François Delpla a écrit:le 19 novembre 1942, Hitler ordonne à ses forces armées de "prendre intacte la flotte de Toulon" (opération Lila); l'instruction comporte des dispositions détaillées tendant à créer un effet de surprise et à paralyser toute réaction. Elle se complète d'une perspective propre à stimuler l'ardeur des exécutants : "l'utilisation de cette flotte permettra de finir victorieusement la guerre en quelques mois"... du moins d'après le témoignage d'un officier français qui, laissé seul dans un bureau allemand a lu le texte, le 28 (source : Henri Noguères, Le suicide de la flotte française à Toulon, p. 69).
On sait comment tout se termina : les vaisseaux français se sabordèrent et l'Allemagne n'en récupéra aucun.
On sait aussi que l'utilisation par l'Allemagne de ces navires sans leur personnel français aurait posé des problèmes, à ce stade de la guerre, insurmontables... sans parler de la vulnérabilité de tout bâtiment de surface de l'Axe en Méditerranée, toujours à ce stade de la guerre (et a fortiori quelques mois plus tard !!).
L'enjeu était autre : empêcher cette flotte de rejoindre les Alliés, auxquels à coup sûr elle aurait été fort et rapidement utile.
Il est évident que Hitler ment à ses subordonnés sur le but d'une opération... sans que cela ait à voir avec une paranoïa quelconque, mais seulement avec une ruse bien dans la manière nazie, car multiforme : la tromperie s'adresse aussi à Vichy, qui doit avoir besoin de se sentir victorieux ! D'où peut-être ce document qui traîne en vue d'un Français...
alain adam a écrit:(...)
Fin 1942 , le "jeu" est déjà fait en méditerranée , et des navires de plus d'un coté ou de l'autre n'auraient strictement rien changé , dans le cadre de combats de haute mer .
Par contre, nombre de petites unités pouvaient s’avérer utiles aux Italiens comme aux Allemands, tout comme les sous marins présents , qui sont facilement réutilisables .
Enfin , s'il n’était pas possible de les faire naviguer et combattre , les plus grosses unités pouvaient servir d'artillerie côtière , pour prévenir un débarquement ultérieur dans la zone de Toulon/Marseille .
En ce qui concerne l’hypothèse d'un ralliement aux Alliés , l'histoire nous montre que très peu d'unités s'y sont tentées , mais cela n'a rien d'anormal en cette période ( n'oublions pas que c’était de la haute trahison , dont la sanction était la mort ) . C'est en effet un peu plus tard que les ralliements aux FFL ont connu une réelle augmentation ( avec un premier cap déjà prononcé lors des événements de Bir Hakeim ) , avec les effets induits par l'invasion de la zone sud de la France , et l'apparition d'uniformes "vert de gris" un peu partout . Mais ça , forcément , ça s'est passé après les événements de Toulon ...
Ceci dit , si la crainte de voir passer les navires aux alliés n’était pas justifiée ( on peut spéculer sur les intentions des Amiraux Français durant des heures, je ne considère que les faits historiques : la royale ne voulait ni se rendre a l'axe , ni se "corrompre" vis a vis du gouvernement Français ) , beaucoup de marins Français des forces de Toulon ont été emprisonnées suite a l'intervention des forces motorisées et blindées Allemandes ce qui les mettait définitivement hors jeu jusqu’à la fin de la guerre .
Seule force restée a peu pres intacte suite a l'Armistice , la Flotte Française était donc démembrée suite aux evenements de Toulon , de Mers el Kebir , et aux immobilisations de navires effectuées dans les ports sous dominion Britannique . Vichy ne disposait que d'une armée Fantoche en métropole ( par volonté des Allemands & Italiens) , et les forces d'Afrique allaient bien vite rejoindre les Alliés ( le sort des troupes au Levant étant déjà scéllé ) . L'allemagne ne pouvait donc procéder qu'a une chose : l'invasion de la zone libre , afin de sécuriser ce front sud tout en ayant la main mise sur différents arsenaux , établissements et stocks , qui étaient encore d'une importance stratégique . Plus tard, on commença a construire des bunkers ... dont certains sont encore visibles de nos jours .
Il me semble que la plupart des livres font encore la part belle à l'idée que Hitler a subi un échec, du fait de la vigilance des marins français.