Les articles qui ces jours-ci racontent la vie du résistant panthéonisé lui attribuent une dénonciation immédiate des accords de Munich. Or il les a bien dénoncés, mais pas tout à fait immédiatement, s'y résignant dans un premier temps comme l'ensemble du parti socialiste SFIO. Faut-il rappeler que lors du débat à la Chambre le groupe communiste a été rejoint dans le "non" par un député de droite, Henri de Kérillis, et un socialiste, Fernand Bouhey (de la Côte d'Or)... mais que Léon Blum a obtenu de ce dernier qu'il rectifie son vote ? On peut aussi se souvenir que le parti avait une aile gauche, dirigée par Marceau Pivert, et que ce dernier était un ardent munichois... avant d'offrir dans le premiers ses services à de Gaulle, en juin 1940.
Compliquée, cette époque, et compliqués, de tout temps, les hommes !
Eric Roussel, le dernier biographe de Brossolette, dont le chapitre sur la question est en ligne https://books.google.fr/books?id=f83RjQ ... ch&f=false , montre un Brossolette entraîné dans le "lâche soulagement" général (que cependant il date mal : l'expression de Blum n'est pas formulée au lendemain des accords mais dix jours plus tôt) et se ressaissant en "octobre" (il serait d'ailleurs intéressant de savoir quel jour il écrit son premier article anti-munichois... car Hitler lui-même ruine les espoirs de paix dès le 9 octobre, lors de son discours de Sarrebrück).
Je ne fais pas cette mise au point pour le plaisir de mettre un bémol, mais dans le souci qu'en 2015 les commémorations et autres communions soient l'occasion d'études sérieuses, et ne charrient que des informations incontestables.