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Ceux qui choisirent la fidélité à Pétain ...

Nouveau messagePosté: 05 Juin 2006, 17:38
de Narduccio
Si certains choisirent très tot, la continuation des combats, fuyant la France pour rejoindre De Gaulle; ce que l'on nomma les Français Libres. Si d'autres choisirent le combat sur le sol national, dans des conditions très difficile et très dure et avec beaucoup de risques. Nombre d'entre eux furent arrêtés, déportés, exécutés. ce furent les Résistants de la première heure (ou parfois une heure un peu plus tardive). Si d'autres choisirent la Collaboration, soit parce que cela leur permettait d'être dans le camp du vainqueur (ou qu'ils percevaient comme tel), soit parce qu'ils avaient les mêmes aspirations que les nazis pour le futur de l'Europe et de la France. Il reste les attentiste et il reste ceux qui choisirent de rester fidèle à ce qu'il percevait comme le gouvernement légitime de la France, tout en espérant ou travaillant à reprendre le combat contre les Allemands dès que possible.
C'est de ces derniers que j'aimerais discuter. Ces personnes qui choisirent de rester en France, qui se trouvèrent en Afrique lors du débarquement des Alliés (que parfois, ils tentèrent de repousser à la mer :shock: ). Ce qui fit qu'ensuite, ils participèrent à la naissance de l'Armée d'Afrique et aux diverses campagnes qui allait les mener jusqu'en Allemagne à la table des vainqueurs. Un film qui va bientôt sortir, traite d'une partie de cette problématique, puisque pour continuer le combat en 42/43, on enrôla des personnes vivant en Afrique du Nord pour libérer la Mère-Patrie. Mais l'encadrement, les officiers avaient choisi en 40 de ne pas déserter pour rejoindre De Gaulle. Et voilà que grâce à leur sacrifice, ils ont permis la restauration de la grandeur militaire de la France.

Nouveau messagePosté: 05 Juin 2006, 18:23
de Franz57
Mon grand-père était de ceux-là: étudiant en médecine en 40, il passe en Afrique du Nord pour s'engager comme 2nde classe, puis, au sein du 3e RTA, part de Bonn pour arriver au Danube, en tant que sous-lieutenant.

Nouveau messagePosté: 05 Juin 2006, 19:34
de Loïc
Faut il encore le souligner, oui à en croire les flots d'énormités et de...que l'on rencontre dans les forums,maréchaliste n'est pas synonyme de "collabo" de pleutre ou de lâche, loin s'en faut.
D'ailleurs elle est assez fine l'introduction de l'Historien Britannique Julian Jackson dans son livre sur la France sous Vichy, il cite cinq phrases, je ne me souviens pas des termes exacts mais
une était peu charitable contre les Juifs
une autre assez défaitiste
la troisième revancharde sur l'Allemagne, la quatriéme et la cinquiéme favorable à la Résistance, aux Juifs ou aux Alliés
bin wi mais l'astuce comme le révéle l'auteur c'est que les deux premières furent écrites par des gaullistes et les trois dernières par des pétainistes, disons des maréchalistes, ce qui est plus approprié.

Nouveau messagePosté: 06 Juin 2006, 11:52
de Daniel Laurent
Bonjour,

Parlons d'abord des Marechalistes.
Apres le desastre de 1940 et les ecrasantes consequences materielles mais aussi morales que cela a eu, le Marechal est devenu un espoir pour beaucoup de responsables et pour l'ecrasante majorite des Francais. Son programme de "redressement", la propagande patriotique, la legalite ou au moins l'apparente legalite de son gouvernement, tout cela a rassemble autour de lui beaucoup de monde. Il etait, dans le contexte de l'epoque, evident que seul le Marechal pouvait "faire quelque chose" pour rebatir un pays ruine et, nombreux sont ceux qui l'avaient en tete, et dans le coeur, prendre un jour la revanche sur les Allemands.

Une habile propagande au profit de la "Revolution Nationale" et au detriment des faiblesses du Front Populaire accuse d'avoir affaibli la France et donc d'etre responsable de la defaite a eu l'effet escompte.

Meme certains qui sont alles plus loin, puis ont ete classes dans la collaboration, l'esprit Marechaliste anti-allemand predomine. Roger et moi avons mis en ligne sur Histoquiz un article qui "casse du Milicien" mais je suis persuade que certains d'entre eux, surtout chez ceux qui n'appartenaient pas a la Franc Garde et ne participaient pas aux operations de delation et de police, n'etaient, au fond, que des patriotes Marechalistes se faisant des illusions mais sinceres.

Ce contexte ne rend que plus remarquable l'engagement des FFL et des Resistants de la 1ere heure et par consequent explique leur faible nombre.

Les Juifs ensuite.
Pour etre anti-semite aujourd'hui, il faut oublier la Shoah, ou tenter de la nier, ce qui est a la fois derisoire, acrobatique et criminel.
Mais a l'epoque c'etait different.
D'une part, le racisme etait chose courante, presque admise, presque normale. Les nia quoues, les bwannas, les ratons, les youpins, le bon temps des colonies. Oh, rien de mechant, pas d'envie de solution finale, simplement un ordre des choses bien etabli et qu'il est parfois difficile de comprendre aujourd'hui.
D'autre part, personne n'a sut, pendant longtemps, ce qui arrivait exactement aux Juifs qui etaient deportes.
Ensuite, les actions dures, du style Darquier de Pellepoix, etaient perpetrees les plus discretement possible.
Il ne me parait donc pas surprenant que la mise en place des Lois racistes de Vichy n'aient, a l'epoque, pas remue beaucoup de monde.

J'ai encore des choses a dire quant a l'attitude des elites, des responsables, mais cela ferait un poste trop long. Je reviendrais plus tard.

Nouveau messagePosté: 07 Juin 2006, 22:52
de Marc Binazzi
Il y avait aussi la masse énorme de ceux qui tentaient simplement de survivre dans une France terrassée et vaincue. Mes grands-parents ont été de ceux-là, avec l'exode, trois enfants à élever, mon grand-père prisonnier de guerre jusqu'en 42 et les privations, les queues interminables devant une épicerie vide, la peur des Allemands, les rumeurs.. Ma grand-mère m'a raconté qu'elle a chanté "Maréchal nous voilà" comme des millions d'autres et cela ne fait pas d'elle une collabo ni même une maréchaliste, mais il fallait survivre et se débrouiller, envoyer les enfants à la campagne, éviter les problèmes avec les Allemands ou les autorités, survivre aux bombardements. En fait je crois qu'aujourd'hui on ne mesure plus très clairement l'énorme traumatisme psychologique de la défaite, de l'inanité de la Ligne Maginot, de l'effondrement de la France et de son armée, et le cauchemar de voir les Allemands revenir. Le grand-père de ma grand-mère est mort de chagrin à l'été 40 en voyant ceux qu'il appelait toujours les "Prussiens" défiler sous ses fenêtres..... :cry:

Nouveau messagePosté: 08 Juin 2006, 13:38
de Daniel Laurent
Bonjour,
Il me semble que la situation du peuple francais a l'epoque est maintenant bien decrite ici. Nous ne sommes d'ailleurs pas les premiers a le dire, souvenez vous du tome de Jean Amouroux titre "40 millions de Petainistes". Loic a raison, c'etait plutot 40 millions de Marechalistes.

Revenons maintenant aux cadres, aux elites.

Certes, une certaine frange du "Tout-Paris" et un nombre notable d'industriels se sont compromis avec les Allemands.

Mais ils n'etaient pas la majorite. Un membre nous revele sur un autre fil (SNCF condamnee) le cas de Merlin Gerin dont l'usine produisait pour les Allemands. Requisition, pas le choix. Refuser, c'etait la certitude d'etre classe "Entreprise Juive", avec depossession et cadeau a l'un des "compromis" pour reprendre l'affaire. La Direction savait que plusieurs des employes etaient des resistants et alla jusqu'a passer un accord avec eux : Attentats contre les livraisons aux Allemands, oui, mais apres la livraison, donc apres que le paiment soit du a Merlin Gerin qui a donc encaisse des Allemands de l'argent pour du materiel livre mais detruit et s'en est servi, entre autre, pour payer les salaires des resistants qui avaient organise la destruction...

Quant aux cadres de l'Etat, meme histoire. Nous avons eu sur ce forum des debats a n'en plus finir pour tenter d'etablir si, oui ou non, le regime de Vichy etait legal. 62 ans apres, toujours pas moyen de se mettre vraiment d'accord. Mais, aux yeux des hauts fonctionnaires de l'epoque, il est clair que ce regime etait legal.

Voyons les juges, a qui l'on reproche toujours d'avoir porte serment de fidelite a Petain. Et ils ont jure quoi ? Je n'ai jamais vu le texte exact de ce serment, si quelqu'un ici l'a, merci de le poster.
Quoiqu'ils aient promis a Petain, les juges renaclerent rapidement a participer a la repression qui se mettait en place.
Des le 14 aout 1941, il a fallu creer des "Tribunaux speciaux", aux membres soigneusement choisis, pour pallier aux carences de la Justice a ce niveau pour en finir le 10 janvier 1944 avec la mise en place des "Cours Martiales" qui en fait ne verrons sieger pour la plupart du temps que des chefs Miliciens.

Je vous propose de parler des chefs militaires plus tard, le cas de Juin est tres interessant et tres significatif.

Nouveau messagePosté: 08 Juin 2006, 14:00
de kiriyama01
J'ai lu le peuple du desastre de Jean Amouroux.
Je l'ai trouvé assez bien, il expliquai les tenants et les aboutissants de la defaite de 40 d'une maniere assez objective.

Nouveau messagePosté: 08 Juin 2006, 21:53
de Murdock
Comme le souligne très bien Daniel, la situation de 40 en France est très complexe et il est difficile de parler de généralité en n'ayant pas en plus tous les éléments nécessaires pour être objectifs.

Et je rejoins encore Daniel sur le fait qu'il serait plus "simple" de se pencher sur des cas concrets (Juin n'est pas le seul cas intéressant :wink: )

Maintenant, faire la différence entre Pétainiste, Maréchaliste et Collabo, cela reste une vaste question et je pense que nous aurions une définition différente casiment pour chacun d'entre nous.

Nouveau messagePosté: 09 Juin 2006, 11:06
de Franz57
Il ne faut pas oublier que Pétain représentait le pouvoir légal, alors que De Gaulle n'était qu'un inconnu condamné à mort.

Nouveau messagePosté: 09 Juin 2006, 11:42
de St Ex
Amouroux, HENRI (et pas Jean).

St Ex, pinailleur de service