Post Numéro: 7 de Charrette 24 Aoû 2004, 14:49
Le Point du 5 août 2005, dans son numéro 1664, en pages 24 à 25, explique ce que fut la "face noire de la Libération" avec un sous-titre :
"Un tribunal révolutionnaire à Limoges".
"Pendant trois semaines, en 1944, à Limoges et alentour, une justice expéditive prononça 74 peines capitales. Enquête sur une page d'histoire méconnue"(par Hélène Pommier et Georges Châtain).
"Limousin terre d'épouvante". "C'est le titre du feuilleton que publie, à partir du 9 décembre 1953, le quotidien Le Populaire du Centre : une quinzaine d'épisodes pour "dénoncer les tueurs" de la Résistance et sa figure emblématique, le colonel Georges Guingouin, chef des forces FFI de Haute-Vienne, dont les 20 000 hommes sont entrés le 21 août 1944 dans Limoges. Sans effusion de sang : le général Gleiniger, commandant la garnison allemande, a signé sa reddition. La Milice et les collaborateurs les plus actifs ont décampé quelques jours plus tôt.
"Mais, les années suivantes, la vie civile a repris ses droits, et avec elle les affrontements politiques. C'est la guerre froide, et en Limousin, région enracinée à gauche, la lutte frontale socialistes-communistes. Georges Guingouin, ex-maire de Limoges, exclu du PCF pour "titisme" est la bête noire du patron de la SFIO régionale, Jean Le Bail, qui a tenu la Résistance pour une "farce grotesque" et entend bien anéantir le prestige de celui qu'il rebaptise le "colonel Massakrov". Cette verve furieuse a contribué à ancrer l'image d'un Limousin ensanglanté par une furie épuratrice.
"Qu'en est-il, en fait, ce 21 août 1944 ? A Limoges, c'est la liesse. La foule est aussi innombrable que lorsqu'en avril elle accueillait Pétain. "Il y en a, des femmes qui ont passé leur nuit à broder à la hâte un brassard à croix de Lorraine pour leur mari !" plaisante Claude François, qui, avant de devenir journaliste (sur France3 Limousin), faisait à l'époque ses débuts dans l'imprimerie. La prison s'ouvre, les résistants sont remplacés par les présumés collabos. Claude François se souvient de l'arrestation d'un commerçant du centre-ville, Dalpayrat : "C'était un pétainiste avéré. Lorsqu'il croisait les SS, il faisait le salut nazi. Il a été extrait de chez lui et emmené vers la prison..."
Plus bas l'article évoque les erreurs commises par les F.F.I. de Guingouin sur des personnes homonymes de collaborateurs ou d'innocents habitants qui eux n'avaient jamais collaboré avec l'ennemi. En voici un exemple fort précis :
"Des épurateurs improvisés prêchent le châtiment immédiat des traîtres. A Tulle, un avocat est fusillé dans la rue. Il sera réhabilité cinq ans plus tard. A Saint-Junien-la-Bregère, dans la Creuse, l'abbé Henri Cuenin, 36 ans, est exécuté dans son presbytère ; en fait, il aidait la Résistance locale. Dans les monts d'Ambazac, un garçon de 18 ans, soupçonné d'être le dénonciateur d'un maquis liquidé par les SS est attaché à une voiture et traîné jusqu'à ce que mort s'ensuive. L'affaire la plus énigmatique est l'exécution, dans le nord de la région 5 (Haute-Vienne, Corrèze, Creuse, Dordogne, Indre), d'Albert Chichéry. Cet industriel du Blanc, créateur de l'historique vélo Dilecta, avait été député radical, bref ministre en 1939 du gouvernement Raynaud, puis en 1940 du premier gouvernement Pétain. Sans être résistant actif, il avait établi des contacts avec le maquis FTP, qu'il avertissait des mouvements de troupes allemandes, et pour lequel il négociait le ralliement du 1er régiment de France, embryon d'armée vychissoise cantonné là. Il fut enlevé le 15 août 1944 par un commando de l'Armée secrète venu du Limousin et abattu d'une balle dans la nuque. A ses obsèques, un détachement FTP vint rendre les honneurs".
Je pourrais encore citer d'autres témoignages évoquées dans Le Point sur cette histoire du Limousin. Mais si vous en souhaitez faites-le moi savoir.