Le Parisienéfr
8-06-2014
Nicolas Jacquard avec Geoffroy Tomasovitch
« Ignorés, méprisés, spoliés. Soixante-dix ans après, dans l'imaginaire français, STO rime encore trop souvent avec collabo. C'est pourtant oublier que, parmi les 650 000 jeunes français expédiés en Allemagne entre 1943 et 1945 dans le cadre du service du travail obligatoire, la grande majorité le fut à son corps défendant.
Loin de l'image de «volontaires pour l'Allemagne», les «requis» constituèrent les esclaves d'un Reich qui leur vola leurs plus belles années. Et, à certains, la vie.
Employés sans salaire dans des entreprises de toutes sortes, du petit établissement aux plus grosses firmes allemandes, ces Français persistent à réclamer justice. Mais 98 personnes- anciens du STO ou leurs ayants droit- continuent à se battre juridiquement pour demander une réparation financière.
25 000 euros d'indemnités par plaignant demandés.
Cette semaine, leur avocat, Me Emmanuel Ludot, a officiellement demandé l'exequatur- c'est-à-dire l'application en France- d'une décision de la Cour de cassation grecque datant de 2000.À l'époque, trois rescapés du massacre de Distomo, ou périrent 218 personnes selon un scénario identique à Oradour-sur-Glane en France, avaient réussi à obtenir gain de cause et à faire condamnés l'État allemand à payer 150 millions de drachmes (440 000 euros) d'indemnités. Les anciens STO, eux aussi victimes du IIIe Reich, entendent s'en prévaloir, comme ce fut le cas depuis l'Italie.
Cet exequatur peut être demandé devant un simple tribunal. Me Ludot a sollicité celui de Tours (Indre-et-Loire), ou plusieurs dossiers d'anciens STO ont déjà été déposés. Rien ne dit qu'il obtiendra gain de cause, certains pays de l'Union, dont l'Italie, ayant d'ores et déjà refusé de s'engouffrer dans la brèche, par crainte des répercussions diplomatiques. « Il y a de véritables résistances politiques, révèle aussi l'avocat. Mais à l'heure ou tout le monde célèbre le 70e anniversaire du Débarquement, la larme à l'œil, cette question de la réparation reste posée».
Au nom de chacun de ses clients, l'avocat réclame 25 000 euros d'indemnités. « Tous ces Français ont été littéralement raflés», reprend Me Ludot, qui rappelle qu'en la matière le «recel de crime contre l'humanité» ne peut être prescrit. Contactés à plusieurs reprises, ni le ministère des Anciens Combattants ni l'ambassade d'Allemagne n'ont donné suite.»
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