Post Numéro: 13 de Tom 17 Avr 2012, 19:54
Merci de vos aimables remarques. Cela dit, comme je l'ai déjà mentionné, je n'ai pas encore pu lire la thèse de Claude Barbier, intitulée "Des événements de Haute-Savoie à Glières, mars 1943 - mai 1944, action et répression du maquis savoyard", qui peut être intéressante, ne serait-ce que parce que c'est, à ma connaissance, la première thèse universitaire sur le sujet. Aussi je ne veux pas lui faire un procès d'intention, mais il me semble légitime de réagir aux propos qu'il a tenus en public et dans la presse.
Certes, je n'ai pas assisté à l'une de ses multiples conférences, mais, par exemple, Dominique Miffon, membre de l'association d'histoire locale haut-savoyarde La salévienne, que préside Claude Barbier, déclare que ce dernier, pour connaître les motivations des maquisards des Glières, faute d'archives de la Résistance, s'est référé aux... procès-verbaux d'interrogatoire dressés par les policiers de Vichy lors de l'arrestation de cent dix maquisards à leur descente du plateau fin mars et début avril 1944...
Source : Dominique MIFFON, association La salévienne, n° 75, janvier 2012.
Au sujet de ces hommes et de leurs motivations quant à leur statut de proscrit, le tableau suivant, dressé en fonction des réponses produites aux policiers par 110 hommes faits prisonniers à leur descente du plateau, vaut sociologiquement son pesant de réflexion : [C'est moi, Tom, qui souligne.]
Refus d'aller en Allemagne 62
Crainte d'être arrêté 10
Ne veut pas aller aux Chantiers de la Jeunesse 6
Par patriotisme 5
Suit des camarades 5
Obéit à un ordre 3
Refus d'être intégré à l'organisation Todt 2
Altercation dans la famille 2
Déserteur du STO 2
Divers 13
Sachant que ces hommes, qui avaient porté les armes contre les forces de l'ordre de Vichy, étaient menacés d'être exécutés sommairement ou après un jugement expéditif (voir ci-dessous *), on peut douter de la qualité des sources de Claude Barbier. De toute façon, même si la plupart des prisonniers avaient pris le maquis pour échapper au S.T.O. en Allemagne, cela n'implique pas qu'ils étaient montés ensuite aux Glières pour se cacher comme le prétend Claude Barbier. En effet, de nombreux réfractaires au S.T.O. ont refusé de s'engager et. éventuellement, de se battre dans les formations paramilitaires de l'Armée secrète ou des F.T.P.
* Avis du colonel Lelong, intendant de police, directeur des opérations de maintien de l'ordre en Haute-Savoie aux habitants le 31 janvier 1944 : "Tout individu pris les armes à la main ou détenteur d'armes ou d'explosifs sera immédiatement traduit devant la cour martiale : jugement sans appel et exécutoire dans les 24 heures."