Il s'agit d'un épisode de la guerre comme on peut en trouver des centaines voire des milliers mais il me tiendrait à coeur avant le 70ème anniversaire l'année prochaine de le tirer au clair.
D'après les archives de Vincennes (SHD) déclassifiées en 2004, mon grand-père, Antoine MANGANE a rejoint les FFI le 13 janvier 1943 comme agent du renseignement au profit du maquis FOCH (groupe de RUFFEC des colonels DEGUA puis COTTU). Son poste officiel de sémaphoriste à la petite halte ferroviaire de VOULEME (86) lui donnait accès à toutes les informations nécessaires permettant à son groupe de préparer les actions contre les forces d'occupation ainsi que le droit de circuler H24 à cause de ses horaires de travail parfois décalées.
En août 1944, en pleine débâcle de ces troupes, un détachement d'environ 120 hommes de la division Freies India constituée principalement de mercenaires indiens (encadrés par des officiers et sous-officiers allemands et des interprètes) combattant sous l'uniforme de la Wehrmacht fait escale par Ruffec (elle vient d'évacuer les côtes aquitaines) et s'installe à la Kommandantur (couvent du Sacré Cœur réquisitionné pour l'occasion). Le 19 août 1944 alors que l'un de ses convois à fait l'objet la veille d'une attaque sur la voie ferrée Bordeaux-Paris, un groupe de combattants de cette division se rend chez mes grands-parents à Chantemerle pour procéder à son arrestation (je tiens à insister: l'objet de mes recherches n'est pas du tout de découvrir qui avait bien pu le dénoncer ni le nom des miliciens français qui les accompagnaient) mais il s'était rendu chez le médecin à Ruffec à cause de côtes cassées en sautant de son vélo pour éviter une attaque d'avions britanniques sur un convoi. Il est arrêté au lieu-dit Boisvert alors qu'il rentre à Chantemerle, inquiet des informations reçues d'amis sur la descente opérée chez lui. Il est amené sous escorte jusqu'à la Kommandantur de Ruffec. L'histoire s'arrête là et le reste n'est que rumeurs mais personne ne l'a jamais vu ressortir. Ses camarades du maquis l'on vu pour la dernière fois à Boisvert et sa famille (7 enfants) n'a plus jamais entendu parler de lui. On sait de toute façon que pour ne pas s'encombrer lors de sa retraite, la Wehrmacht ne faisait plus du tout de prisonniers à cette période là et qu'en quittant le couvent, aucune victime n'a été retrouvée dans la partie qui servait de prison. Partout où elle est passée, la division Freies India est aussi "réputée" hélas pour ses nombreuses exactions (parfois même réfrénées par l'encadrement allemand lui-même... c'est dire) mais il n'est plus temps de rechercher quelque coupable que ce soit mais plutôt la victime. Les temps ayant changés, la culture du pardon (surtout 70 ans après), qui élève ceux qui l'accorde et apaise les générations futures, a pris le dessus: mon fils est franco-allemand (l'amour n'a pas de frontières) et porte le prénom de son arrière-grand-père.
Je fais donc appel aux spécialistes qui fréquentent ce forum pour savoir où pourrait être détenu le complément d'information nécessaire pour retrouver à coup sûr la dépouille de mon grand-père (déclaré en 1947 comme officiellement porté disparu). Mon oncle a déjà passé beaucoup de temps aux archives de Vincennes et je dispose de beaucoup plus d’informations sur les actions passées de mon aiëul (qui lui ont valu en 1959, à titre posthume, la Médaille Militaire assortie de la Croix de Guerre 39-45 avec palme et la Médaille de la Résistance) et de son groupe mais rien de plus sur la journée du 19 août 1944 (ou les suivantes). Par chance, je maitrise la langue de Goethe et j'ai même l'occasion de me rendre de temps en temps outre-Rhin, ce qui peut m'aider à compulser en ligne des archives. La littérature sur la Résistance évoque brièvement la disparition de mon grand-père notamment le livre d'Henri Gendreau: "Ruffec et les Ruffecois dans la guerre, de 1938 a 1945".
Merci à tous par avance pour votre aide.
L.Mangane