De rien.
Dans les films, les généraux en question doivent trembler en principe devant des agents de l'Amt IV de la Sipo-SD, Amt IV C s'ils sont membres de la SS, en tout cas du parti nazi.
"Guerre des polices" ? Sans doute moins depuis la réunion de tous les services de la police allemande sous l’autorité de la SS, le regroupement en deux branches principales en 1936 et, progressivement, l’occupation des postes à responsabilités par des officiers et des sous-officiers formés et notés par la SS, mais certainement concurrence (souvent stimulante et parfois stérilisante) entre certains services, surtout entre le SD et la Sipo avant la création du RSHA en 1939 et ensuite, au sein de la Sipo-SD, entre Amt III (organisme du parti nazi) et Amt IV (institution de l’Etat allemand).
Cependant, sur le terrain, la situation était à la fois plus simple et plus complexe.
- Plus simple, car des hommes passaient fréquemment, au cours de leur carrière, d’une section à une autre.
Par exemple, Klaus Barbie a commencé sa "carrière" au service central du SD (organisme du parti) à Berlin, a reçu ensuite une formation d'enquêteur au quartier général de la police de l'Alexanderplatz (institution d’Etat), est passé par l'école du SD à Bernau, a été affecté, en 1940, dans le cadre de la Sipo-SD, à la section VI (au sommet, organisme du parti), puis finalement muté à la section IV (au sommet, institution d’Etat)…
- Plus simple encore, car des hommes se trouvaient souvent, pour une ou plusieurs missions, détachés en renfort auprès d’un autre service.
Par exemple, dans "l’affaire de Caluire" (arrestation de Jean Moulin), le fameux agent Robert Moog (K 30) avait été "prêté" par l’Abwehr de Dijon au KdS de Lyon…
- Plus complexe, car il existait aussi d’autres services indépendants, comme l’Abwehr, le service de renseignements de la Wehrmacht, jusqu’à ce qu’il soit placé également sous l’autorité de la SS en 1944. En France, il y avait trois sections Abwehr 1, 2, 3 : "Renseignement" (Kommando Baer, 120 et 130), "Sabotage" (Kommando 210 et 230), "Contre-espionnage" (Kommando 306, 307, 313 et 314).
- Plus complexe encore, car des unités spéciales pouvaient être envoyées par le Q.G., comme le Sonderkommando du "commissaire" (Ostuf.) Werth chargé de lutter contre l’Armée secrète dans la région de Lyon en 1943. Celui-ci devait collaborer avec le KdS de Lyon, mais dépendait directement du RSHA à Berlin.
Au fond, ce qui unissait les services de police sur le terrain, c’était le Höherer der SS und Polizeiführer ou HSSPf (haut responsable de la SS et chef de la police). En France, à partir de juin 1942, le HSSPf était le SS-Brigadeführer Karl Oberg. Dans le cadre de ses fonctions particulières, il exerçait un droit de surveillance sur la police française et pouvait même décider de son emploi en zone occupée.
Voici un bref résumé concernant cet important personnage dans la hiérarchie nazie.
En 1937, Himmler a décidé de confier la direction de chacun des dix-sept districts de la SS (Oberabschnitt ou Oa) en Allemagne à un haut responsable de la SS et chef de la police (Höherer der SS und Polizeiführer ou HSSPf).
Pendant la guerre, un HSSPf a été nommé dans chaque pays occupé (comme la France) ou, si le pays était subdivisé en districts (comme la Pologne), dans chacun de ceux-ci.
1° Fonctions du HSSPf :a) Fonctions générales. D'après les textes officiels, le HSSPf "est habilité à s'acquitter, dans son ressort, de toutes les tâches incombant au Reichsführer-SS, Chef der deutschen Polizei im Reichsministerium des Innern und Reichskommissar für die Festigung deutschen Volkstums" (chef suprême de la SS, chef de la police allemande au sein du ministère de l'Intérieur et commissaire du Reich pour la défense de la race allemande), en l'occurrence Himmler.
En particulier, le HSSPf est le représentant officiel de Himmler dans tout quartier général militaire territorial et au quartier général des commissaires du Reich pour les territoires occupés. Comme tel, il est le conseiller attitré pour les questions concernant la SS et la police auprès des représentants régionaux du Reich.
Dans son secteur, le HSSPf commande tous les services et toutes les unités de la SS et de la police, sauf celles qui ont été subordonnées au commandement de l'armée à titre permanent (comme les grandes unités de Waffen-SS) ou provisoire (pour des opérations précises). Toutefois, lorsqu'il existe un commandement territorial de la Waffen-SS (Befehlshaber der Waffen-SS ou Bfh.W-SS), toutes les unités SS sont placées sous son autorité.
b) Fonctions particulières.Dans certaines circonstances, le HSSPf peut se voir attribuer un commandement opérationnel, notamment pour lutter contre les partisans (SS und Polizei Führungsstab für Bandenbekamfung), mais aussi pour former des groupes de combat en cas d'urgence, lorsque, par exemple, son district se trouve directement menacé ou envahi.
De plus, le HSSPf peut également se voir attribuer certaines fonctions administratives dans certains cas spécifiques. Par exemple, le HSSPf de Prague occupait aussi le poste de secrétaire d'Etat de Bohème et Moravie (Staatsminister für Böhmen und Mähren) et agissait en tant que député du Protecteur du Reich dans ce secteur ; au sein du Gouvernement général de Pologne, un HSSPf occupait le poste de secrétaire d'Etat pour les questions de sécurité (Staatssekretar des Sicherheitswesens).
En outre, au fur et à mesure que les menaces s'accroissent pour l'Allemagne, de nouvelles responsabilités sont confiées au HSSPf, particulièrement dans les pays frontaliers. Ainsi peut-il assurer le commandement actif de toutes les organisations du Reich et du Parti (sauf l'organisation Todt) et les préparer aux tâches de combat défensif. En cas d'invasion de son district, il doit organiser le rassemblement de toutes les unités, incluant celles de la SS et de la police, pour les mettre à la disposition du commandement militaire.
2° Organisation du district :a) Afin de l'aider dans ses tâches, le HSSPf dispose de deux états-majors distincts : un pour la SS et un autre pour la police, lequel comprend notamment les deux officiers suivants :
- Inspekteur der Sipo und des SD ou IdSuSD : inspecteur de la police de sécurité (de l'Etat) et du service de sécurité (du Parti), en civil ;
- Inspekteur der Orpo ou IdO : inspecteur de la police d'ordre, en uniforme.
b) Dans les pays occupés, on distingue deux commandements :- Befehlshaber der Sipo und des SD ou BdSuSD ou BdS avec autorité sur les détachements régionaux (KdS) (comme le BdS du colonel SS Helmut Knochen pour la France à Paris et, par exemple, le KdS du lieutenant-colonel SS Werner Knab à Lyon, mentionnés supra) ;
- Befehlshaber der Orpo ou BdO avec autorité sur les détachements régionaux (KdO).