Post Numéro: 24 de Hit917 17 Jan 2004, 22:03
Suite et fin du post sur Heydrich.
Heydrich était un parfait technocrate qui n'avait qu'un dieu : la puissance pour la puissance.
Laissant Himmler divaguer dans ses bavardages pseudo-philosophiques et comme Frick ne s'intérressait plus beaucoup au RSHA, Heydrich en profita pour asseoir son pouvoir.
Ceux qui doutaient de sa puissance l'apprirent à leurs dépends. Ainsi, Gisevius, qu'il détestait, s'entendit dire "sachez que je peux poursuivre tous mes ennemis, même dans la tombe."
Heydrich faisait montre d'une cruauté absolue. Les plus féroces tortionnaires de la Gestapo apprirent à le connaître et tremblèrent devant lui. Cette brute effeminée battit les pires tueurs sur leur propre terrain.
Bien que Hitler avait interdit toute enquête sur les dirigeants nazis, Heydrich entreprit de réunir des documents sur un bon nombre de ces dirigeants, y compris Hitler et Himmler.
Dans ses services, ses subordonnés ne prononçaient jamais son nom, mais l'appelaient "C", drôle de diminutif ou pseudo. Heydrich était incapable de regarder ses interlocuteurs dans les yeux. Malgré ses instincts de fauve, il était incapable de frapper ses adversaires de face.
Mais il était spécialiste de l'intrigue.
Deux mots pourraient définir Heydrich, ce redoutable solitaire : l'Ambition et la cruauté.
En novembre 1939, Naujocks, homme de main de Heydrich, organise l'enlèvement, à Venlo, de deux responsables de l'Intelligence Service, Best et Stevens. Quelques semaines plus tard, des avions britanniques saupoudrèrent l'Allemagne du nord de fausses cartes d'alimentation.
En représailles, Heydrich ordonna d'innonder l'Angleterre de faux billets de livres sterling pour porter atteinte à la monnaie britannique. Des centaines de milliers de ces "vrais" faux billets circulèrent sur les marchés financiers.
En septembre 1941, Heydrich est nommé "Reichsprötektor" de la Bohême-Moravie en remplacement du faible baron von Neurath. Il va se partager entre Berlin et Prague. La terreur arrivait en Tchécoslovaquie.
Le 20 janvier 1942, dans un hôtel bordant le lac de Wannsee, à la demande de Goering, Heydrich organise une réunion au sommet concernant "la solution finale du problème juif". Le sort de 11.000.000 de juifs vient d'être décidé. Eichmann en est chargé de son organisation et de son exécution.
Le 18 mai 1942, une réunion au sommet est organisée à Prague entre les services de l'Abwehr (Canaris) et le SD au sujet de l'affaire Thümmel. Thümmel était un allemand du Reich, qui depuis 1939, était le chef de l'Abwehr à Prague et trahissaot au profit du SR Tchèque. Un accord devait être finalisé le 27 mai 1942, à Prague, accord qui permettait au SD de s'accaparer les services de l'Abwehr. Canaris avait perdu.
Cet accord ne fut jamais signé et pour cause. Le 27 mai 1942, Heydrich est victime d'un attentat dans les rues de Prague. Le Reichsprötektor meurt le 4 juin 1942.
Dès l'annonce du décès, Himmler se rendit directement à l'hôpital de Prague. La première chose qu'il demanda à une infirmière était : "où sont les vêtements de Heydrich". Himmler fouilla la veste et y prit un petit trousseau de clefs qu'il mit dans sa poche. C'étaient les clefs du coffre fort personnel d'Heydrich, coffre qu'il n'avait jamais ouvert devant quelqu'un.
Heydrich eut des funérailles nationales au son de la musique de Wagner.
Hitler fit l'éloge du disparu : "Il était un des plus grands soutien de notre idéal. C'était vraiment un homme au coeur de fer".
D'autres oraisons funèbres ou commentaires peu élogieux furent prononçés à mi-voix :
Sepp Dietrich : "Dieu soit loué!. Ce porc a fini par crevé"
Himmler : "Je tenais les mains de ces deux bâtards juifs" (il faisait référence aux deux fils de Heydrich)
Canaris : "Après tout, c'était un grand bonhomme. J'ai perdu un ami avec lui".
Heydrich mort, une féroce répression va s'abattre sur la Tchécoslovaquie. 305.000 citoyens seront déportés. A peine moins de 50.000 survécurent. Des villages entiers furent détruits, les habitants exterminés.
Rentré à Berlin, Himmler et Schellenberg s'enfermèrent dans le bureau de Heydrich. Le coffre fort fut ouvert.
Himmler fut épouvanté quand il apprit l'ampleur des ambitions de son ancien subordonné.
Heydrich comptait, ni plus, ni moins, s'emparer du pouvoir. Il était décidé à éliminer Goering, von Ribbentrop, Bormann et surtout Himmler. Quant à Hitler, il projetait de la mettre à la retraite, de le faire disparaître dans une oubliette bien capitonnée.
Heydrich fut bien l'homme le plus redoutable du IIIème Reich.
Nul doute que s'il avait été pris par les alliés, il aurait figuré à la première place de la liste des criminels de guerre.
FIN