Yves a écrit:Merci beaucoup pour ces compléments très intéressants.
Pas de cela entre nous
Yves a écrit:Mon propos était aussi de rappeler que l'on se tourne souvent vers des pays limitrophes alors que d'autres (l'Argentine en l'occurence dans mon post) sont peu souvent évoqués.
Tout à fait d'accord avec toi. Un des épisodes les plus célèbres illustrant la grande difficulté de fuite outre-mer, est l'aventure du St-Louis en 1939, un paquebot allemand emportant 937 Juifs à destination des USA, mais qui s'y est vu refuser l'entrée (voir par exemple http://terra.rezo.net/article449.html).
Audie Murphy a écrit:Exact Yves, mais pouvait-on deviner que les camps avaient atteint un tel degré et une telle ampleur ?
Il me semble, Audie, que tu mets là le doigt sur quelque chose de fondamental : le monde n'a pris conscience de ce qu'était la Solution finale - l'ampleur du massacre, la méthode, etc - qu'à la libération des camps. Certes. Ainsi, après la guerre, les contemporains des faits - tant les Allemands, que les Suisses en parlant de leur politique du refuge, que les Français lorsqu'on évoquait les rafles, etc - affirmaient qu'ils ne savaient pas. Mais, à mon avis, cette réponse standard mérite d'être un peu approfondie. Qu'est-ce qu'ils ne savaient pas ? Ils ne savaient pas que les Juifs avaient été exterminés par millions dans les chambres à gaz ; ils ne connaissaient probablement pas non plus l'action des Einsatzgruppen à l'Est. Parallèlement, il vaut la peine de se demander ce qu'ils savaient : depuis la Nuit de Cristal au plus tard, l'Europe ouvre les yeux sur les persécutions (expropriations, mises au ban de la société), puis sur les déportations, les ghettos et les camps. Toutes ces horreurs étaient connues du grand public, et cela aurait dû être suffisant, cela aurait dû justifier une pression des Allemands envers les nazis, une politique du refuge plus ouverte envers les Juifs en Suisse, et le refus des Français de déporter (pour reprendre mes exemples ci-dessus). Et pour moi, l'éternel argument "il faut se replacer dans le contexte de l'époque" - effectivement indispensable à la compréhension - n'y change rien.