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La Société des Nations (Episode 3)

Le traité de Versailles donne lieu à l'instauration de la République de Weimar puis à la montée du National Socialisme. Quelques années plus tard, l'annexion des Sudètes et de l'Autriche annonce les prémices de la seconde guerre mondiale.
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La Société des Nations (Episode 3)

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Petit_Pas  Nouveau message 10 Fév 2006, 16:56

Après un peu de retard dû à un emploi du temps des plus surchargés, la suite de la saga de l'été 2005... 8) comment ça c'est plus l'été????????? :cry:

SDN : « les années glorieuses pour le maintien de la paix » (1920-1930)

Née de la volonté des vainqueurs de la Première Guerre mondiale d’éviter le retour de toute guerre dévastatrice, la Société des Nations a pour objectif le maintien de la paix universelle et les premières années de son existence sont marquées par de réels succès, notamment dans le règlement pacifique de plusieurs différends internationaux.
De 1920 à 1940, plus de 60 conflits internationaux sont portés devant la Société des Nations et au cours des dix premières années, seuls 8 des 30 cas qui lui sont soumis tournent aux hostilités ou à la guerre. Parmi les conflits les plus importants qui sont réglés pacifiquement grâce à la médiation de la Société des Nations, mentionnons :

1) les îles d’Aland : après la révolution russe, la Finlande devenue indépendante proclame sa souveraineté sur les îles d’Aland, archipel à l’entrée du golfe de Botnie qui se situe à l’extrémité nord de la mer Baltique entre la Suède et la Finlande. Cependant, la population de ces îles, de langue suédoise, demande le droit de se prononcer par vote en faveur d’un gouvernement suédois, conformément au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes inclus dans le Pacte entre les nations. La situation menaçant de dégénérer en un conflit armé, les deux parties en présence acceptent l’arbitrage de la Société des Nations qui propose que les îles d’Aland jouissent d’un gouvernement autonome tout en restant administrées par les lois finlandaises. En 1920, la Société des Nations se porte garante du respect de cet accord et procède sous son contrôle à la démilitarisation des forces en présence.

2) Vilna (ou Vilnius) : dès 1920, la Pologne entreprend la conquête de la Biélorussie et de l’Ukraine, avec le soutien des Français et des Britanniques qui espèrent ainsi empêcher la « contagion bolchevique » en isolant la Russie des soviets. La signature du traité de Riga le 18 mars 1921, entre la Russie soviétique et la Pologne, permet à cette dernière de repousser loin à l’Est sa frontière orientale, initialement définie par le tracé de la ligne Curzon en 1919. Dans le même temps, la Pologne et la Lituanie réclament toutes deux la souveraineté sur Vilna, l’ancienne capitale de la grande-principauté de Lituanie, qui fut au XVIe siècle incorporée à la Pologne (Jean III Sobieski était roi de Pologne et de Lituanie). En 1922, devant l’impossibilité de trouver un accord, les deux pays acceptent de s’en remettre à la Société des Nations qui commence par proposer que la ville soit placée sous administration lituanienne. Mais le 14 mars 1923, lors de la Conférence des ambassadeurs portant sur la définition de la frontière orientale de la Pologne, c’est le tracé du traité de Riga qui est retenu et Vilna est intégrée à la Pologne.

3) Memel : au lendemain de la Première Guerre mondiale, le port de Memel, est, avec Dantzig, vital pour l’approvisionnement par voie maritime de la Pologne. La ville et son territoire sont donc placés sous l’administration provisoire d’un haut-commisaire représentant la Société des Nations. Soucieuse de satisfaire les intérêts polonais, la France retarde l’élaboration du statut du territoire, espérant le voir attribuer à la Pologne malgré le souhait exprimé par les Memelois de constituer un État libre et de bénéficier de la protection de la France contre les visées de la Lituanie. Mais le 15 février 1923, un coup d’État fait passer le port et ses environs sous la souveraineté lituanienne. Dès lors, la Société des Nations accorde des privilèges particuliers à la population du territoire de Memel, à majorité allemande en ville et à majorité lituanienne en campagne, tout en préservant à la Pologne le droit d’utiliser le port sans restriction possible pour son transport et son commerce.
http://www.atlas-historique.net/1914-19 ... 19-39.html

4) Le conflit gréco-bulgare : En 1925, après de multiples attentas opérés en Macédoine grecque et un incident de frontières, une véritable guerre entre la Grèce et la Bulgarie menaçait dans les Balkans puisque le 22 octobre l’armée grecque envahissait la bulgarie. Le gouvernement bulgare fit immédiatement appel à la Société des Nations en vertu de l’article 10 du Covenant. Le Conseil de la SDN fut réuni en session extraordinaire à Paris sous la présidence d’Aristide Briand tandis que sur le terrain les hostilités étaient interrompues par la présence d’attachés militaires britanniques, français et italiens pendant l’examen du litige par l’instance internationale. Celle-ci fit procéder sans incident à l’évacuation du territoire indûment occupé par les Grecs en décembre 1925. La résolution pacifique de ce conflit répond en tout point à la procédure décrite dans le Covenant : après identification du désaccord, le Conseil s’est réuni sans délai et, après avoir auditionné chaque partie, a permis de régler pacifiquement un conflit entre deux États membres.

5) Leticia : un désaccord de frontière opposait la Colombie et le Pérou dans la vallée supérieure de l’Amazone sur le fleuve Putamayo. Le 1er septembre 1932, des civils et des militaires péruviens entreprirent d’occuper le village colombien de Leticia. Bien qu’aucun des deux États impliqués n’ait déclaré la guerre à l’autre, la ligne de frontière devint ligne de front. Ne parvenant pas à résoudre ce problème au niveau régional, les délégués colombiens et péruviens demandèrent en 1933 l’intervention de la Société des Nations et en mai de la même année, après l’assassinat du président péruvien Luis Sanchez Cerro (1889-1933), un cessez-le-feu fut signé entre les deux parties à Genève. Le territoire de Leticia fut alors administré pendant un an par une commission internationale avant d’être rendu à la Colombie.

Cependant, si le maintien de la paix passait par un règlement pacifique des conflits, une des priorités de la Société des Nations portait sur le désarmement. De nombreuses assemblées et de nombreuses cessions du Conseil furent consacrées, dès 1920, à l’élaboration d’un plan de désarmement. Mais les efforts restèrent vains jusqu’en 1924 pour deux raisons essentielles : d’abord les principales puissances membres de la Société des Nations restaient persuadées que leur sécurité dépendait du maintien d’un niveau d’armement égal, voire supérieur à celui du voisin ; ensuite la Russie et les États-Unis, du fait de leur non adhésion à la Société des Nations, ne participaient pas aux débats.

En octobre 1924, sous l’impulsion des gouvernements français et britanniques, menés respectivement par Édouard Herriot (1872–1957) et Ramsay MacDonald (1866–1937) qui apportèrent un esprit nouveau aux négociations de désarmement, la cinquième Assemblée finit par adopter le Protocole de Genève sur le règlement pacifique des conflits internationaux. Ce protocole proposait le désarmement général de toutes les nations liées par des garanties mutuelles d’arbitrage obligatoire et de sécurité et prévoyait de convoquer une Conférence générale du désarmement.

Un autre impératif pour le maintien de la paix consistait à obtenir la réconciliation franco-allemande et l’entrée de l’Allemagne à la Société des Nations. En décembre 1924, Gustav Stresemann (1878–1929), à la tête du Ministère des affaires étrangères allemand, faisait parvenir un dossier de candidature demandant l’admission de l’Allemagne à la Société des Nations. Cette première demande fut rejetée mais début 1925, Stresemann fit une seconde tentative après avoir assuré les Ministères des affaires étrangères français et britanniques que l’Allemagne s’engageait dorénavant à respecter le Traité de Versailles. Forts de cette assurance, Sir Austen Chamberlain (1863–1937, à ne pas confondre avec son frère Neville Chamberlain), et Aristide Briand (1862–1932) organisèrent des négociations à Locarno (Suisse) où furent conviées la Belgique, l’Italie, la Pologne et la Tchécoslovaquie. Le 16 octobre 1925, la signature des Accords de Locarno, qui seront ensuite confiés à la Société des Nations, ainsi que celles de quatre conventions d’arbitrage entre l’Allemagne d’une part et la Belgique, la France, la Pologne et la Tchécoslovaquie d’autre part, devait permettre l’entrée de l’Allemagne à la Société des Nations le 8 septembre 1926.

Enfin, le 6 avril 1927, Aristide Briand proposa au sénateur et secrétaire d’État américain Frank B. Kellogg (1856–1937) un pacte bilatéral par lequel les deux pays s’engageaient à renoncer à la guerre comme moyen politique. Ce dernier proposa d’élargir ce pacte à toutes les nations qui souhaiteraient y adhérer et, le 27 août 1928, l’Allemagne, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni signaient le « pacte de renonciation générale à la guerre », plus connu sous le nom de « Pacte Briand-Kellogg ». Ce pacte, par lequel les parties contractantes condamnaient le recours à la guerre pour le règlement des différends internationaux et s’engageaient à rechercher des solutions pacifiques en cas de conflit, fut ensuite ratifié par 57 autres pays.

Cette initiative, couronnement de l’euphorie diplomatique en faveur de la paix qui marqua les années 20, devait être la dernière à se voir couronnée de succès. Le projet d’Union européenne lancée par Aristide Briand, et soutenue par Gustav Stresemann, lors de l’Assemblée générale de la Société des Nations de septembre 1929 resta lettre morte malgré la mise en place d’une commission d’études en 1931 et la Conférence générale du désarmement, qui débuta à Genève le 24 février 1932 et dura près de deux ans et demi, fut un échec car les grandes puissances furent incapables de s'entendre sur les armes dont il fallait limiter la prolifération.

Avec les années 30, la course à la guerre reprit de plus belle et ce d’autant que les grandes puissances reconnaissaient de moins en moins l’autorité de la SDN dans la gestion de leurs différends, justifiés ou non. La montée des nationalismes, alimentée par l’esprit de revanche ou le désir d’expansion, allait conduire l’Europe et le monde dans la guerre sans que la SDN ne puisse rien faire pour entraver ce désastre.

Mais l’échec de la Société des Nations dans son projet politique de préserver la paix ne doit cependant pas faire oublier la ratification par ses États membres de plus d’une centaine de conventions internationales dans des domaines aussi divers que la santé et les affaires sociales, le transit et les communications, les affaires économiques et financières, la coopération intellectuelle.

C'est ce que nous découvrirons dans le prochain épisode...


 

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