Bonsoir,
L'Allemand qui sauva Bordeaux.
Publié le 12/08/2009 à 09:22 par totila
Quelque chronique bordelaise. Photo : Henri Salmide sur le port. Le soldat Stahlschmidt et Bordeaux : En août 1944 sur le port, au niveau de la rue Raze, un blockaus contient les munitions destinées à la destruction des quais par les troupes allemandes. Le sous-lieutenant Heinz Stahlschmidt (aujourd’hui bordelais sous le nom de Henri Salmide), originaire de Dortmund, décide seul « au nom du Christ » et « par amour de l’architecture bordelaise », car « au-dessus de la discipline il y a une conscience », de faire sauter les explosifs entreposés dans le bâtiment dont il a la responsabilité. Le 22 août 1944, un peu avant 20 heures, il procède à l’amorçage puis à la mise à feu. Il prend son vélo, traverse les Chartrons et arrive au Jardin public à 20 h 30, heure de l’explosion. A ce moment précis, au Splendid Hôtel, allées d’Orléans, les envoyés du maire, Caussade et Larrose, sont en pourparlers avec le lieutenant Dornemann pour sauvegarder le port, le pont de pierre et la passerelle ferroviaire. L’explosion rompt aussitôt les négociations. Heureusement, le même jour, Antoine Cayrel, maire du Bouscat, contacte le négociant en vins Louis Eschenauer pour qu’il supplie son ami Kühnemann, capitaine de corvette et commandant du port, d’épargner les ponts et le port. A force de pourparlers et de bonne volonté de la part de tous les négociateurs en présence, en particulier du commandant Rougès, chef des sections FFI de la région bordelaise pour la Résistance, les autorités allemandes acceptent de ne pas détruire la ville en échange d’une promesse d’évacuation sans heurt. Le général allemand Nake, au dos d’une affiche, signe l’accord déclarant que les troupes allemandes doivent avoir quitté Bordeaux le dimanche 27 août 1944, au plus tard à minuit. Qui a évité la destruction des quais ? Les négociateurs qui ont fait pression sur le général allemand ? Les résistants qui en reprenant à leur compte l’explosion ont bluffé, en laissant entendre qu’une forte armée aidée d’Anglais et d’Américains n’attendait qu’un ordre pour anéantir l’ennemi ? Le maire Adrien Marquet et ses amis qui, après cinq années de bonnes relations avec l’occupant, ont pu l’influencer pour que Bordeaux soit épargnée ? Parmi toutes ces hypothèses, dont chacune porte une part de vérité, l’acte de Heinz Stahlschmidt s’avère déterminant. Les Allemands, malgré la destruction du blockaus de la rue Raze, possèdent encore assez de réserves en munitions et en hommes pour endommager sérieusement le port. Mais l’effet psychologique de l’explosion a modifié les comportements pour en arriver à un sage dénouement. L’ennemi parti, chacun veut s’en attribuer les mérites. La Résistance ne peut admettre que la survie de Bordeaux soit le fait d’un soldat allemand. Les agents anglais et américains proposent de fortes sommes d’argent à Heinz Stahlschmidt pour qu’il signe un papier reconnaissant qu’il a agi sous leurs ordres. Il refuse. Dès lors, sa vie qu’il espérait paisible dans un Bordeaux libéré sera maintes fois perturbée. En 1947 Heinz est naturalisé français sous le nom de Henri Salmide. Il faudra le récit de l’historien Dominique Lormier dans son ouvrage Bordeaux brûle-t-il, la volonté du journaliste Christian Seguin dans son enquête publiée dans Sud-Ouest Dimanche en janvier 1993, et la démarche de l’écrivain Michel Suffran, pour rendre sa dignité à cet homme valeureux. Henri Salmide recevra, enfin, la croix de chevalier de la Légion d’honneur le 7 décembre 2000 en présence du préfet de la région Aquitaine Christian Frémont. Henti Salmide est décédé à Bordeaux le 23 février 2010.
Une rue nouvellement créée à Bordeaux, entre les rues de Ouagadougou et des Etrangers, prendra le nom de rue Henri Salmide, par décision du Conseil municipal de Bordeaux prise en mai 2014.
Source: http://totila.centerblog.net/5994105-