Dog Red a écrit: A la même époque, l'industrie allemande agonise, bientôt la version Ausf.J du Pz.IV où même la rotation électrique de la tourelle va disparaître
Bonjour,
La suppression du circuit électrique de rotation de tourelle, sur le Pz. IV Ausf. J, n'était nullement le résultat d'une industrie militaire agonisante, mais la conséquence directe de la décision d'intégrer un réservoir de carburant supplémentaire de 200 l, dans la partie arrière gauche du compartiment moteur, afin d'augmenter son autonomie. De l'
Ausführung A à
H inclus, le Panzer IV intégrait, à cet emplacement, un moteur thermique DKW ZW 500 ou 600 - dont le pot d'échappement extérieur était disposé sur la gauche du blindage arrière -, qui entrainait un génératrice électrique CC (courant continu), qui, elle-même, alimentait - c'était son unique fonction - le moteur électrique de rotation de tourelle. Ce système électrique était doublé par un commande de secours mécanique manuelle (volant & pignonnerie). En supprimant l'assistance électrique et en étageant correctement la pignonnerie (2 vitesses) de rotation manuelle de la tourelle du Pz.IV, sa manoeuvre ne posait pas de problème particulier au pointeur-tireur, hormis l'effort physique nécessaire; je n'ai pas eu le temps de vérifier, mais cette commande manuelle devait être, très probablement, doublée, côté pourvoyeur (à droite de la culasse), libérant, ainsi, le "chef de pièce" d'une partie de la "corvée".
La rotation de la tourelle sur 360°, hormis pour faire joli, lors de démonstrations, ou dans des cas bien précis exigeant de la positionner à 180°, au combat, se limitait, en général, à un secteur d'environ 30°, sur l'avant, entre les deux extrémités des garde-boue, afin de présenter, au maximum, la blindage le plus épais à l'adversaire.
La suppression de l'assistance électrique était possible sur le Panzer IV, mais inenvisageable sur le Panther ou les Tiger I & II, d'une part parce que cette installation moteur-thermique auxiliaire/génératrice était spécifique au premier cité, d'autre part, en raison du poids de leurs tourelles, même si tous disposaient d'une commande manuelle de secours.
Ironiquement, la décision d'ajouter un réservoir supplémentaire (dont l'installation se fera attendre!) sur le Pz. IV coïncide, à peu de chose près, avec le début de la pénurie de carburant qui frappera la Wehrmacht. Au passage, l'importance des vapeurs d'essence concentrées dans des réservoirs aux 3/4, à moitié, voire moins remplis constituera, clairement, une source supplémentaire de risques d'incendie et/ou destruction des Panzer, à partir de la fin du printemps 1944.
Sinon, ne jamais perdre de vue que le Panzer IV était amené à disparaitre "rapidement" de la production, le Panther étant sensé armer, à terme, les deux Panzer-Abteilungen d'une Panzer-Division Typ 44. Cela dit, il avait fallu douze mois bien tassés pour parvenir à constituer une seule Panther-Abteilung, au sein de chaque division blindée. Les Panzer IV Ausf. F/2 à Ausf. J inclus n'ont, toujours, constitué qu'un palliatif pour répondre, dans l'urgence, à une situation d'infériorité technique... Le Panzer III s'étant avéré incapable d'accepter le 7,5 cm KwK 40 L/43 dans sa tourelle ; la gestation du Panther avait exigé 18 mois, sa mise au point, un bon semestre supplémentaire, courant 1943, sa production en masse n'intervenant, réellement, qu'au printemps 1944; à ce moment-là, trois usines (MAN, DB, MNH) consacre l'essentiel de leurs moyens à sa production, alors que, à l'inverse, celle du Pz. IV (à tourelle) est, uniquement concentrée sur la Niebelungen-Werke (Vomag ayant arrêté d'en assembler, en mai 1944).
Dog Red a écrit:Une tentative d'explication :
le système Wet est adopté par les Américains en 1944, une nation à la puissance industrielle qui peut tout se permettre pour ses boys.
Avec le retour d'expérience des combats, dès l'été 1943, force avait été de constater que le nombre de Sherman, victimes d'une explosion de leurs munitions, suite à un impact, dépassait largement le pourcentage admissible, révélant une réelle faiblesse de conception. Dans un premier temps, le remède consistera à rajouter des plaques de blindage supplémentaires de 1 inch (2,54 cm) , à l'extérieur, sur les flancs de caisse, en regard des casiers à munitions ; c'était valable pour le rack gauche et les deux autres, sur le flanc droit. De plus, le blindage de ces trois casiers, plus celui, disposé derrière le passager "assistant driver", installé à la droite du conducteur, et du casier "d'urgence" de 8 coups, dans le "panier" de tourelle, sera fixé à 1/4 de inch ( 6,35 mm), tandis que les obus encartouchés, jusque là, "clipsés" sur la paroi intérieure de la tourelle, seront supprimés. En parallèle, la disposition des râteliers sera entièrement revue, en les disposant, au maximum, dans le bas de caisse, naturellement, mieux protégé, mais l'habitacle d'un blindé étant ce qu'il est, la solution avait ses limites. La solution passera par un conditionnement "humide", à base de flotte, dans laquelle trempaient les cinq faces du "quadrilatère" (sauf l'ouverture intérieure donnant accès aux munitions, évidemment; en gros, chaque casier avait droit à son envellope, avec de la flotte au milieu. Les dix râteliers (100 coups, au total) sur le plancher de caisse, nécessitaient 37,1 US gallons (3,79 litres par excès... 3,79 x 37,1 = 14 litres), plus un gallon supplémentaire, pour le casier d'urgence de 4 coups, sur le plancher de tourelle, soit 1,38 litres de flotte par coup, dans un Sherman armé d'un 75 mm, 1,95 litres, pour le même armé d'un 76 mm (36,6 gallons (138 litres) pour 71 coups. C'étaient, tous, des circuits isolés, sans circulation interconnectées. Pour éviter l'oxydation des parois métalliques, la flotte était additionnée d'anti-rouille, et pour les conditions hivernales, elle contenait, également, un antigel. Au final, la solution "Wet" (repérée par un "w") était moins lourde, y compris financièrement, qu'un remaniement et un renforcement complet du blindage des flancs des M4. L'étude du "Wet", débutera en septembre 1943, les sept premiers châssis modifiés (pour essais) ne seront disponibles qu'en février 1944 , la production en série des "Wet" - sauf le Sherman 105 mm qui, lui, se contentera de casiers "secs" à blindage renforcé - semble avoir débuté au début du printemps 1944.
La solution "liquide" adoptée par l'US Army n'avait pas de raison d'être dans la Panzerwaffe, où l'organisation des casiers de munitions, dans l'habitacle des chars, sans pour autant empêcher les explosions accidentelles, avait été mieux conçue, dès leur conception.
Il n'est pas question, ici, de jouer à qui, de l'US Army, de la Heer ou de la RKKA avait "la plus longue", mais, sur ce seul point, la distribution et la protection des casiers de munitions sur les M3 & M4, les américains s'étaient quelque peu loupés, avant d'y remédier, plutôt, efficacement (et à moindre coût!).