Post Numéro: 4 de Audie Murphy 16 Nov 2011, 02:47
Bonjour Carnoy,
voici un petit texte que j'avais pondu sur ce sujet il y a quelques temps après avoir lu La Popessa:
J'ignore toujours si Pie XII avait eu l'occasion de lire le Mein Kampf, mais une chose dont je suis certain, c'est qu'il avait été mis au courant des crimes allemands contre les Juifs, qu'il ne cachait pas sa germanophilie, et qu'il détestait le communisme comme la peste.
Germanophilie:
Pacelli était un brillant diplomate et son amour du peuple allemand le conduisit en 1925 à la nonciature de Berlin où le Vatican le muta. Il avait pour mission de tenter des rapprochements avec le gouvernement afin d'y améliorer la position de l'Église.
Anti-communisme:
C'est probablement son anti-communisme (partagé par Benito Mussolini) qui acheva de le convaincre de participer aux négociations avec le Duce afin de signer un traité (traité de Latran) qui conviendrait à chacune des parties. D'un côté, Mussolini avait tout à gagner en se rapprochant de l'Église à cause du catholicisme très répandu chez le peuple italien; de l'autre, le Vatican (dont les coffres étaient presques vides) avait désespérément besoin d'argent (même l'argent fasciste) et recherchait la paix avec le nouveau gouvernement en place. «Il était clair que, dans son acharnement à éviter une banqueroute, le Vatican avait vendu son honneur à Mussolini pour 92,1 millions de dollars. L'Église avait affirmé que cet argent venait en dédommagements de terrains saisis par l'État. En un sens, cette version n'était pas inadéquate, mais le Vatican omettait de révéler qu'il avait accordé au gouvernement fasciste de Mussolini un droit de regard sur l'Église.»
Comment expliquer également, autrement que par l'anti-communisme d'Eugenio Pacelli, la révélation de soeur Pascalina selon laquelle, le Saint-Père et elle-même auraient récité des neuvaines dès qu'ils eurent connaissance de Barbarossa et qu'ils prièrent Dieu pour la complète victoire de l'Allemagne sur la Russie ? Pacelli était persuadé que sans Hitler et Mussolini, l'Europe tomberait aux mains du communisme et ce serait la fin du Vatican et de l'Église catholique.
Au courant des crimes nazis:
Témoignage de la nonne (fin 1970-début 1980):
«Presque chaque jour pendant toutes les années de la guerre, le Saint-Père, comme guide spirituel de plus de trois cent cinquante millions de catholiques, recevait des informations confidentielles. C'était souvent quelque nouvelle atroce ou statistique affreuse, disait-elle, étouffée par l'émotion. Je n'oublierai jamais l'instant où l'on apprit à Sa Sainteté qu'en Pologne 2647 prêtres avaient été enfermés dans des camps de concentration et gazés ou fusillés. Si terrible que cela paraisse, les révélations étaient parfois encore beaucoup plus abominables.»
Le Souverain Pontife était bouleversé de savoir que de plus en plus de catholiques le condamnaient pour son manque de solidarité envers le peuple juif:
«Ce Saint-Père va peut-être entrer dans l'histoire comme un antisémite... Le Saint-Siège doit aider le peuple juif dans toute la mesure de ses capacités. Mais chaque chose que nous faisons doit être faite avec grande prudence. Sinon, l'Église et les Juifs eux-mêmes encoureront des représailles encore plus dures. Mieux vaut que le monde pense que Pie XII est antisémite plutôt que le Saint-Siège fasse étalage de son courage et de sa vertu, et que les nazis fassent encore plus de victimes.»
À l'été de 1942, soeur Pascalina tenta de convaincre Pie XII de dénoncer les persécutions nazies contre le peuple juif comme en fait foi ce dialogue entre elle et le Saint-Père:
« - Votre Sainteté, le monde ne croit pas aux atrocités nazies.Il vous incombe, Très Saint-Père, de les révéler. Les peuples, et le peuple allemand, en seront dès lors convaincus et s'élèveront dans toute leur indignation.
- Roosevelt et les Anglais ont déjà parlé de ces prétendus crimes de guerre. Leurs déclarations n'ont pratiquement servi à rien, lui répondit-il.
- Mais le peuple allemand ne croit pas ce que peuvent raconter les dirigeants alliés, avec les intérêts qu'ils ont dans la partie.
- Mais notre propre clergé lui-même, en Allemagne, n'a pas de preuve réelle, juste des on-dit, sur la réalité de ces prétendues exterminations, rétorqua Pie XII.
- Se pourrait-il que le clergé, comme tout le monde, refuse de croire à la barbarie d'hommes civilisés ?
- Vous pensez que Roosevelt dit la vérité ? Que l'on peut faire confiance au président américain ? commenta Pie XII d'un air plus que sceptique.»
Elle conseilla alors au Pape d'exiger la vérité de la part de Roosevelt. Si les faits s'avéraient exacts, elle demandait à Pacelli de dénoncer les crimes par la rédaction d'une encyclique. L'archevêque Spellman reçut l'assurance du président américain de l'absolue réalité de ces crimes et la transmit au Saint-Père. Celui-ci, en colère, fit convoquer l'ambassadeur du Reich au Vatican, Diego von Bergen. À propos du nazisme, Pie XII s'exprima ainsi: «Si les Allemands l'emportent, cela signifiera le commencement de la plus grande période de persécution qu'ait jamais connue le christianisme.» Le diplomate nazi rétorqua: «Je transmettrai votre sentiment, mon cher Saint-Père, au Führer. Ne soyez pas autrement surpris si les relations entre le Troisième Reich et la papauté sont rompues.» Ce à quoi Eugenio Pacelli répondit sans tarder: «Dans une telle éventualité, il ne saurait y avoir qu'une seule issue: la chute de votre régime !» S'ensuivit un refroidissement des relations entre les deux États, mais le chef de l'Église catholique romaine continua de garder par devers lui l'horrible vérité et de la taire au monde.