°(-_O)° a écrit:Bonjour,
Suite à la lecture plutôt bancale fait par un ami qui stipulait que Haganah aurait prit contact avec Eichmann pour déporté des juifs vers la Terre Sainte.
Procédons par ordre :
1) Ce ne fut pas la
Haganah qui contacta Eichmann, mais ce dernier qui, en 1937, prit rendez-vous avec un agent sioniste, un Juif palestinien du nom de Fievel Polkes, dont le
S.D. espérait obtenir quelques informations relatives à sa théorie du complot juif entourant l'assassinat du national-socialiste suisse Wilhelm Gustloff en 1936.
2) Eichmann avait à cette époque en tête des projets de résolution de la "question juive" à l'échelle allemande, sans que ces projets n'aboutissent toujours. Sur le contexte général des pseudo-relations sionistes-nazis, voir
http://www.phdn.org/negation/66QER/qer54.html3) Les discussions avec Polkes, qui conduisirent Eichmann à se rendre en Egypte en octobre 1937, amenèrent l'agent sioniste à proposer une émigration annuelle de 50.000 Juifs du
Reich vers la Palestine, chacun d'entre eux pouvant conserver un pécule de 1.000 £.
4) Les propositions de Polkes furent rejetées par Eichmann. D'après le rapport de son adjoint Hagen, il n'était pas question de laisser les Juifs emporter le moindre bien avec eux, l'objectif étant au contraire de ne leur laisser
"aucun moyen d'émigrer". Hagen ajoutait que l'émigration annuelle de 50.000 Juifs vers la Palestine renforcerait la présence juive sur place, et du même coup les revendications sionistes devant aboutir à la création d'un Etat juif, ce qu'il fallait à tout prix éviter.
De fait, les palabres d'Eichmann avec un agent isolé de la
Haganah ne furent nullement significatifs, et ne purent aboutir à un accord, parce que les nazis étaient bien trop antisémites pour laisser les Juifs émigrer en Palestine avec un maigre capital (voire sans capital du tout) - voir David Cesarani,
Becoming Eichmann. Rethinking the life, crimes and trial of a "Desk Murderer", Da Capo Press, 2006, p. 53-56.
En 1938, un autre agent sioniste isolé, Willi Perl, s'adressa à Eichmann après l'
Anschluss pour organiser des transports clandestins de Juifs vers la Palestine. Eichmann lui répondit :
"Wir brauchen keine Verbrecherzentrale in Palästina, die Juden werden atomisiert" (nous n'avons pas besoin d'une centrale criminelle en Palestine, les Juifs seront atomisés - au sens de dispersés, séparés des autres). Toutefois, en 1939-1940, Eichmann appuya de telles initiatives, qui reposaient sur l'extorsion des Juifs "autorisés" à partir, pour "doper" le départ des Juifs après l'essoufflement de la politique d'émigration contrainte, mais ces opérations "illégales" ne visèrent que quelques milliers de Juifs, qui n'atteignirent pas tous la Palestine - voir sur ce point Yehuda Bauer,
Juifs à vendre ?, Liana Lévi, 1996, p. 73-86.