Attention, Fred, une bonne partie de ce travail a deja ete fait. Comme personne ne clique sur le lien que j'ai donne, je cite un extrait de l'article de l'histomag'44 no.65 :
L’envol :
Les avocats passés ou contemporains du Maréchal Pétain indiquent souvent que de Gaulle s’est envolé de Bordeaux le 17 juin dans l’avion de Spears, représentant de Churchill auprès du gouvernement Reynaud, et qu’il l’a fait surtout de crainte d’être arrêté par le gouvernement Pétain, les deux hommes étant en froid depuis 1924.
Il est dorénavant clair que l’avion était celui mis à la disposition de De Gaulle et pas de Spears. De plus, la décision du départ est immédiate, Spears y adhère aussitôt et décide de partir à Londres avec lui pour l’aider à convaincre Churchill qui hésite car il souhaiterait recevoir à Londres des personnalités françaises de plus haut vol. Les choses étant ce qu’elles étaient, il dû se «contenter » du général bien qu’ayant, lui aussi, présenté à l’origine son arrivée comme étant une «mesure de sécurité ».
Il semblerait d’ailleurs que les bases du texte de l’Appel aient été jetées sur le papier dans la nuit du 16 au 17 juin à Bordeaux, traces d’une demande de De Gaulle pour les services d’une secrétaire ayant été retrouvées dans les archives. Mis à part préparer sa journée du lendemain, qu’il savait devoir être difficile, et établir les bases de sa future politique, on ne voit pas pourquoi il aurait eu besoin d’une dactylo cette nuit la2.
Le 17 juin :
Venant de Bordeaux, Charles de Gaulle et son aide de camp Geoffroy Chodron de Courcel, accompagnés de Spears, atterrissent à l'aérodrome londonien de Heston en fin de matinée.
Il s'installe dans un appartement prêté par un Français, près de Hyde Park, au centre de Londres, au numéro 6 de Seymour Place
En milieu d'après-midi, le général de Gaulle est reçu par Winston Churchill au 10 Downing Street. Les appuis de Spears mais aussi de Duff Cooper ont eu raison des hésitations de Churchill. Le premier ministre britannique décide de mettre la BBC à la disposition du Général. Il a été convenu qu'il ne l'utiliserait que lorsque le gouvernement Pétain aurait demandé l'armistice.
En fin d'après-midi, la nouvelle que le maréchal Pétain vient d'annoncer aux Français qu'il faut cesser le combat parvient à Londres. Le général décide alors de lancer son appel dès le lendemain. Mais Churchill reste évasif. La nouvelle du « il faut cesser le combat » émis par Pétain vers 12h 30 est connue à Londres dès 13h. Rien de neuf à cet égard dans l’après-midi ou la soirée. Mais c’est la que les ennuis commencent avec les hésitations anglaises !
D’une part et contrairement à ce que l’intéressé a écrit plus tard, le siège de Premier Ministre de Winston Churchill est fragile. Les tenants de «l'appeasement », les pacifistes anglais, sont en force dans le gouvernement, sous la houlette de Lord Halifax et avec l’aide active de Robert Vansittart du Foreign Office, connu (à tort) comme churchillien ; il rejette viscéralement, les premiers jours, l’entreprise gaullienne, mais ne saurait être dit pacifiste. Ils ne veulent surtout pas, à ce stade de la guerre, critiquer en quoi que ce soit le Maréchal Pétain car, tout simplement, ils aimeraient imiter son initiative de demande de paix. Il convient aussi de faire la part du classicisme diplomatique car beaucoup de choses s’expliquent par la routine en un temps où elle est mortelle, car Hitler compte dessus.
D’autre part, les Français de Londres ne sont pas unanimement d’accord avec Charles de Gaulle, notamment Alexis Léger et, surtout, Jean Monnet.
Les uns comme les autres feront tout pour édulcorer autant que possible le texte de l’appel, voire l’empêcher.
Pour les comprendre, mais sans pour autant les approuver, il faut bien réaliser qu’Hitler avait complètement berné la quasi-totalité des dirigeants du monde et que se sont ceux qui espéraient alors pouvoir l’arrêter par les armes dans l’immédiat qui passaient pour de dangereux bellicistes.
Le 18 juin :
Au moins 3 versions du texte seront rédigées et vivement discutées ce jour la, sans compter l’ébauche datée du 17. Il semblerait que 2 autres aient existé, mais elles ne sont connues que par des résumés.
Le texte original sortira mal en point de ses affrontements qui durèrent toute la journée. Citons un extrait de l’une des délibérations du cabinet britannique ce jour la :
«Bien que le texte du message ne soulève aucune objection, il n’est pas souhaitable que le général de Gaulle, puisqu’il est persona non grata auprès du gouvernement français actuel, parle à la radio, aussi longtemps qu’on peut espérer que ce gouvernement agisse dans un sens conforme aux intérêts de l’alliance. »
Deux versions du texte diffusé le 18 juin existent :
- Celui qui fut réellement prononcé ce soir la, à 22 heures et non avant comme certains le disent.
- Celui diffuse AVANT par un communiqué de la BBC, donc moins censuré, et qui fut reproduit le 19 par certains journaux français.
Le véritable texte du 18 juin :
L’histoire de ce premier texte diffusé le 18 juin mérite à elle seule une mention spéciale. Le discours ne fut pas enregistré par la BBC. Les premiers à avoir découvert ces différences furent une équipe d’amateurs passionnés sarthois3 qui se procurèrent le texte tel qu’enregistré par les services radiophoniques suisses dans des conditions qui firent dire par J.C. Averty, qui suivait cette affaire, à François Delpla au cours d’une conversation téléphonique que cela ressemblait à «une livraison d’héroïne dans un café de Barbés ».
Publié sans mention de sources en 1990, ce texte ne fut cependant jamais nié par les autorités helvétiques malgré le fait que sa publication dérogeait de quelques mois à l’obligation des 50 ans de non communication, ce qui explique «l'ambiance » lors de sa livraison.
Mais le clou a été enfoncé par Christian Rossé, membre suisse du forum «Le monde en guerre »4 qui a retrouvé dans les archives de Berne le texte original tel que publié, en allemand, par le service d’écoute radiophonique suisse dans son Bulletin du 19 juin 1940 à 6 heures du matin. Le texte et les cotes d’archives figurent ici en encart.
Le véritable texte du premier appel :
Le texte de l’Appel du 18 juin, tel que retranscrit par les services d’écoute suisses.
« Le gouvernement français a demandé à l’ennemi à quelles conditions honorables pourrait cesser le combat. Il a déclaré en outre que la lutte devrait continuer si ces conditions étaient contraires à l’honneur, à la dignité, à l’indépendance de la France.
Nous avons été surpris et submergés par la force mécanique, la tactique de l'ennemi. Mais il y a, malgré tout, des raisons d’espérer.
Croyez-moi, rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent nous apporter la victoire.
La France n'est pas seule ! La France n'est pas seule ! La France n'est pas seule ! Elle peut faire bloc avec la Grande-Bretagne et disposer d’immenses réserves.
La guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Toutes les fautes qui ont été commises n’empêcheront pas qu’un jour l’ennemi sera écrasé Cela pourra se faire grâce à une force mécanique supérieure encore.
Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent actuellement en Grande-Bretagne ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Ceci vaut également pour les ingénieurs et les ouvriers spécialistes qui se trouvent déjà en Grande-Bretagne ou qui viendraient à s'y trouver.
Quoi qu’il arrive, la force intérieure de la résistance des Français ne doit pas faiblir. Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres. »
Dans les archives fédérales suisses de Berne, le compte-rendu du discours du général du Gaulle apparaît dans le Bulletin n° 153 publié par le Gruppe Ohr (Service écoute de la Division Presse et Radio de l’Etat-major Suisse) à 6h00 le 19 juin 1940, à la page 3. Il est rédigé en allemand
Pour l’intégrale de l'article, voir a la page 21 :
portailv2/download/download-1+histomag-44-n-65-mai-juin-2010.php