Post Numéro: 38 de norodom 16 Sep 2015, 16:21
Bonjour,
Je vais être long... mais cela s'impose !
Tout d'abord j'adresse un solennel coup de chapeau à Denis (Denma) qui est parvenu seul à découvrir Chantrigné (Mayenne), endroit exact où son grand-père a été fait prisonnier le 17 juin 1940 à 22 heures.
Le récit de Auguste Grauwin, dont le parcours est similaire à celui du grand-père de Denis est tout à fait remarquable et riche d'enseignements.
Pour ma part, je me sens honteux et je me vois mériter d'avoir l'air con, pour ne pas avoir pensé à cette localité de Chantrigné que je connais puisqu'elle est répertoriée dans la liste des communes afférentes à mes études généalogiques sur mon patronyme dans l'Orne et la Mayenne.
La cause de ma bévue est que sur la fiche de Emile Leroy j'ai lu Chatugnier !
Je crois nécessaire de faire un retour en arrière pour dissiper quelques brumes nuageuses qui ont fait leur apparition au cours de nos derniers échanges
En page 3 hier, j'ai attiré l'attention à titre d'information, sur un sujet évoqué sur "Militaria1940"
C'est bien dommage que le récit du mouvement évoqué ne soit plus consultable car nous aurions peut être appris ce que nous savons aujourd'hui... je passe sur les commentaires stériles qui ont suivi.
Puis Pierre (Tri martolod) a mis l'accent sur l'itinéraire Dunkerque-Evreux, via l'Angleterre et Brest
Cela m'a laissé dubitatif et voici pourquoi :
Voici un rappel d'extraits que Wikipédia nous apprend sur le parcours du 110 ème R.I.
"Poche de Lille intégré dans le Groupement Molinié....
Une série de combats de retardement sont livrés en direction de Lille. Les éléments à pied du régiment, pris au piège, défendront Loos-les-Lille jusqu’à épuisement des munitions le 31 mai.
Seul le PC et les éléments motorisés arrivent à Dunkerque et parviennent à s’embarquer pour l’Angleterre le 1er juin et sont débarqués le 5 juin à Brest en vue de poursuivre le combat".
Donc, il faut bien l'admettre, un certain nombre de soldats qui ne se trouvaient pas à Lille ont emprunté l'itinéraire suivant, ce qui, il faut bien le reconnaître, présente un aspect exceptionnel...
Embarquement à Dunkerque(1er juin) > Folkestone (2 juin) > Londres > Plymouth (3 juin) > Brest (3 juin)
Départ de Brest (4 juin) > Evreux (5 juin), trajet par le train _ Evreux, terminus de cette petite promenade d’agrément.
Ensuite, Evreux > Chavigny- Bailleul à environ 10 km d'Evreux, trajet en bus
Chavigny- Bailleul ( du 5 au 9 juin)
Auguste Grauwin écrit :
<< Nous étions dans cette région pour nous reformer et être dotés de nouveaux matériels et de nouveaux
équipements.
Ce séjour à Bailleul est encore marqué par la constitution d’un bataillon de marche avec les restes des régiments de la division. >>
Ensuite départ de Chavigny- Bailleul ( 10 juin) > Francheville (11 juin) > Les Genettes (11 au 14 juin)
Départ Les Genettes (14 juin) > Saint-Germain le Vieux (14 au 16 juin) > La Ferté-Macé-Orne (17 juin)
Auguste Grauwin écrit :
<< Nous étions à ce jour le 17 juin, date qui restera tristement célèbre pour moi, puisque douze heures plus tard, j’étais prisonnier.>>
Et encore des propos tenus par Auguste Grauwin, propos similaires que j'ai moi-même souvent entendus de la bouche de nombreux témoins de cette époque...
<< C’est à mon réveil que j’apprends que la France demande l’Armistice, la nouvelle à laquelle je m’attendais depuis plusieurs jours ne me surprend pas ; je dois avouer que nous l’accueillons tous avec la plus vive satisfaction. Nous avions en effet par-dessus la tête de cette guerre dans laquelle nous n’avions été que des bêtes traquées, fuyant précipitamment pour éviter des encerclements. Déjà tous, nous faisons des projets de retour. Malheureusement, les événements se sont chargés de nous démontrer qu’ils étaient très prématurés.>>
Toujours concernant le 17 juin 1940, Auguste Grauwin écrit :
<< Vers trois heures, nous apprenons que l’ordre de départ ne va pas tarder à arriver >>
S'agit-il là de l'ordre de mouvement donné le 17 juin ?
La destination est Chantrigné (Mayenne) et c'est là que le conteur de cet exraordinaire parcours est fait prisonnier le 17 juin 1940 à 22 heures dans les circonstances qu'il décrit avec une belle précision.
Cordialement,
Roger