En fait, les GMR, beaucoup moins conciliants que les gardes mobiles, n'ont pas joué un rôle aussi important que les francs-gardes de la Milice française, ni sur le plan quantitatif ni sur le plan "qualitatif" pour ne parler que des combats, donc sans tenir compte de la répression qui a suivi ces derniers.
En effet, tout d'abord sur le plan quantitatif, les francs-gardes regroupés autour du plateau des Glières ont fini par atteindre, fin mars 1944, le nombre de 700 à 800 (environ 400 francs-gardes permanents et quelques 300 francs-gardes bénévoles, venus de différentes régions). Par exemple, Jacques Delperrié de Bayac, dans son Histoire de la Milice (Fayard, 1969), écrit à la page 320 : "Au total, entre 700 et 800 hommes, dont environ 400 francs-gardes permanents ; pour le reste, francs-gardes bénévoles et miliciens volontaires." De plus, en vue de se lancer à l'assaut du plateau des Glières, les francs-gardes ont été autorisés, pour la première fois, à former une section de mitrailleuses et de une de mortiers.
Du côté des GMR, trois groupes seulement ont été engagés contre les Glières, soit environ 650 hommes au plus, puisque l'effectif théorique d'un G.M.R. était au maximum de 217 policiers...
Ensuite, sur le plan "qualitatif", les GMR, en première ligne face au maquis des Glières du 8 au 18 mars 1944 seulement, puis en deuxième ligne derrière la Milice, n'ont joué qu'un rôle secondaire d'appoint. Les seuls accrochages notables avec les maquisards ont eu lieu dans la nuit du 9 au 10 mars lors du coup de main contre les GMR stationnés à Entremont (deux policiers tués dont le commandant Lefèbvre, trois blessés et soixante prisonniers), et le 10 mars où, par représailles, les GMR ont lancé une attaque en direction du plateau et sont tombés dans une embuscade : dix prisonniers ! Cela dit, si les soixante-dix GMR prisonniers du maquis et employés aux corvées, notamment de collecte des conteneurs parachutés, ont été bien nourris et traités, cela n'a pas empêché certains d'entre eux de dénoncer par la suite les maquisards en fuite à la Milice ou à la police allemande !
De leur côté, les francs-gardes de la Milice, en première ligne face au maquis des Glières à partir du 18 mars, ont complété l'encerclement du plateau par les troupes allemandes, constituant essentiellement (avec deux sections de GMR et une compagnie allemande) l'un des quatre groupes d'assaut fin mars. Dès le 18 mars, les francs-gardes ont mené plusieurs reconnaissances (entre autres, quatre maquisards en patrouille abattus le 20 mars) et lancé plusieurs attaques (toutes repoussées !) le 20, le 22, le 24 mars et, bien sûr, le 26 mars en coordination avec celles des Allemands...