Post Numéro: 14 de Listana 26 Aoû 2006, 13:30
Bonjour,
Il existe un article sur cet incident dans l’HISTORIA n°218 de janvier 1965. Voici en bref ce qu’il en dit.
Tout d’abord les faits : Le 10 janvier, le major Reinberger de l’état-major de la 2e Flotte aérienne à Munster doit se rendre à Cologne, en vue de régler certaines disposition pour l’offensif prochain. Il est censé faire le voyage en train car le voyage par avion de documents secrets est strictement interdit. La veille au soir il rencontre le major de réserve Hoenmanns, commandant d’une base dans les environs. Celui-ci lui propose de le conduire dans son avion personnel ( un Messerschitt 108 ), ce qui lui permettra d’aller embrasser sa femme par la même occasion. Mais en cour de route le brouillard se lève et Hoenmanns s'égard. Bientôt une panne de moteur le contraint à effectuer un atterrissage d’urgence. Les deux officiers apprennent par des paysans accourus qu’ils se trouvent en Belgique. Reinberger relève alors à Hoenmanns atterré qu’il transporte des ordres supérieurs ultra-secrets. Il essaye de les détruire à l’aide d’un briquet emprunté à un paysan mais bientôt des gardes-frontière accourent, remarquent le manège, désarment et mettent à l’arrêt les deux Allemands. Dans le bureau de gendarmerie où ils sont emmenés, Reinberger tente un nouvel essai. Pendant que Hoenmanns occupe les Belges, il s’empare des documents les jette dans le poêle. Mais un officier belge, le capitaine Rodrique, avec beaucoup de sang froid plonge la main dans les flammes et retire les papiers ( tout en se brûlant gravement ). Les documents sont rapidement communiqués à l’état-major de Bruxelles et de là aux Alliés.
Les conséquences : Les Alliés prirent ces documents très aux sérieux. Convaincu de l’invulnérabilité de la ligne Maginot, ils s’attendaient à une attaque via la Belgique comme en 14. C’est pourquoi les Ire et IIe Armée ainsi que le Corps Expéditionnaire Britannique, les soldats les mieux entraînés et mieux équipés, se trouvaient massés le long de la frontière belge, prêt à intervenir. La capture des plans de guerre les renforce dans leur conviction. Pire, apprenant que l’invasion des Pays-Bas est aussi prévue, les Français décident d’y envoyer la VIIe Armée les épauler. Ce qui à pour conséquence de les priver de l’unique armée de réserve. Du coté allemand, c’est le tollé. La conséquence sera l’abandon de l’ancien plan et l’adoption de celle de Manstein.
Que devinrent nos deux « héros » ? Le contraste était frappant entre les deux aviateurs. Reinberger était officier de métier, un vrai Prussien et nazi convaincu. Il avait une attitude hautaine et passa son temps à récriminer durant toute sa détention. Hoenmanns lui avait plutôt un caractère pacifique et possédait les traits physique d’une vie trop bien vécue. Les deux hommes se querellaient souvent. Le premier reprochant au deuxième ses piètres talents de navigateur, le second l’accusant en retour de ne pas avoir obéit aux ordres et d’avoir embarqué, à son insu, des documents compromettants.
Hoenmanns rentrera en Allemange fin 1943 dans le cadre d’un échange de prisonniers. Il sera interrogé par Goering lui-même qui lui dira qu’en 1940 sa propre intervention n’aurait pu le sauver du peloton d’exécution. Mais il ne sera pas plus inquiété et finira même la guerre lieutenant-colonel. Reinberger fut également rapatrié en 1944. Une procédure fut engagée contre lui, mais l’écoulement de l’Allemange y mit fin avant sa conclusion.