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ARRIVEE DES SOLDATS ALLEMANDS A FROUARD LE 19 JUIN 1940

Nouveau messagePosté: 03 Sep 2009, 10:50
de Haut du Tôt
Voici un texte traduit sur l'arrivée des soldats Allemands à Frouard.

Alain.


Extrait du livre de la Sarre à la Moselle publié en 1942 par le lieutenant-colonel Dr. [docteur] E. Gehring à la demande du commandant du VII. A.K. [corps d’armée].
Responsable de la conception du livre : Sdf. Dr. Hanns Wiedmann.
Texte d’après expériences personnelles, rapports d’unités et journaux de marche : lieutenant Ernst Dombrowski.

ARRIVEE DES SOLDATS ALLEMANDS A FROUARD LE 19 JUIN 1940



POMPEY :
Le régiment qui est déployé au soir du 18 juin contre les hauteurs au Sud de Pompey et à l’Est de la Moselle avance rapidement. Il voit déjà Pompey dans la vallée. Une faible résistance ennemie est brisée, la petite ville est prise. C’est un endroit à l’abandon, aux maisons monotones, couvertes par des vignes luxuriantes. Mais il reste peu de temps pour de telles considérations : le français [au sens péjoratif] est de l’autre côté et des coups de feu éclatent continuellement en provenance de l’autre rive.


FROUARD :

Mais le régiment ne peut pas rester bloqué. Il doit passer et aller au contact de l’ennemi. Les bras de la Moselle et du canal proche forment un obstacle de taille. De plus tous les ponts sont détruits ou sautent en fin d’après-midi. Une seule solution : en avant les pionniers et groupes de choc !

Des bachots et bouées arrivent et les compagnies franchissent le fleuve en un flot ininterrompu avec armes, équipement et vélos. Cela dure des heures et n’est pas sans danger. Le français ne s’est pas encore calmé. Les pionniers ont constamment affaire à des francs-tireurs. Les premières maisons sont fouillées depuis longtemps mais les tirs reprennent à nouveau par les fenêtres et des caves. Les tireurs ennemis sont en civil mais ce sont incontestablement des soldats déserteurs qui participent ainsi de façon sournoise aux combats. Il est mis fin à leurs agissements sournois.

Les mitrailleuses tirent sans arrêt et les obus de mortier tombent dans l’air tiède. Les tirs ne cessent que vers 9 heures du soir lorsque l’attaque sur les hauteurs de Frouard commence.

Les pelotons et compagnies avancent. Des prisonniers sont ramenés. On les sort des vignes et des caches dans lesquelles ils s’étaient bien retranchés. Les maisons sont fouillées. La population est anxieuse, elle a mauvaise conscience. Un poste d’observation de l’autre côté du fleuve a bien vu dans l’après-midi comment des femmes et enfants ont pris part aux combats, porté des munitions ou fait le guetteur. Des hommes jeunes, en bonne santé et en âge militaire, se défilent. Ils essaient de disparaître discrètement. Et soudain il y a de l’orage dans l’air et un véritable sabbat se déclenche !

Les troupes avancent lentement lors de combats urbains. La nuit arrive et tout devient sombre et incertain. Il y a de l’agitation à la mairie, le français s’y accroche. Il y a des explosions partout. Le danger monte dans l’obscurité. Les balles sifflent dans les rues. Mais la mairie est prise. Les groupes de chocs avancent, se mettent à couvert, se relèvent, courent un moment, se couchent à nouveau pressés contre le sol. Les chefs de section participent à l’assaut. Des grenades explosent. Des maisons brûlent. Bien fait : à bas avec cette vermine criminelle ! On attrape constamment des tireurs en civil. Plus en avant une forte barrière est en travers de la rue ; elle est défendue avec acharnement. Un sergent apprécié de tout le bataillon y git gravement blessé ; il meurt au court de la nuit : un exemple pour les camarades dans la vie, le combat et la mort !

Des petits groupes avancent en longeant les murs, de porte en porte, de jardin en jardin, mais la percée ne se réalise pas. Il fait trop sombre et la vue d’ensemble manque. On ne sait plus où se trouvent les camarades et la mort et la destruction attendent encore toujours dans les caves, fenêtres et lucarnes. Cela devient un sac de nœuds. Un chef de compagnie fait son rapport au commandant. L’ordre arrive : rompre le contact avec l’ennemi ! Nouvelle attaque au matin !

Seuls des petits groupes restent au contact de l’ennemi. Des isolés errent. On recherche les disparus et ramasse les blessés. Grâce au courage d’un petit groupe de la 11° compagnie, le corps de leur camarade Willy St. peut être récupéré.


Le silence s’installe.

A l’aube le spectacle reprend. Des batteries légères tirent sur les hauteurs de l’autre côté, autour du Fort de Frouard. Le tir de préparation est bref mais efficace et les salves tombent juste, démolissent ici une fabrique ou anéantissent là un nid de mitrailleuses. Le terrain appartient de nouveau à l’infanterie. Elle monte à l’assaut, en rang et en utilisant tous les couverts. Le français se manifeste à nouveau. Mais dans le jour naissant, sans le couvert de l’obscurité et ébranlé par l’artillerie allemande, il n’a plus de chance. On répond fortement à ses tirs et la route principale est à nouveau atteinte après avoir pris de vitesse les tireurs et mitrailleuses ennemies. Une défense désespérée reprend encore dans les maisons et caves. Des chars sont même engagés contre les lignes allemandes. Des forces ennemies importantes s’accrochent sur la hauteur. En vain ! Elles sont bousculées et se rendent en grand nombre : presque tout un bataillon avec son commandant. Ce qui en reste dans les bois s’enfuit vers le Sud et le Sud-est.

Le régiment est victorieux mais il a payé le prix du sang. Maintenant il continue à avancer. Les avant-gardes engagent à nouveau le combat dans les installations industrielles de Champigneulles mais là aussi le français est repoussé. Le régiment traverse sans opposition la forêt de Haye et atteint le Nord de Nancy en fin de soirée ...

Re: ARRIVEE DES SOLDATS ALLEMANDS A FROUARD LE 19 JUIN 1940

Nouveau messagePosté: 03 Sep 2009, 11:07
de Daniel Laurent
Bonjour,
Interessant, Alain, merci !
Ce texte est une autre piece a apporter au dossier de plus en plus epais qui detruit les legendes du soldat francais de 1940 qui ne s'est pas battu et s'est enfui en jetant son fusil tout neuf.

Mais le mensonge nazi imbibe aussi ce "recit" :
Les pionniers ont constamment affaire à des francs-tireurs. Les premières maisons sont fouillées depuis longtemps mais les tirs reprennent à nouveau par les fenêtres et des caves. Les tireurs ennemis sont en civil mais ce sont incontestablement des soldats déserteurs qui participent ainsi de façon sournoise aux combats. Il est mis fin à leurs agissements sournois.

La population est anxieuse, elle a mauvaise conscience. Un poste d’observation de l’autre côté du fleuve a bien vu dans l’après-midi comment des femmes et enfants ont pris part aux combats, porté des munitions ou fait le guetteur. Des hommes jeunes, en bonne santé et en âge militaire, se défilent. Ils essaient de disparaître discrètement. Et soudain il y a de l’orage dans l’air et un véritable sabbat se déclenche !


La legende nazie des francs-tireurs "sournois" est permanente dans les recits allemands.
Une excellente analyse faite par un historien allemand :
L'adversaire imaginaire: "guerre des francs-tireurs" de l'armee allemande en Belgique en 1914 et de la Wehrmacht en Pologne en 1939, considerations compararives, Jochen Bohler, in Occupation et repression militaire allemande, 1939-1945, la politique de "maintien de l'ordre" en Europe occuppee, collectif, Editions Autrement, 2007

Re: ARRIVEE DES SOLDATS ALLEMANDS A FROUARD LE 19 JUIN 1940

Nouveau messagePosté: 04 Sep 2009, 14:24
de Bruno Roy-Henry
Les francs-tireurs ont toujours été un phantasme redouté dans l'armée allemande. L'exemple le plus extraordinaire fut à Louvain en août 1914. L'armée belge ayant fait une sortie du camp retranché d'Anvers, le bruit (lointain) des combats fait croire à une irruption de l'armée belge. Le soir tombant, des patrouilles allemandes se tirent dessus sans se distinguer. On relèvera une soixantaine de morts. Il n'en faut pas plus pour donner corps à la rumeur, des francs-tireurs attaquent ! Louvain est incendiée et la population civile massacrée. Les hommes principalement, mais des femmes furent violées et exécutées... Et le pillage, incessant !

A Frouard, on n'est pas loin d'assister au même phénomène. Possible que des soldats français aient combattu en bras de chemise... La capote est lourde à porter et trop chaude en ces heures de juin... Il n'en faut pas plus pour parler de francs-tireurs ! Quoique, on ne puisse exclure que quelques anciens poilus aient ramassé le berthier d'un soldat dégommé. Cela s'est vu, ici ou là...