Audie Murphy a écrit:J'ai beaucoup de mal à imaginer Hitler jouer la comédie alors que tout s'effondre autour de lui.
Il est bien là, le problème !
Ne le prenez pas mal, mais il vous reste à franchir (du moins sur ce sujet) le pas qui sépare la morale de l'histoire.
Il n'y a pas à imaginer... enfin si, peut-être, mais tout à la fin. Auparavant il faut examiner longuement les sources, toutes les sources, les hiérarchiser et faire tenir ensemble les informations ainsi traitées. Et puis on voit ce qui manque et ici l'imagination entre en scène mais attention, solidement encadrée. Elle ne dit ni le certain, ni le probable, uniquement l'hypothétique.
Je prendrai pour exemple une variation de témoignage comme on en voit peu. Rochus Misch dit à Gitta Sereny, dans les années 80 (cf. ma bio), avec un grand luxe de détails (le bruit de la chute du chiot lui reste dans l'oreille...), qu'il porte à Hitler, le 28 avril 1945 dans l'après-midi, la dépêche sur la "trahison" de Himmler. En 2005, dans son livre, il dit qu'il restait scotché à son bureau et n'a jamais porté aucun message.
Il y a bien des raisons de préférer la première version (plus spontanée, antérieure etc.). Mais alors il nous cache, dans son livre, des choses, sans doute essentielles. En tant que SS et homme de confiance (une confiance dont il se montre digne, par ses cachotteries, 60 ans plus tard !), n'est-ce pas lui le chaînon manquant, qui faisait la liaison, par téléphone ou radio, entre Himmler et Hitler, permettant au Führer de piloter les relations de son lieutenant avec Bernadotte, Kersten et autres après le départ du Reichsführer SS du bunker, le 20 avril ?
Je dirai que lorsqu'il y a cachotterie ou soupçon de cachotterie, l'imagination est non seulement un droit mais un devoir. C'est son absence que j'appelle hypocriticisme :
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=186
Regardez bien comme font les auteurs qui vous ont convaincu : ils mettent bout à bout les bribes et supposent vrai ce que disent les nazis pourvu que ce soit à leur désavantage. C'est cela que j'appelle faire la morale et non faire de l'histoire.