure profonde, aussi grave qu'un membre amputé, un ventre déchiré, un visage emporté. Plus, peut-être, parce qu'elle mutile l'en dedans d'un homme, ses sentiments, sa mémoire, sa perception du monde. Il en souffre, à chaque
minute de sa vie, jour et nuit.

Re: Psy...

Nouveau messagePosté: 14 Déc 2009, 14:16
de Pierre.S
Bonjour,
Et merci de vos réponses.
A comparer les témoignages des anciens déportés avec ceux des hommes plus brièvement confrontés à l'horreur (libérateurs de camps, chargés d'inhumer les corps ou non), on pourrait penser que les premiers s'en sortent mieux. Est-il possible que l'homme s'adapte avec le temps à toutes les situations.
Mais pour les deux, c'est l'odeur qui semble le plus difficile et à décrire et à oublier.
A+,
Pierre

Re: Psy...

Nouveau messagePosté: 16 Déc 2009, 16:58
de betacam
bonjour,

" Falkenau, vision de l'impossible " un film de Samuel Fuller.

Mai 1945, la célèbre " Big Red One " 1ère division d'infanterie américaine libère le camp de concentration de Falkenau.

Samuel Fuller, alors sous les drapeaux filme cet épisode. C'est un document unique ( 16mm, noir et blanc, muet ) et qui est repris dans ce film, Samuel Fuller commentant les images qu'il a enregistrées 40 ans plus tôt.

Pour avoir prétendu ignorer ce qui se passait dans la camp, les notables du bourg de Falkenau vont devoir
faire acte d'humilité.

" c'est le seul film où l'on voit des civils dans un camp faire ce qu'ils font, c'est la première et la dernière fois "..........

les américains ont obligé ces notables à habiller les morts , les poser sur des draps blancs et traverser le bourg, avec ces morts, pour les enterrer décemment.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=DujN3Aj8qpY[/youtube]




[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=lnLc3gnkhJE[/youtube]

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=r4YtWbsdgLA[/youtube]
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=ct2nvR7RfHg[/youtube]