Le français écrit des année 40 n'est guère différent du français "correct" actuel. Dans la langue parlée, il y a, selon les couches de la population, l'emploi fréquent d'un argot plutôt riche (et assez parisien) mais considéré comme un peu désuet de nos jours - cf. les dialogues de Michel Audiard qui datent de la fin des années 50, comme dans les Tontons Flingueurs, qui en sont un parfait exemple.
En 40, çà fait un bail - depuis la Der des Ders, en fait - que les patois sont en perte de vitesse et ne sont plus utilisés qu'au tréfond des campagnes françaises, hormis des régions particulières comme l'Alsace et la Lorraine sarroise, pour des raisons spécifiques, le Pays Basque (c'est une langue) et le basque est têtu. En Bretagne, contrairement aux croyances, seuls les "bouseux" parlent encore le breton - en raison d'une "chasse impitoyable" de la République Française qui interdisait son usage dès l'école primaire - on parlait à l'époque de "mode de ville", où il était de bon ton de ne parler que français, sachant que la "mode de campagne", qui s'exprimait en breton ou en gallo, était l'apanage des paysans et des simples pêcheurs - j'ai encore connu cette époque!
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La vrai période Zazou se situe durant l'occupation allemande et non après-guerre. Comme pour les Incroyables et les Merveilleuses du Directoire mais pour des raisons bien différentes, c'était une attitude contestataire.
L'Occupant allemand était couramment appelé, le Fritz, le Frisé (déformation du précédent) ou le Schleu - terme qui trouve son origine dans une tribu berbère du Maroc, réputée pour sa férocité au combat-. Le gourbi ou le bled font déjà partie du vocabulaire courant depuis un bail...L'Algérie est française depuis les années 1830, le Maroc et la Tunisie sont des protectorats et on parle de "l'Empire" quand on évoque les colonies africaines ou asiatiques - sauf qu'on parle de Cochinchine, du Annam ou du Tonkin - Ma Tonki-ki-ma-Ton-ki-ki-ma-Tonkinoise... (cf.le fim "Un Singe en Hiver") - plus que d'Indochine qui est une dénomination post-1945.
La Trilogie de Pagnol (Marius, Fanny, César) est également une bonne source - quoiqu'au langage un peu trop châtié - pour le "parler" des années 30/40. Attention aux reportages de l'époque, les voix de tête très particulières des commentateurs et des intervenants - nécessitées en partie par la qualité des micros - ont disparu dans les années 50. En plus, un député qui s'exprimerait, de nos jours, comme un de ses collègues de la fin des années 30, risquerait, au mieux, de passer pour un huluberlu. La télévision n'existait pas et la radio était encore un phénomène relativement nouveau. Jean Sablon a été un des premiers chanteurs français a utilisé, après-guerre, un micro sur scène. Une bonne partie des gens l'avait, alors, classé "chanteur sans voix" et "petit joueur"!...Bref, il trichait!... Alors qu'on était déjà au début des années 50.
Tout une époque!...Où ais-je mis mon déambulateur?... Saperlipopette!