Voilà ce que j'ai pu glaner comme infos :
Entre deux personnalités aussi exceptionnelles que Winston Churchill et Charles de Gaulle, chargés l'un et l'autre de responsabilités écrasantes dans des circonstances extrêmement difficiles, on sait que les relations n'ont pas toujours été au beau fixe. En témoignent nombre de formules aujourd'hui connues, mais dont l'écho n'était, à l'époque, pas parvenu aux opinions publiques qui ne pouvaient l'imaginer et qui en auraient été démoralisées. Ainsi du célèbre mot de Churchill, "Si vous m'obstaclerez, je vous liquiderai !", à quoi le Général avait rétorqué peu après "Libre à vous de vous déshonorer" : expressions outrancières, formulées en privé ou réservées au cercle des collaborateurs, et qu'il faut se garder de dissocier d'un contexte particulièrement orageux, tel celui de la rencontre avec Giraud et Roosevelt à Anfa, fin janvier 1943.
Depuis leur première rencontre, le 9 juin 1940, "le courant passe" entre les deux hommes. il sent que le patriotisme de cet homme est de la même étoffe que le sien. Churchill connaît bien et admire l'histoire de France ; sa francophilie est indéniable, même si elle est parfois teintée d'une condescendance dont son allié s'agace. un certain nombre d'éléments extérieurs liés à l'extension géographique du conflit, notamment l'entrée en guerre des Etats-Unis, vont avoir des répercussions sur les relations entre de Gaulle et Churchill.
L'élargissement du conflit vers la Méditerranée orientale à partir de 1941 fait rejouer de vieilles rivalités coloniales, restées sous-jacentes et qui vont empoisonner les relations entre les deux alliés. C'est le cas en Syrie et au Liban où le général de Gaulle craint que les Britanniques cherchent à tirer parti de la faiblesse de la France pour la pousser à abandonner ses mandats de la SDN, ou pour la supplanter sur place à partir de l'Irak et de la Palestine. Il en va de même à propos de Madagascar où, circonstance aggravante, les Anglais ont débarqué militairement en mai 1942 sans en informer au préalable leur allié. La position de De Gaulle devient alors extrêmement délicate, coincé entre les Vichystes qui l'accusent de faire le jeu des Anglais, et son nationalisme qui le rend particulièrement sensible à toute ingérence alliée, notamment dans l'empire colonial. De plus, l'entrée en guerre du puissant allié américain modifie la donne, dans la mesure où le président Roosevelt s'obstine, durant une bonne partie de la guerre, à considérer la France comme vaincue définitivement et à ne voir en de Gaulle qu'un aventurier gaffeur, arrogant, dangereux, aucunement représentatif des Français et indigne de la moindre confiance (jugé, en mai 1943, tout au plus bon pour gouverner Madagascar). Churchill, devenu dès lors le second dans la coalition alliée, ne réussit pas à modifier la manière de voir de Roosevelt, et se résigne à en suivre les orientations politiques, aux dépens d'une alliance étroite avec la France libre et même de l'amitié avec le Général.
lorsque les Américains débarquent en Afrique du Nord en refusant d'en informer de Gaulle et de l'associer aux opérations, il en résulte un imbroglio politique à Alger pendant plus de six mois et une rancœur compréhensible vis-à-vis de Churchill, qui pousse le Général à menacer de transférer la France libre à Moscou. Les dissensions ne s'atténuent pas ensuite, puisque la date du débarquement en Normandie lui est également tenue cachée et que la veille du jour-J est marquée par une dispute terrible avec Churchill, due en partie à la volonté anglo-saxonne de traiter la France libérée comme un pays occupé, avec l'installation d'une administration militaire alliée (AMGOT).
Churchill, partagé entre la nécessité vitale de rester fidèle à l'alliance américaine et la consolidation du partenaire français, conserve, malgré tout, son admiration pour l'énergie et le génie du Général (quelques heures après lui avoir rappelé brutalement sa préférence pour le choix du "grand large", à la veille du 6 juin 1944, il a pleuré d'émotion en écoutant le texte de sa proclamation aux Français, le soir du débarquement). Il est bien conscient, par exemple, de l'effet catastrophique qu'aurait eu pour les Français une démission du Général, si elle avait dû résulter de la pression exercée par ses alliés.
Le 11 novembre 1944, leur descente des Champs-Elysées, côte à côte sous les acclamations, scelle pour un temps la réconciliation des deux hommes. A partir de Yalta, la perception du danger soviétique et du statut nouveau de la super-puissance américaine rapproche Churchill du général de Gaulle et des intérêts français, et ses efforts pour la restauration du "rang" de la France contribuent, avec la victoire, à mettre à l'arrière-plan les conflits qui séparaient encore les Français de leurs alliés britannique, notamment en Syrie et au Liban.
je pense qu'ils ont tjs eu beaucoup de respect l'un envers l'autre, ce que je ne savais pas, c'est cette hostilité de l'américain envers De Gaulle !!