D’accord avec ta remarque, Narduccio, mais par « des gens aussi civilisés », je voulais simplement rappeler que nous n’étions plus aux temps anciens où il était fréquent de passer des peuples entiers au fil de l’épée…
En fait, comme l’indique François-Georges Dreyfus dans son ouvrage « Le IIIe Reich », la propagande n’explique que partiellement la fascination du nazisme. Celui-ci a incontestablement séduit un grand nombre d’Allemands appauvris, déclassés, humiliés par sa force de conviction face à un Etat faible, mais aussi, une fois au pouvoir, par ses réalisations.
En effet, on oublie trop souvent, maintenant que l’on insiste à juste titre sur l’Holocauste, que le régime nazi, quoique totalitaire, raciste et très répressif à l’égard des opposants, a :
- relancé l’économie allemande (le PIB passe de 148 milliards de dollars 1991 en 1933 à 273 milliards en 1944, soit un rythme de croissance bien supérieur à celui du Royaume-Uni où l’essor est aussi lié à la production d’armements à partir de 1938) ;
- amélioré la situation sociale (disparition du chômage, hausse des salaires, meilleures conditions de travail et de logement, loisirs de masse, une réelle impression d’égalité sociale…) ;
- restauré l’ordre, effacé l’humiliation du « Diktat » de Versailles, rassemblé le peuple allemand…
« De surcroît, écrit F.-G. Dreyfus, à la différence du totalitarisme bolchevique, le Reich s’est contenté du contrôle et de la direction de l’économie. Il s’est bien gardé de s’occuper de sa gestion, ce qui explique la réussite économique du nazisme face à l’échec économique du bolchevisme. »
Il conclut ainsi : « Comment Hitler et le nazisme ont-ils pu séduire tant d’Allemands de tous les milieux, de tous les âges et particulièrement la jeunesse ? La défaite, les souffrances de la guerre et de l’après-guerre, la vague du nationalisme favorisée par le Diktat de Versailles n’en donnent pas une explication suffisante. La réaction capitaliste contre l’avance du socialisme n’apparaît nullement dominante. Trois éléments ont joué.
- L’inflation, puis la crise ont laminé très largement la moyenne bourgeoisie allemande qui aurait pu être un vrai rempart libéral contre la nazisme. Cela explique l’impact de l’anticommunisme.
- La passivité des voisins de l’Allemagne ; ils ont laissé faire Hitler chaque fois qu’il violait les traités (Versailles ou Locarno) alors qu’à la moindre incartade on sévissait contre Weimar.
- Le charisme d’Hitler. C’était l’époque où un Churchill disait espérer que la Grande-Bretagne eût un homme de la trempe d’Hitler en période de périls… »