Henri Perrin, dit "Lieutenant Basile", FTP en Ardèche

Retrospectivement, quelle était selon eux la finalité de cette liste des 50?

Basile ne s'est pas beaucoup posé de questions. Il a obéi.

Extraits du livre de Sylvain Villard, L'oubli ou la face douloureuse de la Résistance en Ardèche, pp. 372-373.

Lire à partir du paragraphe "Responsabilités non partagées" :

Entre devoir d'obéissance militaire et ligne du parti, tout est fait pour contraindre Henri Perrin a devenir l'instrument de son organisation. Désobéir c'est s'exposer à une condamnation à mort. Henri Perrin semble s'est montré quand même réticent et cette réticence pourrait bien être la vraie raison de sa "condamnation à mort" par les FTP. Tuer une cinquantaine de personnes en l'espace de deux mois (le travail doit être terminé avant la Libération et le retour à l'ordre), c'est presque un assassinat par jour. La notion d'Escadron de la mort ne me semble pas galvaudée. Remplir cette mission revenait à faire passer au second plan la guerre contre les troupes allemandes, une autre source potentielle de conflit.
Le parcours du Commandant Ravel (Augustin Ollier) est éloquent. Il est passé par le maquis Wodli (Commissaire aux Opérations) dont j'avais parlé au sujet de l'exécution de militants trotskistes pour laquelle il a joué un rôle prépondérant.
viewtopic.php?f=33&t=56767
Sa bio dans le Maitron, bien qu'expurgée de tout fait compromettant en dit long et ne laisse aucun doute d'où venaient les ordres.
https://maitron.fr/spip.php?article147589
"En Ardèche, Ollier donna sa pleine mesure comme chef militaire. Commandant FTP, il conserva le pseudonyme de Ravel et s’entoura d’une équipe recrutée principalement parmi les anciens du Wodli : Chirin, Dubois, Néron."
"le 10 juillet 1944 à Antraïgues, le Commandant Ravel devint Chef d’État-major adjoint FFI aux côtés du Commandant Calloud de l’Armée Secrète. Mais il disposa de son propre État-major installé désormais à Laviolle sur les pentes cévenoles et conserva au sein des FFI une large autonomie. Convaincant par son dynamisme, il influença les jeunes chefs du secteur D de l’Armée secrète (Michel Bancilhon, André Bernard, Marcel Jardon, Pierre Ollier de Marichard) dont les options politiques s’étaient radicalisées. À partir du 3 août.1944, ils se placèrent sous son autorité."
C'est un récit exemplaire sur les méthodes des FTP. C'est la première fois que je tombe sur des témoignages aussi précis et accablants sur des opérations indiscutables d'élimination politique.
Il faut encore que ce soit un Historien amateur pour aborder ce sujet. Une bonne raison pour ne jamais lire passivement les écrits des universitaires.

Merci à vous tous pour ces intéressantes précisions, et excusez-moi de cette longue absence, j'étais en déplacement ces derniers temps. Je vais essayer de me procurer l'ouvrage de Sylvain Villard.

Un mot à propos de Basile et sa bande: mon oncle connaissait semble-t-il Basile et disait de lui (témoignage d'un de ses fils qui était enfant à l'époque et se souvient très bien de ces événements car le Commandant de la Roque était son parrain):
"Basile ne contrôle pas ses hommes".

Mon cousin m'a raconté hier qu'en plus de Basile, son père connaissait aussi certains autres membres du commando qui a tenté de le capturer, des hommes des environs de Lemps qu'il lui est arrivé de rencontrer à la coopérative après la guerre (et qui baissaient le nez et s'esquivaient à sa vue).

Il faut encore que ce soit un Historien amateur pour aborder ce sujet. Une bonne raison pour ne jamais lire passivement les écrits des universitaires.

Effectivement, il n'est jamais facile de secouer le cocotier quand, tout simplement, les postes académiques sont attribués par cooptation, ce qui peut signifier reptation, soumission ... On peut aussi ajouter que les politiques de toutes couleurs ont longtemps verrouillé le débat.
Mais avec la disparition des ultimes témoins, la pression évolue et la discussion peut intervenir sur la plupart des questionnements historiques. Il subsiste encore quelques tabous (voir le livre de mes amis BERLIERE, de CHAMBOST et FIEVET : Histoire d'une falsification. Vichy et la Shoah dans l'Histoire officielle et le discours commémoratif). Toutefois les positions évoluent. Amateur veut surtout dire "libre de toute pression", mais ce n'est pas pour autant un gage automatique de qualité !
Il n'y a pas d'amateurs et de professionnels, il y a des historiens qui ont de bonnes choses à présenter, et des mauvais. Pour faire le distinguo, je vous laisse avec les critères proposés par les Inconnus.
JD

Il faut encore que ce soit un Historien amateur pour aborder ce sujet. Une bonne raison pour ne jamais lire passivement les écrits des universitaires.

Effectivement, il n'est jamais facile de secouer le cocotier quand, tout simplement, les postes académiques sont attribués par cooptation, ce qui peut signifier reptation, soumission ... On peut aussi ajouter que les politiques de toutes couleurs ont longtemps verrouillé le débat.
Mais avec la disparition des ultimes témoins, la pression évolue et la discussion peut intervenir sur la plupart des questionnements historiques. Il subsiste encore quelques tabous (voir le livre de mes amis BERLIERE, de CHAMBOST et FIEVET : Histoire d'une falsification. Vichy et la Shoah dans l'Histoire officielle et le discours commémoratif). Toutefois les positions évoluent. Amateur veut surtout dire "libre de toute pression", mais ce n'est pas pour autant un gage automatique de qualité !
Il n'y a pas d'amateurs et de professionnels, il y a des historiens qui ont de bonnes choses à présenter, et des mauvais. Pour faire le distinguo, je vous laisse avec les critères proposés par les Inconnus.
JD

Tout à fait d'accord.
Par ailleurs, il faut rappeler que les archives de la Justice militaire du Blanc (Indre), celles utilisées par Sylvain Villard, sont longtemps restées fermées pour des raisons légales et de délai de communication aux chercheurs. Désormais on peut les consulter beaucoup plus facilement mais ce n'était pas possible dans les années 70 ou 80.

Entre devoir d'obéissance militaire et ligne du parti, tout est fait pour contraindre Henri Perrin a devenir l'instrument de son organisation. Désobéir c'est s'exposer à une condamnation à mort. Henri Perrin semble s'est montré quand même réticent et cette réticence pourrait bien être la vraie raison de sa "condamnation à mort" par les FTP. Tuer une cinquantaine de personnes en l'espace de deux mois (le travail doit être terminé avant la Libération et le retour à l'ordre), c'est presque un assassinat par jour. La notion d'Escadron de la mort ne me semble pas galvaudée. Remplir cette mission revenait à faire passer au second plan la guerre contre les troupes allemandes, une autre source potentielle de conflit.
Le parcours du Commandant Ravel (Augustin Ollier) est éloquent. Il est passé par le maquis Wodli (Commissaire aux Opérations) dont j'avais parlé au sujet de l'exécution de militants trotskistes pour laquelle il a joué un rôle prépondérant.
viewtopic.php?f=33&t=56767
Sa bio dans le Maitron, bien qu'expurgée de tout fait compromettant en dit long et ne laisse aucun doute d'où venaient les ordres.
https://maitron.fr/spip.php?article147589
"En Ardèche, Ollier donna sa pleine mesure comme chef militaire. Commandant FTP, il conserva le pseudonyme de Ravel et s’entoura d’une équipe recrutée principalement parmi les anciens du Wodli : Chirin, Dubois, Néron."
"le 10 juillet 1944 à Antraïgues, le Commandant Ravel devint Chef d’État-major adjoint FFI aux côtés du Commandant Calloud de l’Armée Secrète. Mais il disposa de son propre État-major installé désormais à Laviolle sur les pentes cévenoles et conserva au sein des FFI une large autonomie. Convaincant par son dynamisme, il influença les jeunes chefs du secteur D de l’Armée secrète (Michel Bancilhon, André Bernard, Marcel Jardon, Pierre Ollier de Marichard) dont les options politiques s’étaient radicalisées. À partir du 3 août.1944, ils se placèrent sous son autorité."
C'est un récit exemplaire sur les méthodes des FTP. C'est la première fois que je tombe sur des témoignages aussi précis et accablants sur des opérations indiscutables d'élimination politique.
Il faut encore que ce soit un Historien amateur pour aborder ce sujet. Une bonne raison pour ne jamais lire passivement les écrits des universitaires.

Cela ressemble aux pratiques de règlement de compte entre "Républicains" durant le guerre d'Espagne. On n'est plus dans la lutte contre l’occupant

Si je croise les élément en ma possession, à savoir:
- la déclaration du Commandant de la Roque quelques jours avant son assassinat, selon laquelle l'ordre d'élimination des officiers de réserve venait de Moscou;
- la conclusion des tribunaux constatant que la plupart des victimes n'avait rien à voir avec la collaboration;
- le fait que les assassinats ont été perpétrés par des FTP, donc des militants communistes;
- le fait que Moscou ne pouvait pas avoir une connaissance fine des profils individuels des futures victimes ardéchoises;
- le fait que le Commandant de la Roque tout comme mon oncle étaient des aristocrates;

une conclusion s'impose: la liste des 50 noms a été établie (certes sur ordre de Moscou) localement par un ou des militants communistes sectaires motivés par la haine de classe, par des différents locaux et/ou en vue du "Grand Soir".

une conclusion s'impose: la liste des 50 noms a été établie (certes sur ordre de Moscou) localement par un ou des militants communistes sectaires motivés par la haine de classe, par des différents locaux et/ou en vue du "Grand Soir".

Ah!! Le Grand Soir avec ses matins difficiles J'ai cru comprendre que dans le Limousin cela a été un peu cela aussi ?

l'ordre d'élimination des officiers de réserve venait de Moscou [/b]

Je maintiens que ce type de "règlements de compte" s'apparente à ce que faisait les "Bolchevicks" auprès d'une intelligentsia aristocrate ou non d'ailleurs.

Pour préparer le terrain à la dictature du "Prolétariat", dictature assez dirigée tout même mais pas totalement par des prolétaires. C'est les règlements de compte entre les "Républicains" lors de la guerre d'Espagne, c'est Katyn en Pologne, ... etc ... etc ...

Chez nous on trouve les racines de tout cela dans le congrès de Tour de 1920, ... l'impasse au bout duquel se construira l'étrange défaite.

La Bretagne est également un terrain tout à fait marqué par les exactions FTP et/ou communistes ... plus de victimes dans les rangs de la résistance que côté allemands.
JD