En complément des explications de Dog Red et d'Orpo57 , les premières unités combattantes de la
Waffen-SS, dès septembre 1939 et la Campagne de Pologne, avait été placées sous l'autorité opérationnelle de la
Heer.
Un nombre non négligeable d'officiers, y compris supérieurs, et de sous-officiers d'active de la Reichswehr, puis de la Heer renaissante, étaient passés avec armes et bagages dans la
Waffen-SS, avant 1939. D'après mes souvenirs de lecture, certains officiers supérieurs, en intégrant, à ses débuts, la
Leibstandarte, avaient rétrogradé d'une ou deux grades. En gros, la
Leibstandarte, avant septembre 1939, correspondait à la force d'une "petite" brigade, et une
Standarte à un régiment renforcé; dès lors, il n'y avait au mieux, au sein de la
Waffen-SS, qu'un seul officier général, au grade correspondant à celui de général de brigade (
Brigadeführer) et des "colonels de régiments" (
Oberführer).
Sur le plan "purement" militaire, ces "transfuges" de la Heer avaient façonné leurs troupes, toutes constituées d'engagés volontaires, en "formations de combat d'infanterie" de qualité - là, on oublie l'unité
Waffen-SS "Polizei", formée, elle, à partir de personnels de la police -.
En septembre 1939, les premières formations militaires de la Waffen-SS montaient au "casse-pipe", où elles se comportaient plus qu'honorablement., idem durant le Westfeldzug. Néanmoins, les cadres de la
Heer les tenaient à longueur de gaffe en raison de leur "spécificité" politique, et leur organisation, grades, instruction, etc., qui les distinguaient des unités de la
Heer.
Au printemps 1941, elles avaient été engagées dans les Balkans, puis, à dater de juin, dans l'invasion de l'Union Soviétique. De manière générale, elle avaient été "systématiquement" affectées dans les secteurs les plus chauds, où elles avaient payé un lourd tribut humain.
Fin 1942, changement de tonalité, les trois formations historiques,
Leibstandarte AH,
Reich, et
Totenkopf avaient été assimilées et constituées, d'abord,en tant que
Panzergrenadier-Divisionen... avant d'être converties, au printemps 1943, en
Panzer-Divisionen; dans les deux cas, leur organisation était calquée sur celle en vigueur dans la Heer, à un détail près, leurs effectifs étaient un peu plus importants.
Cette même année 1943, çà faisait, déjà, un bail que le recrutement "national" de volontaires pour la
Waffen-SS s'était très sérieusement tari. D'où la décision que, au même titre que les autres formations de la
Heer, elles puissent bénéficier des recrues des vagues de mobilisation (Welle). D'où l'incorporation d'office des "Malgré-Nous" alsaciens, mosellans, luxembourgeois et belges (dans la partie du territoire oriental belge réintégrée, depuis 1940, dans le territoire du Reich!) - rien à voir avec la "Walonnie" de Degrelle,
28. Freiwillingen-Panzer-Grenadier-Division Wallonnien - . Il suffisait d'avoir la bonne taille requise, la santé physique satisfaisante et, hop, ces "Malgré-Nous" se retrouvaient incorporés dans la
Waffen-SS.
J'ai bien connu, moi-même, une bonne douzaine d'alsaciens, incorporés, ainsi, avant même leurs 18 ans révolus, dans la LSSSAH, la DR et la TK! Cette incorporation ne concernait pas les unités identifiées
SS-Freiwilligen-Brigaden ou
Divisionen, censées, elles, recrutées - avec plus ou moins de succès! - par volontariat "local"!
A la sortie du conflit, faute des connaissances suffisantes, tout s'était mélangé dans l'esprit du "vulgum pecus", précédemment victime de l'Occupation. De surcroit, côté français, la brève existence, en 1945, de la
33. Waffen-Grenadier-Division der SS "Charlemagne" (franz. Nr. 1), constituée, à la va-comme-je-te-pousse, à partir d'anciens de la LVF, du maigre détachement de volontaires, qui s'étaient engagés dans la
Waffen-SS et des unités miliciens qui avaient préféré se joindre à la fuite du vieux Maréchal", plutôt que d'être lynchés à la Libération; ironie du sort, bon nombre de ces derniers avaient été recrutés dans leurs geôles en attente de procès, par l'armée française, pour aller combattre en Indo, d'où certains étaient revenus avec la Médaille Militaire, voire la Légion d'Honneur, pour conduite exceptionnelle au combat!
Il y a fort à parier que le tribunal mis en place, à l'occasion du procès de Bordeaux, en 1953, était ignorant de la situation très particulière des "Malgré-Nous". Pour mémoire, il n'avait pas existé de situation comparable, à la sortie de la Guerre de 14-18 et après plus de quarante ans d'annexion allemande de l'Alsace-Moselle! La meilleure preuve en est, probablement, à l'annonce du verdict, le 12 février 1953, le mouvement unanime des maires alsaciens et mosellans, qui avaient, tous, expédiés, en signe de démission, leurs écharpes de maire à l'Elysée, ou demeurait, alors, Vincent Auriol, Président de la République. En catastrophe, l'Assemblée Nationale avait décrété, le 19 février (!), un loi d'amnistie générale pour les "Malgré-Nous", sans les voix du PCF (ben, tiens!) et des deux-tiers des voix socialistes!
Il n'est pas question pour autant de prétendre vouloir tisser une quelconque éloge à propos de la
Waffen-SS, mais les divisions "historiques", plus quelques autres, s'étaient comportées comme des unités combattantes de "premier brin", où, d'après les témoignages d'anciens "Malgré-Nous", au sein de la troupe et de ses états-majors, l'aspect "politique", en 1943-1944, passait très largement, au quotidien, au-dessus du Stahlhelm. Le nécessaire recrutement "tous azimuts" ne devait pas, non plus, y être étranger!
Il y a un "détail" qu'il convient aussi de préciser. A dater de fin 1942-début 1943, Einrich Himmler avait plus moins perdu la main sur les unités historiques de la
Waffen-SS, toutes, passées désormais sous l'autorité opérationnelle de la
Heer. Il ne lui restait plus que les unités de volontaires étrangers (
Freiwillingen...); il ne s'était, hélas, refait une "santé", qu'à l'occasion de l'attentat du 20 juillet 1944, puis, à l'automne, s'être fait bombarder
Oberbefehlshaber Oberrhein", fonction où il avait largement démontré son incompétence crasse. Il avait, néanmoins, tenté de rééditer le coup sur le Front Est, en février 1945, mais, devant la levée générale de boucliers des cadres de la
Heer et de la
Waffen-SS (!), "Dodolf" s'était décidé à "l'écarter" de tout commandement militaire opérationnel!