Consultation des documents aux archives

Je ne sais pas si les choses se passent mieux ailleurs mais il est pénible de constater que au bout de 2 ans de crise de COVID et un retour théorique à une certaine normalité à peu prés partout dans les restaurants, clubs et bibliothèques les Archives Départementales du Puy-de-Dôme n'ont toujours pas rouvert selon les modalités "d'avant" (sachant en plus qu'elles avaient fermé un an avant de rouvrir juste au moment où a déboulé la grippe chinoise du pangolin) :
la limitation de places de 33 sur 66 de mémoire a bien été levée
mais
un jour d'ouverture en semaine sur cinq au public a été purement et simplement supprimé
et surtout en plus de la moindre amplitude d'ouverture, c'est désormais uniquement sur réservation et rendez-vous à l'avance pour les 4 jours restants
autrement dit une façon de limiter voire dissuader le public de s'y rendre

[Dog Red]

Y-a-t'il une sournoise volonté cachée derrière ces limitations selon toi ?
Volonté financière ? Politique (de limiter l'accès aux sources) ? Les deux ?

Depuis une paire d'années, de nombreux chercheurs français interpellent activement le milieu devant une volonté de limiter l'accès aux archives.
Volonté d'empêcher leur usage critique.

As-tu un avis à ce sujet ?

Y-a-t'il une sournoise volonté cachée derrière ces limitations selon toi ?
Volonté financière ? Politique (de limiter l'accès aux sources) ? Les deux ?

Depuis une paire d'années, de nombreux chercheurs français interpellent activement le milieu devant une volonté de limiter l'accès aux archives.
Volonté d'empêcher leur usage critique.

As-tu un avis à ce sujet ?

Si la situation est celle de la Belgique, je ne suis pas sûr qu'on cherche "à nous cacher des choses", mais que, plus prosaïquement, ces services soient en sous-effectif chronique (surtout qualifié). On engage de moins en moins de fonctionnaires statutaires, d'autant qu'une partie de la filière archive est composée d'universitaires avec des barêmes hauts qu'on s'emploie à limiter au maximum. Comme pour les musées, des institutions qui ont été "calibrées" à une ère disparue (les trente glorieuses), ont de plus en plus de mal à tourner correctement et sont obligées de se fixer des objectifs toujours moins ambitieux...

Volonté financière ? Plutôt nécessités dans ce cas, mais j'en doute...
Volonté politique de limiter l'accès aux sources ? Je crois que c'est le cadet des soucis des politiques, et un non-sens pour les archivistes.
Je rejoins plutôt Carlo qui évoque un sous-effectif. Et j'ajoute une autre raison que je connais pour la vivre dans mon service : les gens qui travaillent en salle de lecture, les présidents de salle notamment, sont aussi ceux qui collectent et classent les archives en amont, ce qui est d'ailleurs leur tâche prioritaire. Selon l'état de traitement des fonds et la taille du service, ces tâches sont indispensables pour assurer la communication de ces documents.

Il s'agit d'un cercle vicieux : plus on classe, plus on communique ; plus on communique, moins on classe...
Peut-être les AD63 sont-elles devant ce dilemme ?

Aux AD31, nous continuons également à pratiquer la réservation des places et même de certains documents sur rendez-vous. Mais c'est paradoxalement pour améliorer le service rendu, car suite au récent déménagement de près de la moitié de nos fonds, ceux-ci se trouvent désormais de l'autre côté de Toulouse et ne sont plus accessibles immédiatement...
Pascal

[Dog Red]

Si la situation est celle de la Belgique, je ne suis pas sûr qu'on cherche "à nous cacher des choses", ...

L'appel était français... ...et portait plutôt sur les guerres d'Algérie et d'Indochine que sur la 2GM.
L'usage des gaz dans les grottes algériennes et l'accès à ces archives en particulier semble faire couler de l'encre dans le milieu ces derniers mois.

Pour en revenir aux archives de la période ww2 je vous fais part de mon expérience d'ancien combattant :
- peut-être que "on nous cache des choses", mais pas tant que ça. S'il en reste bien des bribes qu'on ne puisse consulter cela n'a rien à voir avec les britanniques qui organisent la version officieusement officielle ou le mensonge d'état, comme vous voudrez. Idem pour les archives allemandes qui adorent gémir, demander de participer financièrement au fleurissement et refusent toute Kollaboration sous des prétextes fallacieux. En effet, il y a toujours le risque de sortir un nazi du placard, même pour la campagne de 1940.
Donc mention TB pour nos fonctionnaires nationaux et territoriaux !
- depuis 15 ans évolution globale plutôt positive pour le lecteur, avec mention particulière pour le SHD Vincennes que je trouve de plus en plus compréhensif malgré sa taille.
- situations contrastées en "régions". Au bon vouloir des chefs de postes. Pour les AD88 c'était infernal dans le passé (une chef de salle probablement en retraite et qui tenait plus du pion ou du surgé d'internat), mais tout va très bien maintenant. Parfait aussi aux AD67, avec de très beaux locaux neufs. Même impression aux AD68 avec, en prime et sans supplément, un voyage gratuit dans des bâtiments roumains néostaliniens mal entretenus et une cour malpropre. L'hygiaphone d'avant le covid vaut le détour si je puis dire, et permet de consulter à l'aise sans aucun entretien bucco-dentaire. Mauvaise pioche aux AD54, qui sortent d'un déménagement vers un nouveau site. Ces locaux réaménagés à grands frais sont le parfait exemple du gaspillage géré par les irresponsables : casiers mal foutus, places de consultation où les photos sont difficiles à faire et si j'ai bien compris c'est un peu pareil dans les coulisses d'où des contraintes pour les consultations ... Personnel plutôt sympa, heureusement. Je ne sais pas s'il faut toujours réserver à l'avance mais les consignes étaient plutôt rigides.
- une interrogation pour le DCAJM à Le Blanc. Il parait qu'il n'aurait pas rouvert (?). A vérifier.
JD

oui en effet les fameuses Archives Allemandes, qu'on ne nous parle plus de la super-organisation teutonne....
Merci bien de ce retour comparatif intéressant entre Archives Départementales de Haute-Garonne, d'Alsace, Vosges et Meurthe(-et-Moselle) la palme à JD qui a écumé au moins 4 A.D. non comptées Vincennes et Le Blanc

j'ai regardé par curiosité le site des A.D. 03, à part un jour en moins passé à la trappe, il ne semble pas question de restrictions sur le mode de réservations et rendez-vous pris à l'avance

il semble régner une certaine disparité avec des départements qui sont peut être plus "sous tension" que d'autres (historiquement plus urbains ou pôles centres décisionnaires, donc plus grosse démographie) par l'effet de l'invasion voire la ruée des généalogistes donc la "démocratisation" d'accès aux archives, je me demande si il n'y pas comme un réflexe 'élitiste' dans ce milieu, je me souviens de quelques réactions de Jerôme Croyet Archiviste de celles de l'Ain aujourd'hui au Musée de l'Emperi qui s'emportait contre un certain état d'esprit voulant restreindre le partage d'un bien public

Effectivement les amateurs de généalogie sont nombreux et parfois pénibles, surtout quand ils ne comprennent pas qu'il n'y a pas un dossier tout prêt qui les attend. Autre catégorie casse-pieds, les quémandeurs de documents sur les droits d'eau ...
Vu les différences d'appréciations concernant l'ouverture des archives "sans cible" je confirme que tout repose sur la bonne volonté du chef départemental.
Dans ce panorama, n'oublions pas les archives nationales, (nouveau) site de Pierrefitte. Bâtiment aussi moderne que les microfiches sont anachroniques et malaisées à consulter !
JD

Bon Gretsch nous a précisé qu'il ne fallait pas qu'on dise trop de mal des généalogistes qui nous font vivre

Par curiosité en poursuivant mon Tour de France des A.D. je vois que nos voisins Foréziens ont gagné le gros lot

En raison des travaux de rénovation du bâtiment la capacité d'accueil de la salle de lecture est réduite à partir du mardi 22 mars 2022 jusqu'au mois de juillet 2023.

Le public est accueilli dans un espace préfabriqué, restreint, installé sur le parking des visiteurs des Archives départementales, rue Barrouin à Saint-Etienne.

Les conditions de consultation et d'accès à la salle de lecture sont les suivantes :

Ouverture au public du lundi au vendredi, de 08 h 30 à 12 h et 13 h à 17 h.
La réservation est obligatoire, par téléphone uniquement au 04.77.93.58.78 : attention le nombre de place est fortement réduit !
La fréquentation de la salle de lecture est limitée à 3 demi-journées par semaine par personne.
La reproduction des documents (numérisation et photocopie) à l'aide du matériel des archives n'est plus possible : il est conseillé de se munir d'un appareil photographique.
La consultation des documents de grands formats (plans cadastraux rénovés... ) s'effectuera sur réservation le vendredi matin.
Ces conditions peuvent évoluer. Merci pour votre compréhension.



par contre du côté de Guéret ça Marche vous pouvez creuser
https://archives.creuse.fr/archives-pratiques/venir

on voit la différence de tension entre départements ruraux et urbains

Les Archives de Haute-Garonne ont été amenées à restreindre leurs conditions d'accès de juin 2021 à février 2022 en raison du déménagement que j'ai évoqué plus haut. Le site principal, où se fait l'accueil du public, va connaître des travaux d'agrandissement et d'adaptation durant les cinq années à venir et cela va évidemment entraîner de nouvelles conditions d'accueil... Un mal nécessaire qui suscite pas mal de questionnement sur l'organisation de cette période.
Les mesures prises par les AD42 me semblent raisonnables au vu du contexte. Les AD31 ne feront sans doute pas mieux...

Sinon, je maintiens que sans les généalogistes, les salles de lecture seraient vouées à disparaître. Depuis la mise en ligne de nombreux fonds et documents numérisés, qui permet de toucher un public très large et international, la fréquentation de celles-ci est en baisse constante et la question se pose de leur "rentabilité" : leur fonctionnement et leur entretien représentent un coût que certains conseils départementaux peuvent juger excessif voire inutile. Les généalogistes sont donc un mal nécessaire, tout comme les chercheurs de droit d'eau, bien que je rejoigne JD à leur sujet.

Les archives publiques sont ouvertes à tous sans discrimination, par définition. Et ce depuis leur création en 1796 - pour ce qui est des Archives départementales - conformément à l'esprit de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789.

Pascal