Post Numéro: 6 de Baugnez44 24 Mar 2009, 12:34
supertomate a écrit:On nous parle d'une différence entre ce que l'on peut trouver en Allemagne et dans le reste de l'Europe. Cependant, la preuve évoquée me surprend: n'y a -t-il qu'en Allemagne que les nationalistes ne considéraient pas les juifs comme des nationaux?
Pour répondre à cetTE question, il faut remonter à la fin du XVIIème siècle et au XIXème siècle avec la formation des nations européennes et la naissance des nationalisme. Dans son ouvrage "Comment le peuple juif fut inventé" (Fayard, 2008), l'historien israélien Shlomo Sand consacre les 90 premières pages de son étude à cette question. Il y distingue un nationalisme "civique" basé sur la reconnaissance d'une volonté commune des habitants d'une région de se reonnaître au sein d'un état quelques que soient par ailleurs leurs origines ou particularités, ayant conduit à la création des nations de l'Ouest de l'Europe (France, Royaume-Uni, Suisse, Pays-Bas, etc.) d'un nationalisme "ethnique" basé plutôt sur la "race" des habitants, ce qui conduit à exclure ceux qui ne sont pas considérés comme membres à part entière de la "race", qui va se développer à l'est de l'Europe à commencer par l'Allemagne. L'exclusion des Juifs de la nationalité n'est pas propre à l'Allemagne, on la retrouve également en Russie, selon Sand.
Cela étant, il serait erroné de conclure qu'à l'ouest tout fut basé sur un nationalisme "civique" alors qu'à l'est tout était basé sur un nationalisme "ethnique". Les tendances cohabitèrent me semblent-il à l'ouest comem à l'est, mais d'un côté la première l'emporta alors que de l'autre côté, ce fut la seconde. Mais même en France, à certaines époques, il se trouva des gens pour défendre l'idée d'un nationalisme basé plutôt sur l'idée de la "race" ou de l'ethnie.
Et pour faire écho à ce que disait Motpulk dans son post, dans la traduction française de Mein Kampf, au bout de quelques pages où la mot Völkisch a été employé tel quel, le traducteur signale qu'il sera désormais traduit par le mot "raciste".
Il est clair, me semble-t-il, que le mouvement Völkisch était basé sur la race allemande à l'exclusion de toute autre, en particulier les Juifs. La composante raciste antisémite en est une de leur caractéristiques, mais elle n'en n'est pas la seule. Il est néanmoins indéniable qu'en répandant dans une frange non négligeable de la population des idées à caractère racial, exhalant la grandeur du peuple allemand (au sens large), le mouvement Völkisch a fait le lit du nazisme.