Bonjour,
J'ai réalisé dernièrement un mémoire sur les archives orales du SHD, en analysant leur méthodologie. Des FFL et FFI y ont été notament interrogés. Voici quelques éléments de réponse tirés de cette méthodologie, si cela peut vous aider
Bien que votre interview soit filmée, deux éléments essentiels ont été concluants quant aux questions:
-suivre son parcours : origine familiale,
-avoir des questions ouvertes, ne pas trop embêter le témoin de questions en voulant absolument avoir des éléments précis
-préférer stopper l'interview et reporter la suite si l'on constate que le témoin fatigue
-trouver un bon endroit pour la lumière, pour la video
Et surtout...vérifier que tout fonctionne bien au niveau matériel avant l'interview (faire un essai).....les archivistes m'ont fait part de quelques embêtement qui peuvent arriver.
Voici les questions-type posées pendant la campagne de collecte :
-origine, milieu familial
-date et décision de continuer à lutter? décision progressive ou soudaine? fondée sur un sentiment personnel ou selon des considérations du carcatère national? influence du milieu familial? premier délit de résistance?
-attachement régional, à une terre de France particulière?
-aperçu, exemples des actions de résistance, de toute action de lutte quelle qu'elle soit, dans laquelle vous considérez avoir pris part?
-chronologie sommaire de votre activité, dans les points les plus notables à vos yeux? inscription de ces dates dans la chronologie historique générale de la Résistance?
-exemples de compagnons d'armes qui vous ont marqué? de certains morts au combat que vous admirez particulièrement?
-pouvez-vous citer des actions d'éclat auxquel ont participé des compagnons qui ont disparu pendant la guerre et qui ont disparu?
-avez-vous éprouvé des découragements ou de grandes difficultés?
-le Général de Gaulle a-t-il joué psychologiquement dans les décisions que vous avez prises?
-la chance a-t-elle joué un grand rôle? les décisions étaient-elles de circonstance?
-estimez-vous que une personne mérite les honneurs qu'elle n'a pas reçu à la Libération, ou qu'elle n'a pas reçu le titre de Compagnon de la Libération?
-nous savons qu'il est difficile de parler en termes d' "héroisme". Quels sont cependant les actes de résistance qui vous donnent le plus de satisfaction dans vos regards avec vous-même?
-pendant vos années de lutte, quelle a été l'attitute des femmes que vous avez connues? l'aide qu'elles vous ont apporté?
-avez-vous été encouragé particulièrement par des moments historiques de lutte? (bataille d'El-Alamein, Stalingrad, le Débarquement en Afrique du Nord, etc)
-pour qui, parmi vos chefs ou subordonnés, avez-vous éprouvé le plus d'admiration et de gratitude
-pouvez-vous donner des faits historiques qui vous ont le plus indigné, en terme d'horreur?
-pouvez-vous indiquer quelques noms des "oubliés et sans-grades"?
-quels étaient vos rapports avec le peuple français?
-dans vos conversations ou rencontre avec vos supérieurs, étiez-vous plutôt découragé ou indigné?
-avez-vous le sentiment d'avoir été poussé plutôt par le sens de l'honneur ou des considérations strictement personnelles?
-l'amour d'une femme a-t-il joué un rôle important au cours de ces années?
-vos souvenirs historiques du passé ont-ils joué un rôle dans votre vie de combattant?
-y-a-t-il des éléments comiques ou tragiques qui vous ont marqué?
-estimez-vous qu'il y a des évènements de lutte dans laquelle vous avez pris part qui ont été négligées par les historiens?
-avez-vous souvenir de compagnons qui s'en sont sortis miraculeusement?
-la Résistance durant 4 ans, cela suppose beaucoup de train-train quotidien. Quelle a été votre vie quotidienne pendant ces années?
-le passé vous manque-t-il?
-avez-vous eu du mal à vous réadpter à la vie quotidienne?
-quel a été votre métier principal depuis la guerre?
-si on vous demandait aujourd'hui de retenir un seul épisode de votre passé de lutte, quel est celui que vous choisiriez? Quelle mission, entreprise, échec ou réussite?
-quelle a été la réaction des gens que vous rencontrez depuis la guerre à votre égard, en tant que Compagnon de la Libération?
Ne pas oublier à parfois répéter les questions différemment plus tard dans la conversation...la mémoire est parfois traître. Mais ne pas insister : non seulement le témoin est souvent âgé, et la vérité historique reconnue est parfois différente de la manière dont les acteurs ont vécu l'évènement.
Laisser parler le témoin tout en évitant qu'il s'égare trop...quelquefois il peut apporter un élément, en cherchant dans sa mémoire, innatendu
Voila quelques éléments tirés de mon étude....si cela a pu apporter des idées....
Si vous avez besoin d'éléments, essayez de contacter M. Patrick Audoin, qui a été en charge de la section audiovisuelle du S.H.A.A.