Histoire. Souvenirs d'un Résistant à l'honneur.
10 octobre 2015 à 19h52 / Laurent Guenneugues /
Joseph Jégo, qui a témoigné à plusieurs reprises dans des collèges et lycées, a aujourd'hui 93 ans.
Joseph Jégo a été nommé chevalier de la Légion d'honneur lors de la promotion du 24 avril dernier. Ce matin, à Vannes, ce sont les Palmes académiques qu'il va recevoir. Il avait 18 ans en 1940, quand a commencé l'Occupation... Souvenirs.
« J'ai pleuré quand j'ai entendu le Maréchal Pétain annoncer l'armistice, se souvient Joseph Jégo. On espérait toujours que notre armée reprendrait le dessus ! ». Installée dans une ferme du village du Pelhué, à Plumelec, sa famille possédait un poste de radio : « Le lendemain, j'ai entendu l'appel du Général de Gaulle depuis Londres. Ça nous a redonné espoir ! ». En février 1943, Joseph devait partir en Allemagne faire le Service de travail obligatoire (STO), mais refuse d'y aller. « Je me suis engagé dans la Résistance avec un ancien camarade de classe, tout en continuant à travailler à la ferme, où l'on a recueilli deux autres réfractaires au STO. On écoutait les informations à la radio, venant d'Angleterre, de Boston ou encore de Brazzaville ».
Le premier parachutage annonciateur du D-Day
Sa résistance devient plus active au printemps 44 : « On m'a d'abord demandé d'aller porter des messages, puis on est allé au Roc-Saint-André faire sauter une voie de chemin de fer qui était utilisée par les Allemands. On fabriquait les explosifs à partir de produits trouvés en pharmacie. On coupait aussi des lignes téléphoniques ». Le 3 juin, le chef de la Résistance de Plumelec vient le trouver pour se cacher : Joseph le conduit dans un chemin creux inutilisé. Le 5 juin, alors qu'il monte la garde, Joseph voit, vers 23 h, le premier parachutage de la France libre, annonciateur du D-Day. D'ailleurs, c'est à Plumelec qu'il y a eu le premier mort du Débarquement, Émile Bouétard. « Au début, je n'osais pas croire que c'était le grand jour, se rappelle Joseph. On nous l'avait annoncé tant de fois ! ». Les combats commencent. « On est parti à la recherche des parachutistes. On les a retrouvés le 7, et on les a ramenés à la ferme dans des charrettes ». Le 8, ils partent tous ensemble, direction le maquis de Saint-Marcel. Si Joseph n'y a pas combattu directement, il était à proximité quand les violents affrontements ont eu lieu, le 18 juin.
Il témoigne dans les collèges et lycées
Son père, arrêté, est conduit au fort de Penthièvre. De retour à la ferme, Joseph est arrêté à son tour le 11 juillet. Il est emprisonné à Josselin où tous les moyens sont bons pour essayer de le faire parler : coups de cravache, tête dans un seau d'eau... Le 14 juillet, il parvient à s'évader. Et le 6 août, Plumelec est libérée. « Le 8 mai 1945, quand l'Allemagne a capitulé, j'attendais surtout des nouvelles de mon père. Je n'ai su que quelques jours plus tard qu'il avait été fusillé ». Par la suite, Joseph a collecté ses souvenirs dans un livre : « 1939-1945 rage action tourmente au pays de Lanvaux ». Il a aussi témoigné de cette « période terrible » à plusieurs reprises dans des collèges et lycées. C'est pourquoi il va être décoré des Palmes académiques, ce matin au collège Montaigne, à Vannes. Sans rancune, il voit d'un bon oeil la construction européenne : « Ça a été une bonne chose que De Gaulle et Adenauer se soient rapprochés ».
Source: http://www.letelegramme.fr/bretagne/his ... 806382.php