Post Numéro: 8 de St Ex 01 Jan 2006, 19:12
Laissons parler G.Guingoin
St Ex
Il en fut de même pour le 2ème conflit mondial, je peux en témoigner.
Le 18 juin 1940, alors que le général de Gaulle lançait de Londres son célèbre appel, blessé à l'hôpital de Moulins tandis que les Allemands attaquaient la ville, je me refusais à être fait prisonnier.
Sous la mitraille, je réussis à gagner le poste de secours du régiment qui défendait la ville et fus évacué sur Montluçon et Limoges.
Revenu dans « mes foyers », à Saint-Gilles-les-Forêts, j'organisai aussitôt un réseau de résistance et, en août 1940, je rentrai en contact avec l'appareil clandestin du Parti communiste illégal.
Chargé de l'organisation pour les deux départements, Haute-Vienne et Creuse, quelle ne fut pas ma stupéfaction quand je reçus le numéro 9 de septembre 1940 de La Vie du Parti où l'on pouvait lire :
« Nous avons plus de possibilité d'action vu le transigement de l'occupant. Nous devons être sans haine vis-à-vis des soldats allemands » ... « Organiser des actions déterminées pour la réinstallation de nos municipalités » ... « Exiger la reparution de L'Humanité » ...
Je refusai d'assurer la diffusion de ce document et de ce document, et le fis savoir à Jacques Duclos.
A la Libération, ces erreurs furent niées farouchement.
On faisait feu de tout bois pour démontrer que dès le début de 1940 la direction du Parti avait participé à la lutte contre l'occupant.
Ainsi, quand Albert Ouzoulias fit paraître son livre Les fils de la nuit, il allégua qu'au cours d'une réunion clandestine tenue le 5 septembre 1940 au château des Cours à Saint-Julien-les-Villas ( Aube ) par la voie de Maurice Romagon, des instructions avaient été données par le Parti communiste pour constituer un dépôt d'armes.
Affirmé par une haute personnalité de la Résistance, qui avait été commissaire militaire national aux Francs-Tireurs Partisans ( FTP ), qui se serait permis de nier ce fait ?
Or, en réalité, ce dépôt d'armes avait été constitué à l'initiative du nommé Lienhart ainsi que l'affirme un camarade ayant assisté à la réunion, Eugène Kilian, dont je possède le rapport.
Contradiction absolue entre la ligne proclamée de défendre les humbles alors que l'on tait l'initiative créatrice de l'un d'eux.
Crime contre la mémoire envers ceux qui, de bonne foi, reprennent ce mensonge.
Pour ceux qui voudraient compléter leurs connaissances sur cette période, je conseille la lecture d'un livre écrit, enfin, il y a deux ans, par un membre du Parti communiste, Roger Bourderon : La négociation, été 1940, crise au PCF, édition Syllepse.
Vous pourrez y lire que quelque temps avant sa mort, dans une lettre écrite à sa femme, le malheureux Jean Catelas, qui guillotiné, disait à propos des hommes qui se croient supérieurs, parce que dirigeants, qu'il avait « des doutes sur leur honnêteté morale ».
C'est là le fond de la question : sans cesse, le mythe - parfois fabriqué de toutes pièces - qu'il s'agisse du mythe gaullien ou de celui de l'appareil de direction du Parti communiste, fait oublier l'initiative créative qui surgit de la profondeur du peuple.
« C'est toujours du peuple laborieux, reconnaissait le général de Gaulle, que se lèvent les grandes vagues dont la patrie sort renouvelée ».
Je ne peux m'étendre sur ce sujet car j'en aurais pour des heures et des heures.
Je voudrais, pour terminer cette courte allocution, attirer votre attention sur le fait qu'en dehors des motivations économiques qui déclenchent les guerres, il y a la motivation personnelle des dirigeants.
Le 11 septembre dernier, nous avons pu voir jusqu'où conduit le fanatisme religieux qui nous fait reculer de mille ans.
Intervention de Georges GUINGOUIN
à la conférence-débat
réunissant les professeurs d'histoire du département de l'Aube
sous la présidence de l'inspecteur d'académie,
Jacques MARCHAL
à Troyes,
le 21 novembre 2001
in Les Amis du Musée de la Résistance
du département de la Haute-Vienne,
Bulletin n° 56, 4ème trimestre 2001.