Tri martolod a écrit:Je n'ai pas souvenir que la milice ait utilisé la prise d'otages??....d'accord pour les intimidations, tortures, exécutions sommaires mais la prise d'otages aurait certainement totalement discrédité la milice auprès d'une population qui ne l'appréciait déjà pas beaucoup.
Pas sous la forme la plus connue de la prise d'otages > celle qui désignait souvent comme victimes des personnes non engagées.
Mais il y eut cependant d'autres prises d'otages sous la forme de monnaie d'échange.
Un exemple :
Dans la nuit du 7 au 8 juillet 1944, au cours de l'interrogatoire qui a fait suite à notre arrestation, il y avait dans la salle, une jeune femme qui ne cessait de vociférer qu'il fallait nous tuer tous !
J'ai appris par le cuisinier de la Milice que cette personne était la fille d'un milicien, laquelle avait été enlevée par le Maquis puis relachée par la suite...
Quelles furent les conditions de sa libération ???...argent, échange de prisonniers ?
J'ai toujours eu la conviction que les miliciens avaient deux raisons majeures de ne pas anticiper notre remise en liberté :
1 / Le souci de ne pas nous retrouver face à eux...
2 / Nous garder jusqu'au bout de l'aventure, pour disposer éventuellement d'une monnaie d'échange.
Et là, bien que me refusant à penser qu'ils nous auraient tués, j'ai souvent tenté d'envisager ce qui aurait pu nous arriver si des "transactions" avaient mal tourné ?
Sur la question du discrédit qu'aurait engendré une action de la Milice sur des personnes non engagées... Un effet de rejet ?... Certainement.
A l'époque les gens se souciaient peu de l'existence de la Milice. A part ceux qui y avaient eu directement affaire...
Et je ne suis pas loin d'imaginer que des défilés de parade de la Milice auraient dans bien des cas, donné lieu à une présence conséquente d'admirateurs non avares d'applaudissements !
Je suis parfaitement conscient que ce que j'écris là peut étonner. Mais il faut bien avoir à l'esprit que ce que l'histoire sur cette époque nous a appris sur le contenu souvent macabre des règlements de compte, passait au travers de tous les esprits à cette époque là.
Moi même, ainsi que mes copains qui ont rejoint le Maquis en juin 1944, n'avons jamais imaginé que la Milice ait pu présenter un danger réel pour nous. Pas plus d'ailleurs que nous n'imaginions l'intervention des Allemands, dans la meure où il nous était interdit de toucher à un seul cheveu de leurs têtes !
Tu vois, Pierre, combien si on examine de près le contexte de l'époque, le réservoir à discussion n'est pas près de se tarir.
Amicalement,
Roger