Post Numéro: 20 de Loïc Charpentier 19 Jan 2017, 14:31
Il y a un truc qui me chagrine dans ton approche, c'est l'escamotage (volontaire ?) de l'importance du volet idéologie politique, notamment, au sein-même de l'Armée Rouge; à ma connaissance, les commissaires politiques n'ont jamais existé dans la Wehrmacht. L'armée chinoise de Mao reprendra, d'ailleurs, le principe pour son propre compte.
Cela dit, la méthode avait, déjà, été inaugurée, lors de la Révolution Française, avec la mise en place des "Commissaires ou Ordonnateurs (civils) aux Armées", dont la présence se limitait, certes, aux états-majors, mais dont les rapports au Comité de Salut Public n'auraient rien eu à envier à ceux du NKVD (ou du GRU).
Jean-Bon-Saint-André, par exemple, Ordonnateur de la Marine, souhaitait installer une guillotine sur chaque vaisseau de ligne de l'Armée Navale, afin de châtier, en public, les faiblesses "révolutionnaire" des équipages (officiers confondus). La période, dite de "La Terreur" (1793-1795), est, probablement, l'exemple le plus flagrant de l'idéologie politique "convertie" en "outil militaire" (par des civils!), l'armée étant considérée, par principe, potentiellement factieuse, en raison de la nécessaire discipline, qui devait y régner, et l'indispensable autorité de ses cadres (impliquant une hiérarchie). La Révolution française rêvait d'un encadrement élu (provisoirement) par la soldatesque - elle s'y est essayée, mais le résultat avait été catastrophique -, souhaitait supprimer les corps d'élite (les canonniers-marins, par exemple), au profit d'une armée égalitaire (entièrement à la botte du pouvoir politique).
De son côté, l'Armée Rouge supprimera les grades (les Chinois feront de même, plus tard), mais les remettra, vite fait, en place, dès les premiers combats, ce qui avait, déjà, été, plus ou moins, le cas, en France, presque 150 ans plus tôt, où on s'était vite rendu compte qu'un grand gueulard inexpérimenté à la fibre patriotique "bon teint" ne pouvait, en aucun cas, remplacer, sur le terrain, un cadre considéré comme mou politiquement mais compétent dans l'art militaire! - situation qui s'avèrera d'autant plus flagrante dans la marine, qu'il fallait dix ans d'expérience pour former un officiel subalterne compétent, plus de 15, pour un officier supérieur!
Avec ce genre de détails, on est de plein pied dans le contexte idéologique au sein d'une armée nationale et de ses contradictions "techniques".