La résistance française dans les camps Nazis.

Bonjour,

Entre 1940 et 1944 on compte entre 80,000 et 95,000 hommes et femmes déportés sous motif de "dissident politique", le site mémoire des hommes " mentionne 72,000 internés et déportés par le régime de Vichy (ex: Prison de Montluc) et par l'occupant (Buchenwald, Dachau, Struthof) on compte entre 22,000 et 45,000 résistants déportés.

Même si le chiffre exact de résistant déporté est incalculable, il existe des milliers de résistants internés dans des camps de concentration, rien qu'a Buchenwald on n'y trouve 25,000 Français (communiste, non communiste, Gaulliste etc..). La page Wikipédia mentionne que 1,000 d'entre eux fessaient partis d'un commando spécialisé dans l'exfiltration de prisonnier de guerre, sur mémoire des hommes on mentionne quelques officiers qui se sont joint à des groupes de partisans locaux (ex: Tchécoslovaquie)

La résistance dans les camps est multiple : entre les réseaux d'exfiltration et de renseignement, on y retrouve aussi des cas de sabotage.

Je me questionne sur le rôle de la Résistance Française (mais aussi des autres nationalités) dans les camps de la mort. les objectifs? les actions? les mouvements et les réseaux? Qui sont les individus qui se mobilisent derrière ces mouvements de résistance?

Edmond Michelet, chef de la résistance française à Dachau a réussi à infiltrer le secrétariat du camp avec plusieurs Français germanophones (des profs d'allemand, en général) et permis ainsi d'avoir la main sur les fiches des détenus. Son équipe a ainsi réussi à éviter des exécutions demandées par Berlin, soit en escamotant les fiches, soit en déclenchant préventivement un transfert dans la partie du camp où on mettait les malades du typhus, où les SS n'allaient jamais. Même chose pour certains détenus prévus dans un des transferts vers Auschwitz, dont ils savaient qu'il signifiait la mort. Ils ont ainsi sauvé pas mal de gens.

(J'ignore si ils ont pu déclencher des ordres de libération ?)

(à l'origine de cette prise en main du secrétariat, il y avait une idée de Himmler : gérer les fiches en utilisant l'alphabet phonétique international, le fait d'avoir toutes les prononciations et les variantes d'Europe pour le même prénom posait des problèmes d'orthographe indémerdables. Hors cette idée passait très au dessus de la tête des gardiens SS, qui ont donc dû déléguer à des détenus.)

Michelet a commis l'erreur de ne pas camoufler préventivement le général Delestraint, chef de l'Armée Secrète, qui s'est accroché avec un garde - ce général n'aimais pas les coups de trique et parlait allemand - et fut enfermé dans une baraque à part, avant d'être fusillé. (Ils auraient pu échanger sa fiche avec celle d'un détenu anonyme décédé, par exemple. Michelet se l'est beaucoup reproché.)

Après la libération du camp par les Américains, il fera faire la visite des lieux à Massu (la 2e DB passait non loin) qui voulait savoir ce qu'était un camp de concentration.

Parmi les derniers à quitter Dachau après avoir supervisé le rapatriement de tous ses compatriotes, il allait devenir quelques mois plus tard le ministre des armées du gouvernement De Gaulle, ce qui donne une idée du charisme de cet homme. Il avait commencé en distribuant des tracts hostiles à l'armistice, à Brive, le... 17 juin 40.

[Dog Red]

En matière de sabotage, le fait que les résistants déportés soient prioritairement affectés au montage des fusées au camp de Dora Mittelbau m'a toujours semblé d'une grande naïveté.
Il est évident que leur volonté inébranlable de résister allait les mener à saboter les fusées.
Malgré la menace des pendaisons haut et court... ...avec du câble de freins de vélo !

En matière de sabotage, le fait que les résistants déportés soient prioritairement affectés au montage des fusées au camp de Dora Mittelbau m'a toujours semblé d'une grande naïveté.
Il est évident que leur volonté inébranlable de résister allait les mener à saboter les fusées.
Malgré la menace des pendaisons haut et court... ...avec du câble de freins de vélo !

A partir de 1943, je dirais, la rapacité de Himmler le pousse à proposer la main d'oeuvre concentrationnaire aux entreprises de guerre allemandes. (Pour 5 Reichmarks par jour, j'ai ce chiffre qui ne signifie rien pour moi, mais c'est de la main d'oeuvre très mal nourrie qui ne coûtait rien.)
Tous les camps de concentration vont avoir leurs annexes, parfois nombreuses (la carte de leur répartition est stupéfiante : il y en avait partout.) et objectivement c'est positif pour les déportés : mieux valait travailler en atelier qu'à l'extérieur en hiver.

Pour le sabotage, malgré les efforts des ouvriers professionnels allemands devenus superviseurs ça a été la fête, malgré les risques : allez donc vérifier que tous les écrous d'un assemblage sont serrés... (J'ai déjà raconté le récit du père d'un copain, déporté travaillant à la fabrication des "lampes chaufferettes" de la Wehrmacht - une petite merveille qui fonctionnait avec tous les carburants. "Avant que les caisses partent, on sautait dedans à pieds joints pour tout casser. On était complètement fous : si on nous avait pris ils nous auraient collés au mur.")

Il faut compter dans ces effectifs les déportés du travail venus du front de l'est, plusieurs millions. La politique nazie de la terre brûlée en cas de retraite était claire : brûler les villages, utiliser le bétail et les stocks de nourriture, et envoyer travailler hommes et femmes valides en Allemagne. (Et laisser les autre à leur sort.) Ce qui leur conférait un statut guère différent des déportés politiques français : ils étaient supposés favorables à l'Armée Rouge.

En principe le statut des requis du STO était meilleur (c'était une sorte d'engagement contractuel de l'état français) mais quand il n'y a pas de nourriture il n'y en a pas...