1914, une guerre non terminée.

Deux petits livrets en ma possession. La Guerre de 1914 n'était pas finie, semble-t-il !

Le ministre Bovier Lapierre, inaugure le momument aux morts de Nivolas Vermelle.(38) le seul coupable de la guerre, c'est...Karl Marx, ce sale juif, ce sale boche apatride , qui a poussé deux peuples l'un contre l'autre, peut-on lire dans l 'un des trois discours. Ce thème sera celui des ligues et des collabos de la seconde guerre mondiale.

On connaît les réflexions de Mangin :"Nous ne sommes pas entrés en Allemagne et nous n'avons pas détruit le militarisme prussien : il faudra recommencer dans vingt ans" et de Foch :"Ce n'est pas une paix, c'est un armistice de vingt ans."

Même impression de l'inéluctable à venir, dans l'échange Pdt Wilson/Clemenceau.

Le président Wilson : « J'ai une si haute idée de l'esprit de la nation française que je
crois qu'elle acceptera toujours un principe fondé sur la justice et appliqué avec
égalité. L'annexion à la France de ces régions n'a pas de base historique suffisante.
Une partie de ces territoires n'a été française que pendant vingt-deux ans ; le reste a
été séparé de la France pendant plus de cent ans. La carte de l'Europe est couverte, je
le sais, d'injustices anciennes que l'on ne peut pas toutes réparer »
.
- Ce à quoi Clemenceau répond : « Je prends acte des paroles et des excellentes
intentions du président Wilson. Il élimine le sentiment et le souvenir : c'est là que j'ai
une réserve à faire sur ce qui vient d'être dit. Le président des États-Unis méconnaît le
fond de la nature humaine. Le fait de la guerre ne peut être oublié. L'Amérique n'a pas
vu cette guerre de près pendant les trois premières années ; nous, pendant ce temps,
nous avons perdu un million et demi d'hommes »…. « Vous cherchez à faire justice
aux Allemands. Ne croyez pas qu'ils nous pardonneront jamais ; ils ne chercheront
que l'occasion d'une revanche, rien ne détruira la rage de ceux qui ont voulu établir
sur le monde leur domination et qui se sont crus si près de réussir »
.

Clemenceau, lui non plus n'a pas séjourné dans les tranchées, que je sache... Cela me fais penser à Damia, Bruand, qui encourageaient les poilus sur les
scènes des cabarets parisiens.

Il avait plus de 70 ans, si je me souviens bien. en tout cas les poilus de ma famille ne contestaient pas sa legitimité à s'exprimer en raison de leur expérience de la guerre différente. mais ce n'est qu'un reflet partiel sur lequel on ne peut appuyer une généralité historique bien sûr.
et le comparer à des "saltimbanques" sans aucun sens péjoratif, voilà qui me surpend un peu.
cordialement
Domi

La signature du traité de Versailles en 1919 aurait du pleinement satisfaire les Anglo-Saxons puisque la France ne réclamait pas la modification du traité de 1815 qui avait été conçu pour rendre la frontière du nord indéfendable .

Impressionnante la lucidité de Clemenceau, lui que certains journaux nationalistes avaient baptisé le "perd la victoire."

On lui fait souvent le reproche d'avoir mal élaboré le Traité de Versailles, mais on s'aperçoit qu'en définitive c'est la vision idéaliste d'une Allemagne devenue soudain républicaines qui s'est imposée. Croyance naïve et posée comme un pré-requis sécurisant, par une Amérique qui avait eu 100 000 morts à une France qui venait d'en perdre 1 500 000.

L'erreur de Clemenceau a peut-être été de vouloir l'armistice, pour éviter des sacrifices supplémentaires à une France épuisée et à des soldats qui n'en voyaient pas le bout, malgré (ou à cause de) le sentiment d'une victoire proche.

Il est vrai que dans ce cas la France n'aurait pu compter sur le soutien d'alliés qui voulaient en finir, et considéraient que la volonté française d'aller jusqu'au bout relevait de l'impérialisme.

Ainsi, c'est pour éviter de créer un contentieux futur (une Alsace-Lorraine à l'envers) que les Anglais et Américains ont fait le lit du militarisme allemand et mené l'Europe au second conflit.

Il est tout de même extravagant que les appeasers aient longtemps cru que la France était irrationnelle voire impérialiste dans sa volonté de tenir tête à Hitler. Comme s'il était encore temps de se soucier de l'équilibre des puissances sur le continent, alors qu'à l'évidence l'une d'elle voulait tout renverser.

On a dit du traité de Versailles qu'il avait été élaboré par un homme du 19ème siècle (Clemenceau) accompagné par un homme du 18ème siècle (Lloyd Georges) sous le haut patronage d'un homme du 21ème siècle. (Wilson) Ce n'est pas si mal vu.