Prosper Vandenbroucke a écrit:En attendant va déjà lire un excellent article de Daniel (La nazification de la Wehrmacht) dans l'Histomag n° 43 de février 2007
C'est par ici:
http://stephane.delogu.free.fr/le-mag02-07.html
Amicalement
Prosper
Opération Walkyrie: comment Hollywood attente à l'Histoire
Une interview de Annie Lacroix-Riz par Grégoire Lalieu 25 Fév. 2009
« Stauffenberg était un être exceptionnel », s’exclame l’acteur Tom Cruise en pleine promotion du film
Walkyrie. La production hollywoodienne relate le complot du 20 juillet 1944 au cours duquel une poignée
de militaires allemands tentèrent d’assassiner Hitler. Mais elle ne s’attarde pas sur le profil et les
motivations de ces résistants. Annie Lacroix-Riz, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris-
VII, nous explique le contexte de cet attentat manqué et saborde la vision idyllique de la vedette
hollywoodienne.
Quelles étaient les motivations de Stauffenberg et son équipe : laver l’honneur de l’Allemagne sali par
les atrocités d’Hitler ou sauver les meubles dans une guerre qui était sur le point d’être perdue ?
C’est bien évidemment la deuxième proposition qui est exacte. Les résistants du complot sont extrêmement tardifs et ne remettent en cause aucun des traits dominants de la politique allemande d’occupation, d’extermination et de pillage. Stauffenberg et ses compagnons ont toujours soutenu le régime. Aucune étude sérieuse sur ce colonel ne le nie et on dispose d’énormément de citations sur son approbation de toute la politique hitlérienne ainsi que sur sa contribution militaire, même avant la guerre générale. Ces hommes ont accompagné le régime nazi dans ses pires exactions. Ils viennent d’un milieu où fleurit la haine de la
démocratie, de la philosophie progressiste des Lumières et des juifs.
Le but des résistants du 20 juillet était de négocier un accord avec les Anglais et les Américains. Une
telle négociation était-elle possible ?A partir de la défaite allemande de Stalingrad en 1943, il était question de négocier avec les Anglais et les
Américains une solution d’Hitler sans Hitler. Il y avait déjà eu des amorces de négociations de ce type à la
fin des années 30 et au début des années 40. Il s’agissait de discussions formelles, soit au niveau
gouvernemental, soit au niveau du patronat, qui portaient sur un partage du continent et notamment, sur une expansion en Union Soviétique. A l’époque, ces négociations n’ont pas abouti car l’Allemagne demandait plus que ce que les Anglo-Américains étaient disposés à concéder. Il faut savoir cependant que cette politique de compromis, au départ mise en place sous le nom de politique d’Apaisement, a gardé des oreilles très attentives dans les années qui ont suivi et n’a été mise à mal que par la conjoncture militaire. En effet, le haut patronat allemand était lié avec les Britanniques et plus encore avec le patronat américain. Ainsi, peu de temps après l’entrée des Etats-Unis dans le conflit suite au bombardement de Pearl Harbour en 1941, de grandes personnalités du pétrole américain se sont réunis à Genève avec leurs collègues d’IG Farben, empire industriel allemand de la chimie. Le message de ces derniers était le suivant : « Vous nous laissez l’Union Soviétique, on s’arrange après pour le reste. » Mais bien évidemment, il n’y avait plus grand chose à négocier depuis que le Blitzkrieg (guerre-éclair) était rentré en agonie. Cette proposition allemande n’avait donc plus grande vraisemblance.
Parmi certains militaires allemands, des discussions diplomatiques allaient dans le même sens et exploraient les pistes d’une solution sans Hitler. Cette solution avait un bon écho parmi les dirigeants et le patronat anglo-américains qui tentaient de démontrer que finalement, seule une poignée d’hommes remplaçables
empêchait une réconciliation avec l’Allemagne. Cet aspect très important est un trait caractéristique de la politique des Etats-Unis à l’égard de tous leurs ennemis officiels de l’époque, tels que l’Italie ou la France.
Dans ce dernier cas que j’ai très bien étudié(1), les Etats-Unis cherchaient à établir ce que j’appelle une
solution de Vichy sans Vichy, c’est-à-dire maintenir le régime en place et en remplacer quelques hommes
seulement.
Pourquoi maintenir ces structures ?
Le grand patronat des pays occupés a maintenu ses positions d’avant-guerre, c’est-à-dire des liens très forts avec l’Allemagne et une politique de collaboration. Cette politique a été très loin, de la livraison massive de marchandises jusqu’à l’association de capitaux où on avait bien évidemment pris le soin d’évincer les apports juifs. En poursuivant au niveau du patronat les politiques qui avaient caractérisé l’entre-deux
guerres, on a rénové les politiques de cartels commerciaux, les accords sur les prix, l’extension des
marchés… Il est clair que le grand patronat s’est posé en soutien de l’Allemagne occupante et contrairement à ce que certaines légendes prétendent, nous n’avons trouvé aucun résistant dans ces milieux. Je l’ai étudié pour la France et des travaux de même ordre ont été réalisés pour d’autres pays.
Les Etats-Unis eux-mêmes ont mené une politique très active de collaboration avec le Reich. Officiellement, cette politique a été interrompue par les rivalités inter-impérialistes exacerbées par la Crise, surtout depuis 1934. Officieusement, les relations avec le patronat étaient maintenues de manière clandestine, même entemps de guerre. Charles Hingham nous propose une excellente synthèse de ce phénomène(2). Même durant la guerre, certains liens n’étaient donc pas coupés. Lorsqu’au terme du conflit, on a établi un compromis sur base de la défaite des partenaires-rivaux, on a officiellement repris la politique de collaboration qui n’avait donc jamais réellement été interrompue. Jacques Pauwels le démontre parfaitement dans son ouvrage "Le Mythe de la bonne guerre"(3) : le maintien de la collaboration clandestine a rendu rigoureusement impossible toute dénazification ou épuration des classes dirigeantes, dans quelque pays que ce soit.
Existait-il d’autres mouvements de résistance allemands ?
On a beaucoup parlé des mouvements de résistance catholiques dont la Rose Blanche et les frère et soeur Scholl. Je voudrais rappeler que ces mouvements se sont déployés dans les mêmes conditions que celle du haut état-major, c’est-à-dire au terme de dix ans de régime hitlérien et dans des milieux qui n’avaient en aucun cas résisté au nazisme. Il y a eu par ailleurs une incontestable résistance sociale-démocrate dont l’essentiel s’est retrouvé en exil. Mais nul ne peut nier à la lumière des travaux historiques qu’en matière de résistance active contre le régime, le SPD, le parti social-démocrate d’Allemagne, a joué un rôle très modeste. Il en va de même pour l’Eglise protestante qui n’a jamais remis en cause les conquêtes et occupations allemandes ainsi que la destruction systématique sur le front oriental de dizaines de millions d’hommes, femmes et enfants. Par contre, mon collègue Ayçoberry, un excellent spécialiste de l’Allemagne,a réalisé une étude de la société allemande de 1933 à 1945(4) dans laquelle, avec une grande honnêteté, il reconnaît que la seule résistance active et immédiate contre le régime hitlérien a été celle du KPD, le Parti communiste d’Allemagne. Cette résistance a fait l’objet d’une répression atroce et a été active de manière sensible dans le Reich ainsi qu’en exil, notamment dans les Brigades internationales. A part cela, la résistance active a été quasi nulle en Allemagne.
Quelle aurait été la suite des événements si l’opération Walkyrie avait réussi?
C’est difficile d’y répondre car la solution d’une alliance entre les Allemands et les Anglo-Américains était
devenue difficilement envisageable compte tenu de l’avancée de l’Armée rouge. On pouvait également
difficilement présenter à l’opinion publique l’idée que les porteurs de la civilisation occidentale à savoir les
Américains, les Anglais et les Allemands, allaient maintenant se tourner ensemble contre l’Union soviétique.
Audie Murphy a écrit:Au sujet de Rommel, il désapprouvait un assassinat du Führer parce qu'il craignait qu'on en fasse par la suite un martyr. Il aurait préféré un putsch.
Rommel se trouvait toujours a l'hopital de Bernay quuand il apprit la nouvelle de l'attentat. Lang le vit alors blemir et exprimer une desapprobation vive et severe. Le feld-marechal lui demanda des details - Lang en deduisit alors qu'il n'avait rien su du projet. Pas une seule fois, meme en presence de ses plus proches confidents, Rommel n'allait excuser Stauffenberg. Non seulement il avait toujours ete le general du Fuhrer, mais il avait toujours fait l'eloge de la loyaute. Il considerait aussi la tentative d'assassinat comme le deshonneur des officiers aristocratiques ayant pris part au complot
Christian27 a écrit:La résistance de ces officiers s'est donc manifestée par la divulgation de renseignements aux Alliés. Ils sont restés forcément discrets après guerre.
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