17 août 1944, dans les gorges d’Alet, ou le dépôt de vivres de Montazels.
Le 17 août 1944 matin, ayant appris qu’un important convoi allemand allait se rendre de Carcassonne à Montazels au Sud, une section du maquis de Puivert, s'installe en embuscade dans les gorges de Cascabel en amont d'Alet au lieu dit « les roches », sur la rive droite de l'Aude. En place face au Nord, elle a pour mission d'intercepter la colonne allemande forte de six gros camions, des véhicules de protection et composée d’environs 200 hommes.
Cette dernière vient évacuer l’important dépôt de vivres installé dans l’ancienne fabrique de chapeau de Montazels, suite à l’ordre de repli général de l’AOK.19 promulgué par le grand Q.G. allemand le 16 août, au lendemain du débarquement de Provence.
Divisé en deux groupes, le premier se poste en batterie au sommet de la falaise qui surplombe le fleuve rive droite et la N.118, un fusil mitrailleur prend en enfilade et en tir plongeant, une partie de cette route, proté¬geant ainsi le groupe d'artificiers du sergent Charles Bournet (Génie). Celui-ci est composé de Marino Soligo, Emile Jouillet, Jean Perez, François Journet et Charles Biart et posté en contrebas, aux abords immédiats de la falaise, doit poser des mines antichar sur la route même et s'installer en surplomb avec ses grenades Gamon chargées de plastic, pour battre l'obstacle dès que la colonne tentera de le franchir.
Ce dispositif mis en place rapidement ne peut être débordé sur sa gauche côté fleuve où la falaise est abrupte, mais il reste vulnérable sur son flanc droit à l’Est, où la pente descend vers une zone boisée propice à l'infiltration de l’ennemi. Faute d'effectifs suffisants, la protection du groupe du fusil-mitrailleur risque de ce côté-là une manœuvre d'encerclement de l’ennemi.
Vers 9 heures la tête de la colonne qui se méfie des embuscades, se présente dans les gorges à petite allure. Le fusil-mitrailleur ouvre le feu sur les premiers véhicules qui stoppent net. Immédiatement, les allemands déploient devant eux la main-d’œuvre requise civils pour la manutention, faisant désespérément des signes d’alerte, tandis qu’à l'abri de ces deniers, les allemands évacuent leurs morts et leurs blessés.
Face à la complication du lieu de l’attaque, un des officier allemand retourne à Alet, afin de demander des renforts à la caserne Laperrine. Pendant ce temps, les hommes en queue de colonne, placés l'abri derrière les virages de la route, ont débarqué rapidement et se sont déployés dans la zone boisée, sur le flanc droit du fusil-mitrailleur. Ne pouvant utiliser le fusil mitrailleur qui malheureusement s’enraye, ainsi que la présence des civils, ajouté à la menace d’encerclement, le groupe décroche, sans avoir pu prévenir l'équipe au bas de la falaise, aux abords de la route.
Le groupe Charles Bournet ne recule pas et veut accomplir coûte que coûte cette mission. Malheureusement, pris à revers par des forces supérieures en nombre, Charles Bournet, Emile Jouillet (19 ans), Marino Soligo (17 ans) et Jean Perez (20 ans) vont payer leur courage de leur vie.
Charles Biart et François Journet réussissent à se dégager et échappent au piège.