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Histoire de la résistance en Alsace-Moselle

Répondant à l'appel du Général de Gaulle, des milliers de combattants français se lèvent en Europe et en Afrique. Retrouvez ici la 1ère DFL, la 2ème DB, les FAFL, FNFL... Mais aussi celles et ceux qui ont résisté à l'occupant en entrant dans la clandestinité pour rejoindre le maquis ou les groupes de résistants.
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Histoire de la résistance en Alsace-Moselle

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Chrisfor  Nouveau message 22 Oct 2012, 19:27

Voici, même si je suis un peu HS ce que m'inspire ce fil ... Nouveau sur le forum je me lance ...

J'ai pour ma part toujours un peu de mal avec les "malgrè nous" ....

Par un revirement de l'histoire ou plutôt de faire l'histoire les voilà placés au rôle de Héros, martyrs, et on appelle le bon peuple à sortir les mouchoirs pour verser ses larmes sur ces "héros" méconnus dont "on" se refuserait à reconnaître "le courage" et les "exploits" militaires dans leur combat contre l'allié de la France qu'était l'URSS. Voir ceux aussi le long de la N20 entre Montauban et Limoges ....
Allez en Haute Garonne, Corrèze, Lot ou Haute Vienne vous y verrez combien les mémoires y sont encore vivantes et à fleur de peau sur ce sujet ....

Quid des 10.000 Alsaciens Mosellans passés, pour avoir résisté et dit non au nazisme, par les "colonies de vacances" nazies de Schirmeck et du Struthoff ; c'est sûr que Tampow c'est plus "vendeur" héritage de la guerre froide oblige ....

Quid : Du commandant Sharf de l'Ora, de Marcel Weiman de la Main Noire, de Joseph Derhan de L'AS, de Georges Wodli membre du PCF qui tient comme c'est bizarre entra en résistance en JANVIER 41 (soit 6 mois avant le 22 juin ...!!!) Jean Burger, Annie Shulz, Margot Durmeyer des FTPF et tant d'autres.

Pour moi ce sont ceux là qui méritent le respect et qui sont les héros de L'Alsace Moselle et qui devraient être fêtés et montrés aux jeunes générations comme exemple de courage et de droiture ...

C'est le 70 ème Anniversaire de l'assassinat par les nazis après maintes tortures du RESISTANT Georges Wodli et pas que celui de l'enrôlement des Alsaciens Mosellans dans l'armée Allemande.


Pour les sources, il suffit de rechercher : résistance en Alsace Moselle sur l'ami google ...

Sujet très chaud je sais ... je pense être resté dans la correction même si sur ce sujet je ne parle pas le "politiquement correct".
Ne pas verser dans le patos ambiant sur cette question. Je n'ai pas de mépris ou insulte pour les Alsaciens Mosellans, c'est juste le fait de constater qu'il y avait 2 options et NON UNE SEULE .....
Les uns ont choisi de résister, les autres au mieux de subir, au pire de collaborer ...
Constat et non jugement


 

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Re: Histoire de la résistance en Alsace-Moselle

Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de dynamo  Nouveau message 22 Oct 2012, 20:05

Chrisfor a écrit:Voici même si je suis un peux HS ce que m'inspire ce fil ... Nouveau sur le forum je me lance ...

J'ai pour ma part toujours un peu de mal avec les "malgré nous" ...

Par un revirement de l'histoire ou plutôt de faire l'histoire les voilà placés au rôle de Héros, martyrs, et on appelle le bon peuple à sortir les mouchoirs pour verser sa larme sur ces "héros" méconnus dont "on" se refuserait à reconnaître "le courage" et les "exploits" militaires dans leur combat contre l'allier de la France qu'était l'URSS. Voir ceux aussi le long de la N20 entre Montauban et Limoge ...
Allez en haute Garonne, Corrèze, Lot ou Haute Vienne vous y verrez combien les mémoires y sont encore vivantes et à fleur de peau sur ce sujet ...

Quid des 10000 Alsaciens Moselans passés , Pour avoir résisté et dit non au nazisme, par les " colonies de vacances" nazi de Schirmeck et du Strutoff c'est sûr que Tampow, c'est plus "vendeur" héritage de la guerre froide oblige ....


Peux tu préciser ta vision des "malgré nous" ?
Ceci afin de lever le doute qui m'étreint...
La dictature c'est "ferme ta gueule", et la démocratie c'est "cause toujours".
Woody Allen.

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Re: Histoire de la résistance en Alsace-Moselle

Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de Chrisfor  Nouveau message 22 Oct 2012, 21:13

Chrisfor a écrit: Je pense être resté dans la correction, même si sur ce sujet je ne parle pas le "politiquement correct"
Ne pas verser dans le pathos ambiant sur cette question n'est pas mépris ou insulte pour les Alsaciens Mosellans
c'est juste constater qu'il y avait 2 options et NON UNE SEULE .....
Les uns ont choisi de résister, les autres au mieux de subir, au pire de collaborer ...

Constat et non jugement


A DYNAMO
Je pense être clair sur ma pensée dans ce post et notamment dans ma conclusion que je remets ci dessus. Je ne vois rien d'autre à ajouter si ce n'est que L'Alsace- Moselle entre 1940 et 1945 ce n'est pas QUE les "malgré nous" et qu'il y avait aussi une Alsace Moselle résistante et que sur celle la c'est le silence radio à de rares exceptions prêts.


 

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Re: Histoire de la résistance en Alsace-Moselle

Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de dynamo  Nouveau message 22 Oct 2012, 21:18

Ok....merci de cette précision...
Bon débat !
La dictature c'est "ferme ta gueule", et la démocratie c'est "cause toujours".
Woody Allen.

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Re: Histoire de la résistance en Alsace-Moselle

Nouveau message Post Numéro: 5  Nouveau message de alsa.se  Nouveau message 22 Oct 2012, 22:43

Chrisfor a écrit:
Chrisfor a écrit: Je pense être resté dans la correction, même si sur ce sujet je ne parle pas le "politiquement correct"
Ne pas verser dans le pathos ambiant sur cette question n'est pas mépris ou insulte pour les Alsaciens Mosellans
c'est juste constater qu'il y avait 2 options et NON UNE SEULE .....
Les uns ont choisi de résister, les autres au mieux de subir, au pire de collaborer ...

Constat et non jugement
A DYNAMO
Je pense être clair sur ma pensée dans ce post et notamment dans ma conclusion que je remets ci dessus. Je ne vois rien d'autre à ajouter si ce n'est que L'Alsace- Moselle entre 1940 et 1945 ce n'est pas QUE les "malgré nous" et qu'il y avait aussi une Alsace Moselle résistante et que sur celle la c'est le silence radio à de rares exceptions prêts.

Cher ami,
Oui, certes. Ne vous privez pas de développer sur cette seconde option trop absente à votre goût.
Mais n'oubliez pas de préciser que les Malgré-nous ce n'est pas QUE Tambov d'une part, et que vu les circonstances de l'époque, il est aujourd'hui bien trop facile, bien trop caricatural de classifier la population entre résistants et collabos (au pire...)
Constat et non jugement, idem.
::chapeau - salut::
Eric
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Re: Histoire de la résistance en Alsace-Moselle

Nouveau message Post Numéro: 6  Nouveau message de gherla  Nouveau message 23 Oct 2012, 15:06

Comme Eric:
- "Oui, certes. Ne vous privez pas de développer sur cette seconde option trop absente à votre goût."
Je suis preneur d'informations sur la résistance des Alsaciens-Mosellans, de leurs engagements etc...
Sujet pas souvent mis en avant, je vous invite donc à en débattre.
Mais de grâce veuillez ne pas opposer nos anciens à 70 ans d'intervalle.
Patrick petit fils d'un malgré-nous.
Amicalement. :Omega.067 anti alcoolique:
Patrick.
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Re: Histoire de la résistance en Alsace-Moselle

Nouveau message Post Numéro: 7  Nouveau message de fbonnus  Nouveau message 23 Oct 2012, 17:20

+ 1 avec Eric et Patrick, allez y , nous sommes friands et nous pourléchons par avance les babines.
« Alors mon petit Robert, écoutez bien le conseil d'un père !
Nous devons bâtir notre vie de façon à éviter les obstacles en toutes circonstances.
Et dites-vous bien dans la vie, ne pas reconnaître son talent, c'est favoriser la réussite des médiocres. »
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Re: Histoire de la résistance en Alsace-Moselle

Nouveau message Post Numéro: 8  Nouveau message de Chrisfor  Nouveau message 23 Oct 2012, 17:35

De 1eres Bio de résistants Alsaciens Mosellans Appartenant au FTPF ayant impulsé des réseaux de résistance

Mon ordi déconnant Je n'arrive pas a mettre les liens ... Donc c'est un peut long ...
Mais comme on ne parle pas souvent d'eux pour une fois .... ::alatienne::


Jean Burger.

Né le 16 février 1907 à Metz dans une famille de commerçants, Jean Burger effectue ses études à l’Ecole Normale de Montigny-lès-Metz. Il occupe successivement les postes d’instituteur à Magny, Creutzwald, Sainte-Marie-aux-Chênes, Fénétrange, Mondelange et en dernier lieu à Talange.

En 1932, Jean Burger participe au Congrès mondial de la Paix à Amsterdam. Il est l’un des créateurs de la structure départementale de l’organisation « Paix et Liberté ». Il fonde la section messine de la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA) et la fédération mosellane du mouvement Amsterdam-Pleyel. Membre du parti communiste, il organise, avec le maire de Mondelange, l’envoi des volontaires mosellans des Brigades Internationales en Espagne à partir de la gare de Hagondange en 1937.
Mobilisé en septembre 1939 au 406ème Régiment de Pionniers, il cantonne à Guinglange, puis près de Saint-Louis (Haut-Rhin) où il est fait prisonnier le 17 juin 1940. Redoutant une répression des nazis à son encontre pour ses engagements politiques, il prend le nom de « René Legrand » figurant sur un livret militaire qu’il a trouvé lors de la débâcle. Il est emprisonné au stalag II A, près de Nienhagen sur la mer Baltique. Au cours de l’hiver 1940-41, il peut donner signe de vie à son frère Léon installé à Arcachon en lui envoyant une carte. A la réception de ce courrier, Léon Burger renonce à son projet d’évasion en Espagne et décide de rentrer à Metz. De là, il organise l’évasion de son frère et rejoint le 31 mai Nienhagen. Le soir du dimanche de la Pentecôte 1941, Jean Burger réussit à s’évader en dévissant les barreaux d’une fenêtre. Il rejoint son frère à l’arrière du baraquement pour récupérer un costume civil. Les deux frères parlant parfaitement l’allemand rentrent à Metz sans encombre
 
Apprenant le retour de Jean, Charles Hoeffel, syndicaliste CGT aux ateliers SNCF de Montigny, vient à son domicile messin au 33 rue Saint-Pierre en juillet 1941. Il est accompagné de l’Alsacien Georges Wodli, membre du Comité central du parti communiste, qui apporte des instructions de Paris. Il charge Jean Burger de l’organisation de la résistance communiste en Moselle. Jean Burger décide de quitter le domicile parental pour habiter clandestinement aux domiciles de militants communistes mosellans avec pour point d’attache le logement d’Anne Schulz au 3 rue Vauban à Metz. Il crée le mouvement de résistance « Mario », du nom du plus connu de ses pseudonymes. L’activité du groupe revêt des aspects multiples : vol de matériel pour l’impression de tracts, rédaction et diffusion de tracts appelant à l’insoumission et au sabotage de l’économie de guerre, graffiti sur les murs, distribution de tracts venus de l’intérieur, organisation de groupes de trois personnes pour des sabotages dans les usines, déraillement de trains de marchandises ou de ravitaillement de la Wehrmacht et de permissionnaires, passages de PG évadés, de réfractaires et déserteurs de la Wehrmacht, constitution de stocks d’armes en attendant l’insurrection nationale.
Pendant l’été 1943, Jean Burger participe aux sabotages du carreau des mines dans la région de Merlebach-Petite Rosselle, au vol de dynamite dans la région de Fontoy. Parlant le russe, Jean Burger s’occupe en août 1943 de prisonniers russes évadés du stalag de Boulay qui se cachent dans la forêt d’Eincheville.
 
Jean Burger assure la liaison entre son groupe et les mouvements nationaux du Front national et des FTPF dont le Groupe Mario assure la diffusion de la presse et des tracts clandestins. Il se rend donc assez régulièrement dès juillet 1941 à Paris pour prendre des ordres. Le 20 septembre 1942, il est arrêté en rentrant de la capitale au passage de la frontière à Montois-la-Montagne, la police frontalière ayant remarqué que ses papiers étaient faux. Il est livré à la Gestapo de Metz et finalement libéré, le 12 novembre 1942, sans que les Allemands aient compris qu’il est « Mario ».
Ils réalisent leur erreur et réussissent à l’interpeller à nouveau le lendemain. Il est mis au secret à la prison du Grand Séminaire à Metz. Après s’être volontairement blessé avec une aiguille cachée dans du linge fourni par son frère, il est hospitalisé à Bon-Secours. Il réussit à s’évader le 6 décembre grâce à l’aide de deux camarades qui l’emmènent à bicyclette à son domicile clandestin de la rue Vauban
            
Le démantèlement du Groupe Mario est orchestré à partird’août 1943. Deux traîtres sont infiltrés dans le Groupe, l’un à Metz, l’autre à Hagondange. Les Allemands avaient récupéré les archives de la police française où figuraient des enquêtes sur les membres du PC et de la CGT. Au lendemain de « l’Opération Valmy » (journée nationale de sabotages et d’incendies de fermes de colons allemands), Jean Burger est arrêté le 21 septembre 1943. Des arrestations massives se poursuivent dans les usines jusqu’en avril 1944. Plus de 800 membres sur les 3000 répertoriés après-guerre sont déportés.


Motifs d’arrestations des 209 membres du Groupe Mario de la Vallée de l’Orne
Diffusion de tracts : 128
Diffusion de journaux : 46
Sabotages : 46
Aides aux PG évadés et réfractaires : 32
Appartenance au Groupe : 25
Appartenance au PC : 21
Cotisation : 11
Armes : 9
Propagande anti-nazie : 8
Détention d’armes :  9
Hébergement de résistants :  4
Résistance :  3
Incendie de fermes :  3
Participation à la journée du 20.9.43 :  3
Agent de liaison :  2
Organisation d’un réseau :  1
Haute trahison :  1


Jean Burger est maintenu enchaîné une semaine dans les caves de la Gestapo rue de Verdun. Il est ensuite transféré à la prison militaire de Metz, rue du Cambout puis au fort de Queuleu. Il est emprisonné dans la cellule N°1 réservée aux résistants les plus importants. Le 17 août 1944, Jean Burger est transféré à la prison de Manheim, puis, le 17 septembre, à la prison de Wiesbaden et finalement déporté à Dachau le 14 novembre. Quelques jours plus tard, il est expédié à Auschwitz-Monowitz. Le 18 janvier 1945, il participe aux « marches de la mort » dans la neige de Haute-Silésie. Finalement, il est embarqué dans un train jusqu’à Dora Nordhausen; Jean Burger souffre d’une pneumonie et est admis au Revier. Il décède au cours du bombardement du camp le 3 avril 1945. Jean Burger repose dans une fosse commune du cimetière de ce camp.
Jean Burger fut promu le 27 novembre 1946 chevalier de la Légion d’honneur. Il obtint aussi la Croix de guerre avec palmes. Le 31 mars 1947, la médaille de la Résistance lui est attribuée. De nombreuses communes du bassin ferrifère donnent son nom à une rue, une place, une école. Le 11 avril 1965, une rue Jean Burger est inaugurée à Magdebourg. Le Groupe Mario est reconnu « mouvement de résistance intérieure » le 18 juin 1985.
 


Bibliographie 
:-Léon Burger, Le Groupe Mario, éditions Hellenbrand, Metz 2ème édition 1985
-Article de Pierre Schill, in Claude Pennetier (sous la direction de), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier – mouvement social français. 1940-1968 (Le Maitron), tome 2, p. 430 à 432, Paris, Editions de l’Atelier, 2006.-Articles L’Affaire Jean Burger et Le Groupe Mario in Le Patriote Résistant 1958 et 1984.-Philippe Wilmouth, Chroniques de la deuxième guerre mondiale dans la vallée de l’Orne, éditions Ascomémo, 2001 



WODLI Georges
 
Ajusteur à BISCHHEIM  (67)

Date de naissance : 15 juillet 1900
Lieu de naissance : SCHWEIGHOUSE  (67) alors territoire allemand
Date de décès : 1er ou 2 avril  1943 (nuit du 1er au 2 probablement)
Lieu de décès : STRASBOURG  (67)
Circonstances : Mort sous la torture , assassiné par la Gestapo.
 
 
Méthode  de recherche Rail & Mémoire pour cette notice :
Le Maitron => Cheminots et Militants, un siècle de syndicalisme ferroviaire, sous la direction de Marie-Louise GOERGEN, Collection Jean MAITRON (Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Les Editions de l'Atelier, 2003)
 
 
Ouvrier ajusteur des chemins de fer, il était militant puis membre du comité central PCF, syndicaliste  secrétaire de l'Union des syndicats CGTU des cheminots d'Alsace et de Lorraine et résistant français. Il est décédé sous la torture au cours de la nuit du 1er au 2 avril 1943.
Georges Wodli est né le 15 juin 1900 à Schweighouse sur Moder (Bas-Rhin alors en territoire allemand). Deuxième enfant d'un modeste employé des chemins de fer du réseau d'Alsace-Lorraine (A.L.), il entre à l'âge de 14 ans comme apprenti - ajusteur aux ateliers des chemins de fer de Bischheim, près de Strasbourg. C'est là qu'il passe les premières années de la guerre de 1914-1918, en compagnie de son frère Charles, un peu plus jeune que lui, également apprenti – ajusteur.
A 18 ans, à peine réussit son brevet de Compagnon  il est incorporé dans la marine de l'Empire à Wilhelmshafen dans les derniers mois de la guerre. Affecté à Kiel, sur la baltique, il y rencontre son frère aîné Henri. En sa compagnie il assistera et participera au soulèvement de la marine allemande. Puis estimant que la guerre avait assez durée pour eux, ils désertent et rentrent en Alsace redevenue allemande. Il reprend alors sont travail d'ajusteur aux ateliers de Bischheim.
Le 5 octobre 1920, il part à Toulon pour effectuer son service militaire dans la marine française. Ne parlant pas le français car n'ayant été qu'à l'école allemande il vécu des moments difficiles jusqu'à sa libération en mars 1922.
Désireux de se perfectionner dans la langue française, il part à Paris où il travaille comme ajusteur dans plusieurs entreprises  automobiles de l'époque (Renault, Hispano-Suiza,…). C'est dans ces milieux de travailleurs qu'il fait la connaissance de Pierre Sémard et qu'il se lance dans le syndicalisme, puis dans la politique et adhère au Parti Communiste Français (P.C.F.).
Après s'être marié, en 1923, avec une Alsacienne, qu'il avait connu lors de son séjour à Bischheim, il retourne en Alsace en novembre 1925, s'établit à Schiltigheim et retourne travailler à Bischheim.
Dans les années qui suivent, son activité syndicale et politique ira en s'accroissant. En 1930 il est élu au poste de Secrétaire du syndicat C.G.T. des Cheminots d'Alsace-Lorraine et afin de pouvoir remplir sa nouvelle mission, il se fait mettre en disponibilité. Il mène alors une double activité politique et syndicale.
Lors de la déclaration de guerre en septembre 1939 et l'interdiction du parti communiste, il retourne travailler aux ateliers de Bischheim. Le 3 septembre 1939, la population de Strasbourg est évacuée en Dordogne, Georges Wodli est affecté au dépôt de Gretz-Armainvilliers (Seine et Marne). Il y emmène sa femme et son fils né en 1936.
Le 18 janvier 1940, Wodli est également mobilisé et affecté au dépôt du Génie à Epinal. Le 17 février suivant il est mis en affectation spéciale au titre de la SNCF et retourne travailler à Gretz. Le 3à avril 1940 il est rappelé et « affecté » à la 1er Compagnie Spéciale au camp de Saint Benoit, en Seine et Oise, d'où il est ensuite transféré au camp de Roybon dans l'Isère. C'est là qu'en compagnie d'un autre dirigeant communiste il s'évade début septembre. Il entre dans la clandestinité en 1940, et créé son réseau de résistance dans les zones ferroviaires.
Georges Wodli revient clandestinement en Alsace dès le début de l'année 1941 pour tenter de reconstituer le Parti communiste dans les trois départements. Dès le mois de février 1941 un réseau de distribution de l' « Humanité » clandestine avait été mis en place avec ses dépôts et agents de distributeurs recrutés parmi les cheminots et les mineurs du Haut-Rhin. Le mouvement de résistance communiste contre le nazisme se développe rapidement, en particulier dans les ateliers et dépôts de chemin de fer. Si l'aide aux prisonniers de guerre évadés et la propagande sont l'une des premières formes de résistance, les réseaux de résistances organisent des sabotages et des destructions pour diminuer le potentiel de guerre nazi.
A plusieurs reprises, Georges Wodli passe clandestinement la frontière, le 31 juillet 1942 il quitte la Lorraine et repart pour Paris avec l'intention de revenir en Alsace en octobre.
Arrêté le 30 octobre 1942 par la police française, à Chatou (Seine et Oise) chez l'une des 42 familles où séjournait pour travailler, il sera livré à la Gestapo en janvier 1943. D'abord interrogé par les policiers de la gestapo française, il est transféré à Fresnes le 19 novembre 1942 aux mains de la gestapo allemande.
Puis il est conduit le 16 janvier 1943 au camp de sûreté de Schirmeck ou il séjourne six semaines dans le bunker (isoloir) et y subit un véritable calvaire. Transféré au siège de la gestapo rue Sellénick à Strasbourg, il y est enfermé dans une cellule pendant au moins trois semaines pour y subir des tortures, maltraitances, interrogatoires et confrontations. Son assassinat est camouflé en suicide par les policiers nazis. D'après des témoignages (dont Guillaume Burgmeier) il serait mort le 1 ou 2 avril 1943 Strasbourg. Ensuite pour faire disparaître son cadavre, il est conduit au camp du Struthof pour y être incinéré.
Le 30 octobre 1949, il est nommé, à titre posthume, chevalier de la Légion d'Honneur avec le grade de sous-lieutenant, décoré de la Croix de guerre avec palmes et de la Médaille de la Résistance. Des rues portent son nom à Strasbourg, Metz, Gretz…

Georges Wodli, résistant assassiné rue Sellénick par la Gestapo.
L'actuel bâtiment de l'école ORT, situé rue Sellénick, a eu le triste sort d'être le siège de la gestapo à Strasbourg. C'est aussi là que fut torturé et assassiné le 2 avril 1943 Georges Wodli, chef du réseau résistance du même nom. Soumis aux tortures jour et nuit, il ne livrera aucune information à la police nazi, déclarant : « vous ne pouvez m'enlever la vie, mais vous ne m'enlèverez pas mon honneur ».

Fiche Georges RIBEIL & Léon Strauss (Le Maîtron)
Sources :
Arch. Nat. F7/13129, 13130 – Arch. Dép. Bas-Rhin, 98 AL 73 – Arch.  Dép. Moselle, 310, M 95 – Le cheminot unifié, Strasbourg, 2 avril 1945 – L'Humanité d'Alsace et de Lorraine, 7 février 1945 - SNCF, La Région de l'Est de la SNCF de 1939 à 1945,  Strasbourg, 1947, p. 206 - Georges Matter, Heimat unterm Hakenkreuz, 1953 - Maurice Choury, Les cheminots dans la Bataille du rail, 1970, p. 84 -93 - Leon Tinelli, L'Alsace résistante, 2002 - Marie-Louise Goergen, Cheminots et militants- un siècle de syndicalisme ferroviaire, 2003, p. 85 - Strassburger Neueste Nachrichten, 28 janvier 1943 - L'Humanité d'Alsace et de Lorraine, 28 janvier 1945 et 5 février 1945 - Numéro spécial de l'Humanité d'Alsace et de Lorraine : Résistance, décembre 1960, p. 37, 39.
 

 


Auguste Sontag

Le premier juin 1943, trois jours après la constitution sur le territoire français du Conseil National de la Résistance*, quatre résistants haut-rhinois du réseau Georges Wodli*, accusés de "haute trahison envers le IIIe Reich", furent décapités à la hache par les nazis. Tous les quatre étaient des dirigeants communistes : Adolphe Murbach, menuisier de Colmar, originaire de Sundhoffen, Eugène Boeglin et Auguste Sontag, instituteurs de Wintzenheim, et René Birr, cheminot de Réguisheim. 
Le 29 juin, quatre autres responsables communistes connaissent le même sort. Il s'agit de Édouard Schwartz de Lutterbach, Marcel Stoessel et Alphonse Kuntz de Mulhouse, et René Kern de Niedermorschwihr. 
Plus de 300 communistes alsaciens, dont 180 du Haut-Rhin, furent internés dans le sinistre camp de Schirmeck. 
* Le 27 mai 1943, face à la France occupée, fut créé le Conseil National de la Résistance, présidé par Jean Moulin. Ce Conseil avait pour but de rassembler et de coordonner toutes les actions pour libérer la France. Au sein de ce conseil, toutes les sensibilités étaient représentées : gaullistes, chrétiens, socialistes, communistes. 
* Georges Wodli : cheminot strasbourgeois, membre du comité central du PCF. Arrêté le 30 octobre 1942 par la police de Pétain et livré à la Gestapo. Il fut assassiné par celle-ci le 2 avril 1943 dans les caves de la rue Sellenick à Strasbourg. 

1941 : la résistance s'organise

Auguste Sontag en 3ème année d'École Normale à Colmar en 1934
(collection Edith Leroueille)
Auguste Sontag est né le 28 septembre 1915 à Wintzenheim, dans une famille républicaine antifasciste, éprise de justice. Son père, Laurent Sontag, fondeur chez Haren, était très estimé par toute la population. Auguste se distingua vite par son intelligence, et c'est sur l'incitation de son instituteur qu'il a continué ses études. C'est ainsi qu'Auguste Sontag a été admis à l'École Normale des Instituteurs de Colmar. Il fut nommé successivement à Réguisheim puis à Ensisheim.
Mais déjà les nuages s'amoncellent et le danger de guerre se précise. On est en 1939, la drôle de guerre, puis l'attaque sur le Rhin, la défaite, puis l'Armistice signée par Pétain et les Vichystes. Cependant, notre population ne se résigne pas, et se livre à des actes de résistance, de révoltes et de sabotages.
Comme un peu partout, après l'entrée en guerre de la Russie, les communistes s'étaient regroupés en Alsace pour organiser la résistance. Dès 1941, on tenta de remettre sur pied en Alsace le parti communiste ; c'est lui qui publia le premier et peut-être le seul journal clandestin, " L'Humanité " écrit en allemand et répandu surtout parmi les mineurs des environs de Mulhouse et de Rouffach. Il eut 18 numéros, aujourd'hui introuvables.
Auguste Sontag avait lui aussi mis sur pied un réseau très structuré, ayant pour mission d'aider les familles des clandestins, et participé à la rédaction du journal de lutte clandestine contre le fascisme, "L'Humanité d'Alsace Lorraine". C'est là que Lucien Brenner, Louis Haas, la famille Mader, les Weinmann, les Ulmer, Paul Beyer, René Furstoss, etc, donnent l'image de notre Alsace. Bien que cela fut très dangereux, mais dans l'enthousiasme, ils parcourent à vélo les routes de la région, avec ces fardeaux de dynamite que constituent ces journaux illégaux, les distribuant dans les boites aux lettres de sympathisants et dans les entreprises.
Mais la Gestapo veille et remonte la filière en partant de Strasbourg. 

René Furstoss se souvient

René Furstoss
(photo Guy Frank,10 février 2003)
Auguste Sontag et Eugène Boeglin, instituteurs, furent des résistants de première heure. Ils étaient de ceux qui, de tous temps, combattirent la propagation de la peste brune en Alsace. Ils vécurent mal le désastre de 1940. Au début de l'été 1941 ils entrèrent dans l'action. Sous leur impulsion et leur autorité furent mises sur pied des équipes de jeunes patriotes. 
Après la rupture du pacte germano-soviétique, j'ai été contacté par André Weimann, qui m'a invité à rejoindre ces groupes créés et dirigés par Auguste Sontag et Eugène Boeglin. Les groupes, autonomes les uns par rapport aux autres, comportaient chacun trois jeunes patriotes. J'étais avec André Weimann et Émile Mader. Dans d'autres équipes se trouvaient Lucien Brenner, Paul Beyer, Jacques Ulmer, Louis Hass, etc... 
Par le respect et la confiance qu'ils inspiraient, nos chefs surent nous galvaniser et nous conduire à la résistance active, organisée contre les nazis et les fascistes. Nous fûmes d'emblée acquis à leur cause : il fallait, par tous les moyens, rendre inopérante la pieuvre du national socialisme pour nous libérer de l'étreinte mortelle de ses tentacules. 
Notre groupe avait pour mission de contacter et de rassembler les patriotes, de fournir des renseignements  d'ordre social et stratégique, et de distribuer les tirages du journal clandestin "L'Humanité d'Alsace". 
Le groupe a cessé son activité dirigée par suite de l'arrestation de son chef Auguste Sontag le 25 mai 1942.
J'ai rencontré Auguste pour la dernière fois en avril 1942, quand il a pris le tram allant à Colmar pour partir à Waldshut. Des bruits couraient déjà sur les répressions menées par la Gestapo envers les résistants communistes. Je lui ai dit : "Auguste, Waldshut n'est pas loin de la Suisse. Sauve ta peau, et passe la frontière". Perdu dans ses pensées, il n'a pas répondu. C'est la dernière vision que j'ai de lui.
Lucien Brenner
(photo Guy Frank, 3 mars 2004)

Yvonne Beyer raconte :
Avec Paul Beyer, je participais aux activités du réseau clandestin. Je tapais sur une vieille machine à écrire les stencils ronéo qui servaient à l'impression des tracts. Pour cela, je venais dans la maison des parents Sontag, à l'angle de la rue des Trois-Epis et de l'actuelle rue Sontag. Un jour, Raymond, le frère d'Auguste, en revenant du tram, m'a dit : "Fais attention et ferme la fenêtre, on entend résonner ta machine à écrire jusqu'à la gendarmerie !".
Après les premières arrestations, Paul Beyer s'est rendu à Waldshut pour prévenir Auguste Sontag du danger, et lui conseiller de ne pas revenir en Alsace. Auguste lui a répondu :"Si je ne rentre pas, j'avoue ma culpabilité, et je mets en danger tous les camarades de mon réseau". Seule précaution, il confie à Paul des courriers et un paquet de tracts pour ne pas les porter sur lui lors d'une éventuelle arrestation.
Source : témoignage recueilli par Guy Frank le 24 mars 2003 (photo Guy Frank)

25 mai 1942 : l'arrestation

Eugène Boeglin (collection Yvonne Beyer)
Quand il a appris qu'il était recherché par les nazis, Auguste enseignait en Allemagne, à Waldshut près du Lac de Constance. Des douaniers allemands avec qui il déjeunait lui proposèrent de le faire passer en Suisse. Mais Auguste préféra revenir en Alsace pour continuer la lutte avec ses camarades. Et c'est l'arrestation à son domicile, 35 rue du Mal Joffre à Wintzenheim, le lundi de Pentecôte 25 mai 1942 en fin d'après-midi. Il venait de fêter en famille l'anniversaire de sa sœur Andrée, dite Suzie. Sont arrêtés vers la même époque : Émile Minéry, cordonnier de Réguisheim, Ernest Korb, mineur de Réguisheim, Eugène Boeglin de Wintzenheim, Adolphe Murbach de Sundhoffen, et René Birr de Réguisheim. Tous avaient, selon l'occupant, participé à un complot contre la sécurité de l'État. Emprisonnés pendant quelques jours à Colmar et à Strasbourg, ils furent transférés au camp de Schirmeck jusqu'en novembre, puis enfermés à la prison de Buhl (pays de Bade). 
Les rafles se multiplièrent, et ce sont 33 Alsaciens qui seront déférés devant un tribunal du peuple. Leur procès eut lieu le 23 janvier 1943 à Strasbourg devant le "Volksgerichtshof". Ce tribunal populaire de sinistre mémoire avait été créé le 24 avril 1934, Hitler comptant sur lui pour anéantir les derniers noyaux de résistance en Allemagne et combattre surtout les milieux communistes (et notamment le parti d'Ernest Thaelmann). Composé de 2 juges de carrière et de 3 assesseurs honoraires non juristes nommés par le Führer, il prononçait des jugements sans appel. 

23 janvier 1943 : le procès

L'une des six photos de dirigeants de la Résistance communiste, héros de la résistance patriotique contre les nazis, figurant en page 2 du numéro spécial "Résistance" de l'Humanité d'Alsace et de Lorraine de Janvier 1965 (collection personnelle Francis Guth)
Avec un procès présidé par le redoutable Dr Roland Freisler, qui jugera les auteurs de l'attentat contre Hitler et les condamnera à la pendaison, nos quatre résistants n'avaient aucune clémence à attendre. 
Le tribunal " Volksgerichtshof, 1. Senat" était composé de :
- Juge : Präsident des Volksgerichtshofs Dr Freisler, Vorsitzer,
- Juge : Landgerichtsdirektor Stier,
- Juge : Generalarbeitsführer Stoll,
- Juge : SA-Gruppenführer Damian,
- Juge : Obererreichsleiter Worch,
- Procureur : Erster Staatsanwalt Figge (als Vertreter des Oberreichsanwalts)
- Greffier en chef :  Justizobersekretär Peltz (als Urkundsbeamter der Geschäftsstelle)
Ont comparu :
- le cheminot (Eisenbahner) René Birr, de Réguisheim, né à Réguisheim le 2 novembre 1922
- le cordonnier (Schuhmacher) Émile Minery, de Réguisheim, né à Réguisheim le 7 avril 1916
- le mineur (Bergmann) Robert Korb, de Réguisheim, né à Réguisheim le 13 janvier 1922
- l'instituteur (Lehrer) Auguste Sontag, de Wintzenheim, né à Wintzenheim le 28 septembre 1915
- l'instituteur (Lehrer) Eugène Boeglin, de Wintzenheim, né à Obermichelbach le 8 novembre 1912
- le menuisier (Schreiner) Adolphe Murbach, de Colmar, né à Sundhofen le 12 juillet 1902.
L'acte d'accusation précisait que les 6 Haut-Rhinois avaient, en temps de guerre, favorisé l'ennemi du Reich en se rendant coupables de haute trahison et en faisant de l'agitation communiste. Sontag, Boeglin et Birr étaient de plus accusés d'avoir préparé et caché des armes pour le jour où ils entreraient en lutte ouverte contre les nazis. Eux trois et Murbach ont été condamnés à la peine capitale et... à la perte définitive de leurs droits civiques. Émile Minéry a écopé de 6 ans de réclusion, Ernest Korb de 12 ans de réclusion. Les condamnés eurent une attitude très digne. C'est ainsi que le jeune Birr, qui n'avait que 20 ans, apostropha Freisler en lui disant "Nous allons mourir, et pour une noble cause, mais d'ici un an, vous allez payer vos crimes". 
Les condamnés à mort furent enfermés à Stuttgart, dans la prison centrale de la Urbanstrasse. Auguste Sontag put recevoir la visite de sa famille à trois reprises. Son frère Raymond fut l'un des derniers à le voir, un mois avant son exécution. 

1er juin 1943 : l'exécution

L'affiche du 1er juin 1943 (AMC OA IIB13, photo Guy Frank, 12 août 2004)
Le 1er juin 1943, très tôt le matin, des placards rouges annonçaient l'exécution de quatre résistants haut-rhinois : René Birr, 20 ans, de Réguisheim, Auguste Sontag, 27 ans, de Wintzenheim, Eugène Boeglin, 36 ans, d'Obermichelbach, et Adolphe Murbach, 40 ans, de Sundhoffen.
Voici des extraits du journal de Stuttgart "Die Volksstimme" du 7 juillet 1949 : "Le matin à 5 heures, les candidats à la mort furent réveillés et on leur donna à nouveau lecture de la condamnation à mort du Procureur de la République. Puis ils durent se déshabiller totalement et revêtir la chemise de la mort en papier, au col découpé. Ils furent conduits à la cour du bâtiment de justice, où les valets du bourreau, ivres, attendaient leurs victimes. Les condamnés furent brutalement couchés et attachés à l'échafaud. Le valet appuya sur un bouton, le couperet s'abaissa et l'on passa à la prochaine victime. Ce même jour, 35 personnes furent exécutées de cette façon".
Des compagnons de cellule rapportent qu'Auguste et ses trois camarades chantèrent la Marseillaise en montant à l'échafaud.
Le 29 juin de cette même année, d'autres résistants haut-rhinois furent exécutés de cette manière, à savoir Marcel Stoessel de Mulhouse-Dornach, René Kern de Morschwiller-le-Bas, Alphonse Kuntz de Mulhouse et Édouard Schwartz de Lutterbach. Durant longtemps, on ne put savoir ce qu'il advint des corps des victimes et les membres de leurs familles ne furent jamais informés. Seul Marcel Stoessel put être enterré à Dornach. Grâce au VVN (association allemande de persécution du régime nazi), le secret put être levé ; même après leur mort, on ne laisse pas de paix aux victimes. Le régime nazi transféra leurs corps à la faculté de médecine de Heidelberg, où ils servirent de sujet d'expérience, pour l'anatomie, puis ils furent enterrés dans une fosse commune au cimetière de montagne de Heidelberg.
Le 7 juillet 1968, à l'occasion d'une cérémonie de commémoration, une plaquette du souvenir fut posée sur les tombes, portant les noms des victimes. Rappelons que le nom d'Adolphe Murbach est également gravé sur la plaquette de la place des Martyrs de la Résistance à Colmar. 



Sources :
- Il y a 30 ans, quatre résistants haut-rhinois étaient exécutés par les nazis (L'Alsace du 1er juin 1973)
- Il y a 40 ans, le 1er juin 1943, Quatre résistants haut-rhinois sont exécutés par les nazis, Claude Keiflin (DNA du 29 mai 1983) 
- Juin 1943 - Juin 1993, En hommage à nos résistants, Lucien Goetz (supplément à L'Humanité d'Alsace-Lorraine du 24 juin 1993)
- L'Alsace sous l'occupation allemande 1940-1945, Marie-Joseph Bopp (X. Mappus Éditeur, Le Puy, 1945)
- L'Alsace résistante de juin 1940 à février 1945, Léon Tinelli, Institut C.G.T. Alsace d'Histoire Sociale, 2002


 

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Re: Histoire de la résistance en Alsace-Moselle

Nouveau message Post Numéro: 9  Nouveau message de Chrisfor  Nouveau message 23 Oct 2012, 18:08

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Re: Histoire de la résistance en Alsace-Moselle

Nouveau message Post Numéro: 10  Nouveau message de JARDIN DAVID  Nouveau message 23 Oct 2012, 19:57

Très bien !
Et maintenant, auriez-vous aussi des éléments concernant Paul DUNGLER et les résistants de la 7ème colonne d'Alsace ?
"Laisse faire le temps, ta vaillance et ton roi" (Le Cid)

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