Cette salade ressemble de plus en plus à une noyade de poisson.
Alors, cher François, puisque, d'après vous, tout s'explique par les "pilotes dans l'avion", c'est-à-dire par la toute-puissante volonté des dictateurs au pouvoir (à moins qu'il ne s'agisse uniquement de celle des nazis), que pensez-vous de cette opinion exprimée par François Furet dans Le passé d’une illusion, essai sur l’idée communiste au XXe siècle, pages 199-201 ? (J'espère que cette nouvelle salade - de Furet cette fois - ne finira pas en queue de poisson !)
Bolchevisme et fascisme, en tant que vastes passions collectives, ont trouvé à s’incarner dans des personnages, hélas, exceptionnels […]. Car un trait apparente encore les trois grandes dictatures de l’époque : leur destin est suspendu à la volonté d’un seul homme. Obsédée par une histoire abstraite des classes, notre époque a tout fait pour obscurcir cette vérité élémentaire. Elle tant voulu voir la classe ouvrière derrière Lénine et les dictateurs fascistes en marionnettes du capital !
[…] En réalité, les trois hommes [Lénine, Mussolini, Hitler] ont conquis le pouvoir en brisant des régimes faibles par la force supérieure de leur volonté, tout entière tendue, avec une incroyable obstination, vers ce but unique. Et la même chose peut être dite du quatrième, Staline : sans lui, pas de « socialisme dans un seul pays » ! […] Une fois maîtres du pouvoir, tous l’exercent, plus ou moins rapidement de manière autocratique. […] De sorte qu’il n’y a pas grand sens à vouloir rapporter leur action à des intérêts, à des milieux, à des classes sociales.
[…] Il n’y a rien de plus incompatible avec une explication de type marxiste […] que les dictatures inédites du XXe siècle. […] Par une ironie de l’histoire, le matérialisme historique a atteint son plus vaste rayonnement d’influence dans le siècle où sa capacité d’explication était la plus réduite.