huck a écrit:Pour revenir au sujet, j'ai entendu plusieurs fois qu'une certaine latitude était laissée aux officiers et sous-officiers quand à la réalisation sur le terrain d'un objectif précis. En tout cas, il n'y aurait pas d'égal dans d'autres armées sur la part laissée à l'initiative. Dans la discussion, avec un ancien officier, il a été dit que cette façon de faire daterai de 1870 et peut-être d'avant, et qu'elle est toujours de mise dans l'armée actuelle.
D'une certaine façon, çà remonte même à une période plus ancienne, celle de Frédéric II de Prusse.
L'instruction des cadres, officiers et sous-officiers, et même de la troupe, dans l'armée allemande, a toujours été menée assidument. Jusqu'à l'automne 1944, par exemple, les unités étaient régulièrement retirées du front et passaient plusieurs semaines à réviser
intensivement les "fondamentaux", ensemble puis par spécialité et grade. De surcroit, chaque subalterne était "initié" aux fonctions de deux grades supérieurs, de façon à pouvoir, si nécessaire, assurer l'intérim sur le terrain. Inversement, les officiers de haut grade étaient capables d'assurer les fonctions de la troupe - c'est ainsi qu'on retrouvera le Kommandeur d'un Art.-Rgt., lors du premier siège de Tobrouck, fin 1941, jouer les pourvoyeurs sur une pièce de 10 cm K 18 alors que les chars britanniques viennent de surgir au milieu de ses batteries. Raus, général de son état, autrichien mais incorporé dans la Heer après l'Anschluß, insiste sur l'importance de cette instruction, seule capable de permettre au combattant de ne pas se retrouver comme une truffe face à une situation inattendue.
L'autonomie d'action et de décision descend jusqu'au peloton (Zug) ou même la section. Si, évidemment, dans un cadre militaire, la contestation des ordres supérieurs n'est pas vraiment la bienvenue - sachant que ces mêmes ordres ont déjà été débattus à plus haut niveau - tous les échelons subalternes sont (vivement) invités à faire preuve (très librement) d'initiative pour mener à bien la mission. Même l'avis-terrain de l'Unteroffizier (caporal) est pris en compte. D'où la grande importance de l'Ancien (vétéran) qui manquera à la fin du conflit, en raison des pertes. Ces dispositions n'existaient pas vraiment dans l'Armée française - sauf sur initiative personnelles des chefs de corps - et, pas du tout dans l'armée soviétique, où le sous-officier est juste un grade et le pouvoir décisionnaire limité aux seuls officiers - c'est aussi le revers de la médaille de la structure politique (d'où l'influence des commissaires politiques)-. On retrouve une démarche assez similaire dans l'US Army où les sous-officiers "supérieurs" sont (par "tacite déléguation") les vrais décisionnaires-terrain.
Cette capacité d'adaptation se retrouve dans les Kampfgruppen (groupes de combat) qui seront constitués régulièrement tout au long du conflit, et dont l'importance peut être très variable, de quelques centaines d'hommes, quelques véhicules et pièces d'artillerie à l'équivalent d'une division.