Bonjour à toutes et à tous,
J'ai le plaisir de vous informer de la publication d'un article très intéressant traitant des dents des résistants par Xavier Riaud, Docteur en Chirurgie Dentaire, en Epistémologie, Histoire des Sciences et des Techniques, Lauréat de l’Académie Nationale de Chirurgie Dentaire, Chercheur au Centre François Viète d’Histoire des Sciences et des Techniques (EA - 1161), Directeur de Collection aux Editions L’Harmattan.
Xavier Riaud est aussi un auteur régulier dans les colonnes de notre magazine Histomag. il nous régale, à chaque parution, avec un article passionnant sur son sujet de prédilection.
Voici le début :
Les problèmes dentaires des résistants
Les résistants ont beaucoup souffert des dents. Voici à cet effet le témoignage de deux dentistes résistants déportés. D’après le Dr Paul Le Caër (1972), chirurgien-dentiste résistant et déporté, « nombreuses furent les gingivites, les stomatites ulcéreuses, bien souvent en rapport avec des évolutions de dents de sagesse, - compte tenu du jeune âge des maquisards -, des aphtes, des ulcérations non spécifiques, des trismus ou des luxations de la mandibule. La pathologie en l’absence d’hygiène et de soins s’étendait à la pulpite ou à l’abcès évoluant par tous les stades. Les fistules et ostéites résultaient du manque de traitement local et général.
Pour les résistants actifs, les soins n’étaient pas pensables, d’où de nombreuses édentations, pertes irréparables pour l’avenir dentaire. L’angoisse et l’anxiété de certains résistants se traduisirent par des parafonctions autodestructrices entraînant des maladies des gencives, lésant le tissu de support des dents.
Pour les porteurs de prothèses, se fut souvent un petit drame au moindre accident prothétique ou à la perte d’un pilier de bridge. »
Ceci est confirmé par le Dr Henri Stroweis (1973), chirurgien-dentiste déporté.
« Qu’il ait été maquisard ou résistant sans uniforme, sa pathologie buccale et dentaire a été semblable à celle des soldats d’une armée de campagne : nourriture mal équilibrée, manque d’hygiène, fatigue excessive, traumatisme, psychisme perturbé par des angoisses et par la peur.
Parmi les maquisards, beaucoup très jeunes, présentaient des accidents d’évolution de dents de sagesse qui, ne pouvant être traités correctement, revêtaient des formes graves. Pour tous les Résistants vivant dans la clandestinité, la difficulté de se faire soigner entraînait des complications : caries pénétrantes, édentations, infections diverses.
Pour certains, cette vie en insécurité permanente, donna naissance à des angoisses se traduisant par des tics, des parafonctions amenant des lésions du parodonte et des gingivopathies.
Pour les porteurs de prothèse, le moindre accident de leur appareillage, l’impossibilité de le faire réparer ou rectifier, fut souvent ressenti comme un drame tant sur le plan moral, par la création d’un sentiment de perte d’intégrité, que sur le plan physique : leurs difficultés de mastication aggravant leur état de malnutrition. »
A cela s’ajoute évidemment, après les arrestations par la Gestapo, les tortures de toutes sortes responsables de pathologies dentaires. Lors de leurs arrestations, tous ont subi un interrogatoire serré, très souvent émaillé de tortures diverses, subtilement mises au point par la Gestapo. Ainsi, la Gestapo de Rennes ou celle de Paris a une pratique courante et affectionnée parmi tant d’autres qui est « le limage des dents jusqu’au nerf » ou les extractions dentaires, bien sûr, sans anesthésie (dumont, 1971). « Beaucoup ont perdu jusqu’à la totalité de leurs dents en refusant de parler. Après la guerre, les prothèses ont été faites gratuitement. », comme le souligne le Dr Henri Mainguy (1995), autre chirurgien-dentiste déporté. Enfin, le Dr Stroweis (1973) précise : « Les interrogatoires menés avec une extrême brutalité, ont été la cause de nombreuses dents cassées, lèvres traumatisées, ulcérations labiales, jugales et linguales, fractures des maxillaires, luxation de l’articulation temporo-mandibulaire, etc. » La Gestapo parisienne n’a pas hésité à se servir des locaux de l’Ecole dentaire de Paris pour mener ses interrogatoires, locaux qui ont servi également, après la guerre, lors de l’épuration ...
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