Dog Red a écrit:Patrick.Fleuridas a écrit:Le comportement d'un obus perforant destiné à percer un blindage reste-t-il performant sur une couche de béton ? Alain a partiellement répondu en précisant que le béton s'effritait sans doute, mais pour percer réellement il faut alors que le deuxième obus "tape" au même endroit... Qu'en est-il d'un panzerfaust ?
Je laisse le soin à Alain de développer l'aspect "obus antichars" qu'il a abordé.
Concernant le projectile à charge creuse tiré par le
Panzerfaust, celui-ci, à l'impact, concentre l'explosion en un point sur lequel s'applique une augmentation rapide et brutale de la pression et de la température provoquant un jet de métal en fusion à l'intérieur du blindé. L'équipage est horriblement mutilé et carburants et munitions prennent feu et explosent détruisant le blindé.
Si l'impact est anticipée avant d'avoir atteint le blindage, l'explosion est sans effet notable pour l'équipage et le blindé. C'est le rôle des écrans en treillis métalliques sur les chars russes que l'on aperçoit notamment sur le IS-2 durant la bataille de Berlin. Les Américains emploient souvent des sacs de sables ou d'autres protections classiques telles que éléments de chenille, roues, caisses... voire, ponctuellement je pense, en fin de guerre le béton déjà évoqué.
Un prototype du Sherman avec de lourds blindages supplémentaires "
Plastic Armor" remplis de sables/graviers/goudron, etc. sera testé sans jamais connaître d'usage opérationnel (cf. photo ci-dessous).
Dès lors, on pourrait en déduire que le béton va anticiper l'explosion de la charge creuse et protéger le blindage. Mais vu le caractère friable du béton et sa relative épaisseur... je serais tenté à préférer les sacs de sable... vu de mon PC, confortablement installé dans un fauteuil.
Source: world of tank
Pour faire simple , on peut cataloguer les obus en trois catégories :
- obus explosifs, qui provoquent un énorme souffle et qui projettent des petits éléments métalliques . Ces obus n'ont qu'une perforation très limitée sur un blindage solide , mais peuvent tuer d'un coup un chef de char hors de sa tourelle , ou rien que par l'impact projeter le blindé sur le coté . On peut aussi parler de tôles froissées , dechenillages , ventilateurs bloqués , equipage sonné , bref , beaucoup de paramètres qui peuvent intervenir sur la mobilité du blindé , mais qui ne determinent en général qu'une immobilisation de courte durée , et pas une destruction ( ceci dit , un impact direct d'un 155 , a moins de 100m sur un blindé , doit faire pas mal de dégats aussi bien a l'intérieur qu'a l'exterieur .
- Obus a tete perforante , blindée , renforcée au tungstene ou molybdene etc . La on compte sur la vélocité et l'energie apportée en un point d'impact le plus réduit possible . L'objectif est d'aller en force sur le blindage adverse , le traverser et ensuite exploser . Toutes les nations utilisaient ce type d'engin en début de guerre . Les fusils antichar sont par exemple basés sur ce principe .
Pour imager , prenez une motte de beurre . Vous allez tenter deux opérations : l'une va être de laisser tomber votre poing sur la motte de beurre , l'autre de prendre une aiguille dans votre main et la planter avec la même force .
Dans un cas vous allez en avoir plein les mains , et le beurre se sera répandu , mais il restera une couche sous votre main . Dans le second , vous aurez traversé le beurre sans problèmes .
- Obus a charge creuse , la , un phénomène physique fait qu'a l'impact , une "lance de métal en fusion" traverse le blindage et se répands a l'intérieur .
( je précise qu'il existe plein d'autre variantes d'obus , mon objectif n'est pas d'entrer dans le détail )
Le fait d'augmenter l'épaisseur du blindage par béton ( parfois armé ) a un impact sur les deux dernières catégories . L'attaque en force va avoir plus de blindage a franchir , et la lance de fusion va rencontrer une première couche a base de sable ( donc silice ) qui va entamer sa vitesse de progression , puis ensuite rencontrer de l'acier . Dans les deux cas , le béton placé sur le char va en souffrir .
Avec une attaque en force, on va constater un trou minime , mais qui , selon l'endroit et la consistance de la colle ( comprendre mélange sable/ciment ) peut générer des fissures ( ou une explosion ) qui vont finir par "décrouter" le char avec les cahots du terrain lors de ses mouvements suivants , ou lors d'un autre impact . Avec un attaque a charge creuse, le béton va se vitrifier en partie et devenir cassant , provoquant ainsi le même type de "perte de croute" .
Ce surblindage est donc en danger des lors qu'il a reçu un impact . Mais si le char s'en sort survivant, il est aisé de le remplacer sur ses parties les plus douteuses moyennant un peu d'huile de coude pour enlever les parties décollées, et refaire un peu de béton ...
J'ai indiqué plus haut que parfois on a utilisé du béton armé . Cela veut dire que l'on place des structures métalliques dans le béton ( en général des tresses d'acier croisées ) . Cela renforce la résistance du béton aux forces sur les 3 dimensions , rends plus malléable cette matière que l'on associe parfois a la pierre , et détermine une résistance énorme qui peut rivaliser avec un acier non traité sur certains domaines .
Dans tous les cas , un béton non armé a moins de résistance qu'un acier traité de blindage et n'apporte bien souvent qu'une solution psychologique pour les équipages .
Alain