1er épisode.
J'avais dix-sept ans un mois et dix jours, lorsque les troupes allemandes, venaient nous rendre visite pour la deuxième fois en 36 ans. C'était le 10 mai, et dans l'après-midi,nous étions déjà loin dans la France.
Lors de ma présentation je relatais que ma date de naissance était inscrite dans les quatres premiers chiffres de l'alpabet numérique, mais dans le désordre.1423.C'était donc le 1 avril 1923.
Etrange départ en exode en France pendant deux mois avec mon frère, mes 2 cousine et cousins, et un vieil oncle.Nous partions en voiture Opel, une allemande... Mes parents partent,à vélo avec ma soeur. Mon frére est à l'université de Liège. La famille est décomposée et enfin recomposée 4 mois plus tard.
Mon emploi au service de ma commune, au service du ravitaillement, mon " travail obligé " pour l'occupant, et celui de l'ombre, aussi. La libération guide mes pas vers une autre destinée.
Je me suis rendu à Virton au" Civil affair", sur les conseils d'un leader du Tank Bat de la 28e Inf Div, le Capitaine Robert L. Lybarger.
A Virton, les responsables m'ont expliqué que je pouvais être engagé immédiatement au RTO, Raylway Tansportation Office. Je me suis donc rendu à Verdun, que je connaissais très bien, et où nous allions souvent visiter les champs de bataille.
Pendant quelques temps j'ai travaillé à Conflans-en-Jarnisy, qui était une importante gare de formation et de transit, qui comportait 54 voies. Notre bureau de transmissions était à mi-voies. S'y pressaient des trains chargés d'essence, de munitions, de véhicules de tous genres, blindés, camions, jeeps, ravitaillement, bref de tout ce que nécessitait le front.
2e épisode.
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J'avais égaré cette demi-page qu!un journal m'avais consacré pour le 50e anniversaire, dont je reprends deux colonnes. et je réédite le tout.
En quoi consistait mon travail. Je relevais toutes les données correspondant aux convois pour les transmettre par code secret au front.C'était un travail, très méticuleux et aussi dangereux, car il fallait regagner la waggon-office, traverser les voies, surtout de nuit, escalader les échelles, ou passer sous les tampons. Il faisait très froid.
Pendant les alertes, comme les soldats de garde, circulant entre chaque rame, je restais à mon poste et continuais mon travail, la chasse américaine éloignait l'ennemi, pour protéger cet immense dépôt.
Mais rapidement, je suis rentré à Verdun, et suis devenu assistant du "town major". Là, mon rôle consistait à organiser l'hébergement et la restauration des officiers américains en transit. J'étais, en outre, chargé de recruter du personnel-- chauffeurs, hommes de peine-- pour accompagner les troupes en Allemagne.
Fin mars 1945, notre détachement, le 6000 Hqs Special Troops, du 12th Army Group du général Bradley, était transféré à Wiesbaden. Là, nous avions pour mission de réquisitionner des hôtels, des restaurants, et des logements pour les troupes d'occupation.
Ce n'était le métier le plus agréable. Certains hôtels étaient occupés par des sinistrés et nous devions les expulser. Des quartiers résidentiels étaient clôturés, et tout le monde devait sortir avec l'indispensable mobilier pour s'installer ailleurs. Tout ne s'est pas passé au mieux. Dans un de ces quartiers, deux vieilles personnes ont fait de la "résistance", et j'avais cependant voulu les aider en trouvant un appartement en ville.
Et puis un jour le major Bill Brooks, me demande d'en finir. Je suis allé un beau matin, les portes étaient closes, la clef sur la serrure intérieure.
Pas de réponse,j'ai cassé la vitre avec mon révolver et j'ai tout de suite compris qu'un drame s'était joué.Et je les ai découvertes pendues.
Et je me sentais coupable et pourtant...
Pendant deux ans encore, j'ai vécu à Wiesbaden et pratiqué le même job. Mais cette fois pour héberger des familles entières. Nos quartiers réquisitionnés étant fonctionnels, je poursuivais ce travail que j'aimais. J'étais bien payé, je faisais partie de l'état-major de Bradley, la ville était très intéressnte, légèrement bombardée, la contrée était merveilleuse. bon nombre de personnes payaient très cher pour y passer des vacances et jy étais en permanence, tout en étant rénuméré.
Mais, fin avril 1947,mon père étant gravement malade, je suis rentré au pays. J'aurais bien aimé rester dans l'armée américaine et devenir Américain.
Mais je le suis resté de coeur et d'esprit depuis plus de 63 ans.
Cordialement.